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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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22 janvier 2011

Les cinq personnes que j'ai rencontrées là-haut, Mitch Albom.

Un roman que j'ai lu il y a déjà quelques années et qui m'est revenu à l'esprit récemment. Il est assez court, peut-être un peu simpliste aussi, mais au moins il va à l'essentiel au niveau du "message" (émouvant) qu'il veut faire passer.

C'est l'histoire d'un vieil homme, Eddie, qui meurt (dit comme ça c'est assez cru, mais je ne vois pas comment le dire autrement xD) et qui, une fois au paradis, rencontre cinq personnes. Celles-ci ont soit influé sur sa vie de façon directe ou indirecte, soit ont vu leur propre existence être altérée par celle d'Eddie. On s'en doute, ces cinq personnes ont pour mission de lui apprendre certaines leçons sur la vie et la sienne en particulier, ce qui lui permettra au final de reposer en paix. Au programme : la vérité, la compréhension, le pardon, l'amour et tout plein de bonnes choses du même genre ! Il faut préciser qu'Eddie pense avoir raté sa vie, coincé après son service militaire dans le même job ennuyeux qu'exerçait autrefois son paternel : réparateur de manèges à Ruby Pier (un parc d'attractions) et est de ce fait convaincu de ne pas avoir apporté grand-chose au reste du monde. Le but sera, bien sûr, de lui faire comprendre que chaque vie humaine possède une importance intrinsèque indéniable et que lui-même n'échappe pas à la règle... !

 

albom

 

Le passage que j'ai choisi est un extrait de "La deuxième leçon". Après "l'Homme Bleu", le second personnage qu'Eddie rencontre au ciel n'est autre que son ancien commandant lorsqu'il servait à la guerre - guerre qui est décrite évasivement mais dont on peut deviner qu'elle fait référence à celle du Vietnam (Mitch Albom est Américain et on sait à la fin que le conflit se déroulait en Asie...). Il vient de raconter (ou plutôt de "montrer") à Eddie sa propre mort : alors qu'il guidait sa troupe, transportant Eddie blessé à la jambe et en proie à la fièvre, il marche sur une mine.

 

"Oh, mon Dieu, oh, mon Dieu ! Je ne savais pas, mon Capitaine. C'est révoltant. C'est horrible !"
Le Capitaine hocha la tête puis détourna le regard. Les collines avaient retrouvé leur aspect dénudé, les ossements d'animaux et la nacelle en mille morceaux, ainsi que les restes incandescents du village. Eddie comprit que c'était là le cimetière du Capitaine. Pas de cercueil ni de funérailles. Juste son squelette en mille morceaux, et la terre boueuse.
"Vous avez attendu ici tout ce temps ? murmura Eddie.
- Le temps n'est pas ce que tu t'imagines, lui répondit le Capitaine en s'asseyant auprès de lui. La mort ? Ce n'est pas la fin de tout, contrairement à ce que l'on croit. Notre vie sur terre n'est jamais qu'un commencement."
Eddie semblait perdu.
"C'est un peu comme dans la Bible, le marché conclu avec Adam et Ève, lui expliqua le Capitaine. Lors de la première nuit d'Adam sur terre, il se couche pour dormir et, ignorant ce qu'est le sommeil, se dit que c'est terminé. Ses yeux se ferment et il pense qu'il va quitter ce monde, OK ?
"Sauf que ce n'est pas le cas. Il se réveille le lendemain matin et il a affaire à un monde tout neuf, avec en prime cet acquis supplémentaire qu'est le jour précédent."
Le Capitaine eut un large sourire.
"C'est la même chose ici, soldat. Voilà ce que représente le Ciel selon moi : un endroit où l'on peut tirer la leçon des jours précédents."
Il sortit son paquet de cigarettes en plastique et le tapota du doigt.
"Tu me suis ? Je n'ai jamais été très pédagogue."
Eddie le regarda attentivement. Il se l'était toujours imaginé bien plus âgé. Mais aujourd'hui, et alors qu'il était débarrassé d'une partie de la poussière de charbon, il se rendait compte que le visage du Capitaine était à peine ridé, et sa chevelure noire abondante. Il n'avait pas dû dépasser la trentaine.
"Vous êtes resté ici depuis votre mort, reprit Eddie, mais c'est deux fois plus long que votre vie !"
Le Capitaine acquiesça.
"Je t'attendais."
Eddie baissa les yeux.
"C'est ce que m'a dit l'Homme Bleu.
- Eh bien, lui aussi faisait partie de ta vie, de ce que tu as vécu et de la façon dont tu l'as vécu, partie de l'histoire qu'il te fallait connaître ; maintenant qu'il te l'a contée, il est loin d'ici et je le serai bientôt aussi. Alors écoute bien ce que tu as besoin que je t'apprenne."
Eddie sentit son dos se redresser.
"Un sacrifice, dit le Capitaine. Tu en as fait un. J'en ai fait un. On en fait tous. Sauf que le tien t'a rendu furieux. Tu n'as pas arrêté de penser à ce que tu avais perdu.
"Parce que tu n'as pas compris ; que se sacrifier fait partie intégrante de la vie. Il faut faire des sacrifices. On ne doit pas les regretter mais plutôt y aspirer, qu'ils soient petits ou qu'ils soient grands, que l'on soit une mère qui travaille pour payer des études à son fils, une fille qui revient chez ses parents pour s'occuper de son père malade.
"Ou un homme qui part à la guerre...
"[...] Je ne suis pas mort pour rien [...]. Cette nuit-là on aurait tous pu passer sur cette mine antipersonnel, et là on aurait été quatre à disparaître."
Eddie secoua la tête.
"Mais vous..." Il baissa la voix. "Vous avez perdu la vie."
Le Capitaine fit claquer sa langue.
"Nous y voilà. Parfois, quand on sacrifie quelque chose de précieux, on ne le perd pas vraiment. On se contente de le transmettre à quelqu'un d'autre."


Bon, je dois le reconnaître, tout ceci a un léger parfum de christianisme (ne serait-ce que par la référence à la Bible et la base même du bouquin qui présuppose un simili-paradis après la mort, avec pérennité de l'âme tout ça, tout ça), et le côté "être militaire, c'est bien, c'est grand, c'est noble, ça revient à se sacrifier pour son pays, sa nation, sa famille, ses amis blablabla" peut être considéré comme un peu dérangeant (ça l'est pour moi, en tout cas), il n'empêche que l'intrigue est loin de minimiser les conséquences de la guerre (blessé à la jambe, la vie d'Eddie ne sera plus jamais la même - d'où le "sacrifice") ou d'en faire l'éloge, au contraire, les descriptions concernant cette partie de la vie d'Eddie sont loin de présenter une image manichéenne du conflit et privilégient plutôt un certain réalisme, envisageant le conflit d'un point de vue très humain sans imposer de jugement, ni sur les causes défendues, ni sur les soldats, ni sur les ennemis... De toute façon, tout le livre s'appuie énormément sur les émotions (très pures donc d'autant plus intenses) et, par la simplicité de l'intrigue et du style, permet de donner une vision plus globale à travers le personnage d'Eddie sur le monde et la vie en général - ce qui, à mon sens, suscite un nouveau regard par rapport à la sienne propre. D'ailleurs, une des phrases de publicité pour ce livre disait : "Le roman qui réconcilie avec la vie !", et honnêtement, je trouve qu'il y a du vrai... ! ça diffuse de belles idées et souligne les bonnes valeurs traditionnelles qui, même si c'est de la redite, sonnent toujours agréablement à l'oreille - parce que, c'est beau, quand même ! Ce qui m'a amusé, c'est que j'ai retrouvé là-dedans certaines notions qu'on trouve dans le bouddhisme (oui, ça faisait trop longtemps que j'avais pas taggué "bouddhisme" dans un article qui n'a a priori rien à voir avec la choucroute :D), notamment celle de l'interdépendance (qui dit que tous les individus sont non seulement reliés entre eux mais aussi à leur environnement) et ça, ça m'a vachement plu - un peu comme toutes les notions bouddhistes :D.


PS : Je ne sais pas ce que donne le livre en VO, mais comme l'histoire est assez simple il y a des chances pour que ce soit abordable :)

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