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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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27 février 2011

Chronique : Moriarty

 

Moriarty (+ JP Nataf + Giedré) au Bikini le 2 février 2011 (Festival Détours de chant)

 

Deuxième chronique que j'écris pour Mygmusique dispo ici ! (youpiiii)

 

Plus de deux ans après leur première date au Bikini, Moriarty est de retour à Toulouse dans le cadre du Festival Détours de chant. Une soirée inoubliable pour moi, qui ai découvert le groupe juste à temps pour assister au concert – timing louable puisque la date a fini par être complète (tout comme l'était la précédente).

Un concert de Moriarty, c'est très difficile à rendre, pour la bonne raison qu'on va de surprise en surprise...

La première de la soirée s'appelle GiedRé. Il s'agit d'une charmante jeune blondinette en robe, aux pommettes saillantes et au sourire enfantin... mais faussement innocent. Toute seule avec sa guitare, elle commence par une « chanson pour endormir les enfants » : la jolie histoire d'un homme qui se perd dans les bois, se voit proposer l'affection d'une prostituée (un travesti latino) pour finalement finir sodomisé contre un arbre. Les autres chansons sont tout aussi délicieusement politiquement incorrectes mais le public semble apprécier et même en redemander, à en juger par les nombreux éclats de rire et les applaudissements nourris. « L'amour » (ou plutôt le sexe (et particulièrement la sodomie, d'ailleurs)), les faits divers, le glauque, les tabous en général, sont des sujets de prédilection. L'humour est d'un cynisme tel que ça en frise le dérangeant, mais en tant que première partie, on peut dire que l'affaire a été rondement menée ! Voire peut-être trop bien menée.

En effet, face à JP Nataf, ex-Innocent, l'audience semble se refroidir et être déstabilisée par le contraste. Il faut préciser ici que la plupart des gens se sont manifestement déplacés pour Moriarty, ignorant ou ayant oublié le fait (moi la première) que, puisqu'il s'agit d'une date de festival, le second artiste occupe la scène nettement plus longtemps que ne le ferait une simple première partie. Voir la setlist se prolonger finit par impatienter les toulousains... Ce qui est dommage, car la qualité de la musique est indéniable. Des textes recherchés et poétiques (nettement plus lyriques que ceux de GiedRé), une voix apaisante, des mélodies planantes et harmonieuses, (et, en ce qui concerne Jean-Philippe lui-même, un look retro, vaguement lennonien sur les bords, qui vaut le détour !). Le tout fait voyager mais ne semble pas combler les attentes du public.

Lorsque Moriarty arrive (enfin !) sur scène, l'impatience est à son comble. Malgré quelques problèmes de son qui font qu'on n'entendra pas la voix du contrebassiste avant le second morceau – il faut dire que la diversité des instruments étalés sur la scène est pour le moins impressionnante ! Les réglages n'ont pas dû être évidents à faire... ! -, on sent que c'est un Bikini conquis qui s'est rassemblé ici pour Moriarty. Même si on ne connaît pas encore le nouvel album, le contact s'établit immédiatement : le silence se fait et on embarque aussitôt dans une ambiance country, portée par la voix suave si particulière de Rosemary.

Le dépaysement est aussi visuel : les looks décalés des différents artistes et la mise en scène théâtrale (originale, très précise et réussie) font qu'il est impossible de s'ennuyer, d'autant que certains musiciens passent d'un instrument à l'autre et que tous ne cessent d'intervenir (en français comme en anglais) auprès du public. Le guitariste (Arthur ; dont les bretelles, les chaussettes rouges et le chapeau évoquent les farfadets irlandais) n'attend pas plus de deux ou trois chansons pour remercier toute l'équipe du Bikini et les féliciter de la qualité de leur magret de canard, proposant alors le tout premier « slam d'assiette » de l'histoire de la musique – consistant à faire passer de main en main l'assiette jusqu'au bar situé au fond de la salle. Le slam sera d'ailleurs le leitmotiv de la soirée puisque, ayant renversé le thé de Rosemary, Thomas (harmonica) renverra la tasse vide via le public aux barmen. Ce sera d'ailleurs Thomas lui-même qui, pourtant apparemment pas très branché bain de foule, finira par se faire porter par les fans sur « Jimmy », titre phare du groupe.

Le morceau se révèlera d'ailleurs être le clou de la soirée : tout le monde semblait l'attendre de pied ferme et ne se fait pas prier pour fredonner les paroles avant même que la chanteuse ne s'avance vers le micro. Le résultat est pour le moins émouvant, pour le groupe, ravi, comme pour nous. Tout le monde est invité à claquer des doigts sur l'instance du batteur (résolument sympathique, ne serait-ce que pour sa salopette). Comme le public se voit reprocher de s'arrêter de chanter quand c'est au tour de la mélodie jouée à l'harmonica de rentrer en scène, un spectateur relève le défi de la siffler et se voit finalement invité à rejoindre le groupe en guise de substitution – épatant ! - ce qui autorise donc Thomas à se lancer pour son slam. En tout, la chanson sera jouée deux fois, voire trois, étant donné les nombreuses interruptions – ce qui ne déplût vraisemblablement à personne, au final. Le « vrai sens » des paroles nous sera d'ailleurs livré par Arthur : Jimmy serait en fait en train de planer... Rosemary semblant contester l'affirmation, je laisse tout un chacun libre d'interpréter la chanson comme il le souhaite.

Le public adhère sans aucun doute aux nouvelles chansons, très diverses ; elles vont d'un festif country et entraînant à la gravité solennelle (je pense en particulier à la chanson dédiée au plus jeune condamné à mort aux USA) - et les « classiques » sont accueillies avec chaleur : « Private Lily », « Cottonflower » (très réclamée)... « Isabella », présentée par Arthur comme leur nouveau « single » (avant qu'il ne s'embarque dans une brève parodie des émissions de musique diffusées sur les grandes chaînes) est elle aussi très bien reçue.

Il serait difficile pour moi de ne pas oublier de détails tant la soirée fut mouvementée ! J'ai notamment été très séduite par la mise en scène, soigneusement étudiée, qui rapproche nettement le groupe d'une troupe de théâtre, à la fois pour les costumes, la cohésion, l'ambiance (bien sûr) mais aussi le sérieux professionnel dont ils faisaient preuve à chaque fois qu'il s'agissait de commencer une nouvelle chanson.

Une belle harmonie entre les membres du groupe (la preuve, ils chantent le plus souvent groupés autour d'un même micro et n'ont même pas besoin de setlist), une complicité précieuse avec leur public, une mise en scène imaginative et une musique entre le country, le folk et le blues qui transporte dans un univers à la fois onirique, mélancolique et pourtant très vivant qui, une fois sur scène, dégage une énergie chaleureuse et met de très bonne humeur ! Il ne reste plus qu'à attendre la sortie de l'album – le groupe s'est apparemment décidé depuis la semaine dernière pour le titre Dark line in the middle of town – actuellement en cours de mixage.

 

PS : et non, c'est pas moi qui suis en retard, c'est le webmaster qui a tardé à publier mon article :p

Edit 2/04/2011 : le nouvel album s'intitule en fait The Missing Room et est en ligne sur Deezer et Spotify !

 

"Pisser Debout", GiedRé.

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"Plus de Sucre", J.P. Nataf, Plus de Sucre.

(conseil : ne regardez pas les images et écoutez juste la musique parce que les associations supposées poétiques texte/images frisent un peu le ridicule xD)

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"Viens me le dire", J.P. Nataf, Clair.

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"Jimmy", Moriarty, Gee whiz but this is a lonesome town.

(clip magnifique qui m'a permis de comprendre toute la profondeur des paroles, d'ailleurs...)

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"Cottonflower", Moriarty, Gee whiz but this is a lonesome town.

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"Isabella", Moriarty, The Missing Room.

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