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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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21 janvier 2013

"Notre parole", Valère Novarina.

L'extrait part d'une réflexion sur la télévision comme créatrice d'une parole qui n'est plus "parole" mais communication, basée sur un message de consommation et devenue objet elle-même plutôt que reflet d'une pensée.

 

"Il passe parfois dans ces vitrines du rien, dans ses fenêtres toutes grandes ouvertes sur notre fin, dans cette basse-cour de très grande criaillerie, il passe parfois sur cette scène où tout et chacun viennent se vendre, un homme dont la voix est tout autre. Tel cet homme, l'autre jour, qui nous revint après avoir été pour de bon réduit en marchandise et jusqu'au bout l'objet d'un marché. Un homme-objet, un homme échangé : l'otage Jean-Paul Kauffmann. Et cet otage, cet homme devenu une chose d'échange, nous rapportait de sa captivité comme un autre regard humain, une autre présence, d'autres mots. Contraste saisissant que d'entendre sur ce petit théâtre audiovisuel où il n'y a plus que le Veau d'or des choses et la communication entre nombrils qui soient vénérés, Jean-Paul Kauffmann nous dire avec douceur, avec beaucoup de silence, d'humilité, des choses très inattendues, très incongrues en ces lieux : que sa détention l'a mûri, qu'il a prié, et qu'il pense devoir à Dieu son retour. On souriait tout autour, un peu gênés par tant de simplicité... A nous, Occidentaux désenchantés et ricanants, à nous, athées névrotiques, Jean-Paul Kauffmann, le Revenant du Proche-Orient, rapporte la Bible, le livre où le nom d'Israël a été prononcé pour la première fois, à Peniël, au bord du Yabboq, il y a 3 762 ans. Il nous rapporte ce livre d'Orient, à nous Français positivistes et voltairiens encore éblouis par nos Lumières et qui ne voyons guère plus loin, à nous Européens américanisés, Européens d'Amnésie, qui nous refermons, qui nous rapetissons sur nos tristes frontières économiques, qui oublions que l'Europe ne s'est pas formée seulement au Club des Jacobins, à l'Athenaeum de Tübingen et à la Bourse de Londres, pas seulement à Athènes et à Berlin (comme le disent Heidegger et ses disciples), mais en accueillant l'Orient, en se tournant vers l'Asie et l'Afrique, en écoutant ces voix venues de Césarée, Alexandrie, Sfax, Damas, Hippone, Jérusalem... mais nous oublions... Toute la force vient des ancêtres, c'est ce qu'oublie toujours le Blanc.

 

Valère Novarina, Le théâtre des paroles.

 

 

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