Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
Publicité
Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
27 août 2012

Erasmus : le bordel pré-départ et autres démarches.

Maintenant que je suis rentrée d'Angleterre, que j'ai terminé mon carnet de voyage et que je n'ai pas envie de me mettre à travailler pour ma rentrée j'ai un peu de temps libre, j'ai envie de remettre un peu de vie sur ce blog en écrivant tous les articles que j'avais envie d'écrire pendant que je vivais mon Erasmus. Tant qu'à faire, j'aimerais aussi que mon expérience serve de témoignage à ceux qui aimeraient se lancer dans l'aventure à leur tour et que ceux qui en reviennent puissent s'amuser à se reconnaître dans ce que je vais décrire.

Je vais donc essayer de commencer par le commencement en précisant d'abord le fonctionnement de l'échange et toutes les démarches administratives et autres joyeusetés par lesquelles vous allez devoir passer afin de préparer votre départ en toute sérénité (ou pas, parce qu'un départ, c'est très rarement serein, de toute façon, surtout si ça implique un déménagement à l'étranger).

 

Erasmus, concrètement, c'est quoi ?

C'est un échange entre deux universités européennes qui permet à un étudiant d'aller valider une partie de son cursus universitaire dans un autre pays. Classiquement, les étudiants partent pour six ou neuf mois dans le cadre de leur troisième année de licence (L3) ou leur première année de master (M1) – ça dépend des universités cela dit, les départs en L2 ou en M2 sont aussi possibles selon les cas. Sachez que vous n'avez évidemment pas besoin de passer par Erasmus pour aller étudier à l'étranger mais que ça facilite quand même énormément les choses – surtout si vous ne voulez pas effectuer l'intégralité de vos études à l'étranger – car vous restez inscrit dans votre université : pas d'éventuel problème d'équivalence, les cours que vous validez dans votre université d'accueil rentreront dans le cadre de vos études françaises. Pas de frais d'inscription plus élevés que ceux que vous payez d'habitude non plus (ce qui est un plus quand on veut partir étudier en Angleterre, par exemple... !). Évidemment, Erasmus c'est tout de suite plus intéressant pour vous si vous êtes étudiant en langues vivantes pour le côté « immersion linguistique et culturelle » mais ces échanges ne sont bien heureusement pas réservés aux linguistes.

En ce qui me concerne – histoire que vous compreniez bien que, forcément, certaines choses se passent différemment selon la durée ou la destination de l'expérience – je suis donc partie neuf mois au Royaume-Uni, dans le Sud de l'Angleterre, à Reading, où j'ai validé ma troisième année de licence LLCE Anglais – que j'ai commencée à l'université du Mirail, à Toulouse.

 

En général, pour un départ à la rentrée de septembre on commence à préparer son dossier après les premières réunions d'information, qui ont lieu vers mi-février (enfin, c'est du moins comme ça que ça se passe dans ma fac qui n'est peut-être pas LE modèle de l'organisation, loin de là). On peut bien sûr commencer à se renseigner plus tôt en cherchant des infos sur le site internet de sa fac (la section des Relations Internationales, par exemple). Vous pourrez déjà y trouver des infos, et notamment la liste des destinations possibles – c'est-à-dire la liste des universités avec lesquelles l'accord a été signé – qui varient selon la discipline que vous étudiez. Rien ne vous empêche non plus de prendre contact avec le/la/les coordinateur/coordinatrice/s avant les premières réunions si jamais vous avez des questions particulières – moi par exemple j'ai voulu m'assurer que c'était compatible avec le fait de valider un double diplôme. A savoir que vous renseigner sur les conditions de départ en Erasmus avant même que ne soient prévues les premières réunions peut constituer un plus pour votre dossier dans la mesure où ça montre que vous êtes bien motivé...

 

Les réunions.

Il y a une réunion pour chaque département qui participe à l'échange (ou en théorie, du moins...). Non seulement ces réunions vous permettent de rencontrer les coordinateurs qui seront en charge de votre dossier mais on vous y donnera aussi toutes les informations concernant l'échange en général ainsi que des précisions sur chaque destination proposée. Il est d'autant plus important d'y assister qu'on vous y donne aussi la liste des pièces à fournir pour le dossier de candidature ainsi que les premières pièces du dossier en question.

Sont aussi souvent organisées des réunions avec d'anciens Erasmus qui vous feront part de leur expérience, de leur ressenti et à qui vous pouvez poser des questions et demander des conseils. Vous pouvez aussi vous adresser à l'association étudiante Erasmus de votre université – ceux qui organisent des activités et des rencontres avec les étudiants étrangers – la plupart du temps il s'agit d'élèves qui sont eux-mêmes partis à l'étranger ou qui ont du moins l'habitude des démarches à entreprendre pour partir. Pour toute question concernant les bourses, il vaut mieux s'adresser directement aux Relations Internationales une fois que votre dossier aura été accepté.

 

Le dossier.

Pour autant que je sache, la motivation compte nettement plus que les résultats. Ne faites pas l'erreur de déclarer forfait avant même d'avoir tenté votre chance ! Il arrive parfois que certains partenariats ne soient pas honorés par manque d'étudiants volontaires pour partir... alors n'hésitez pas à candidater, même si vous pensez que vous n'êtes « pas assez bons » pour être choisis !

La première étape avant de vous lancer dans la composition du dossier, c'est de choisir les universités pour lesquelles vous allez postuler.  Pour mon cas, j'avais dû sélectionner deux villes (classées par ordre de préférence) sur les neuf ou dix proposées. Le nombre de places par destination dépend de l'accord – ça peut aussi bien être une place comme une dizaine, selon les universités.

Si mes souvenirs sont exacts, les documents les plus importants à fournir pour le dossier sont la lettre de motivation d'une part et le contrat d'études provisoire d'autre part. Pour la lettre de motivation, le secret, c'est d'être vraiment motivé. Si vous partez dans le cadre de vos études de langues, on vous demandera peut-être d'écrire dans la langue du pays en question – le but étant de voir votre niveau par la même occasion. Je ne pense pas qu'il y ait de format type, il suffit de dire ce qui vous pousse à partir, ce que vous espérez retirer d'une telle expérience, ce qui vous attire en particulier dans la ville ou l'université que vous avez choisie – glissez au passage quelques infos que vous avez récupérées vous-même, ça fera bien de voir que vous vous êtes renseigné ! Si vous pouvez contacter des étudiants qui connaissent les villes qui vous intéressent, ça peut vous aider à faire votre choix – et s'ils sont comme moi, ils seront ravis de répondre à vos questions et chercheront à vous convaincre qu'Erasmus est la meilleure expérience au monde et que la ville où ils sont allés est la meilleure destination possible :).

Pour le contrat d'études provisoire, ça se complique un peu... D'abord, il faut savoir que le contrat d'étude provisoire, c'est les cours que vous choisissez dans le catalogue des cours ouverts aux Erasmus dans l'université qui vous accueillera l'année prochaine. N'oubliez pas qu'il ne s'agit que d'une ébauche et qu'il y a de fortes chances pour que vous ayez beaucoup de changements à faire une fois sur place, ou même avant votre départ. Ne vous prenez donc pas la tête outre mesure si vous hésitez entre plusieurs cours... En revanche, il est important de ne pas le bâcler non plus : on essaye de tester votre motivation et votre débrouillardise en voyant si vous êtes capables de chercher et de trouver les informations par vous-même. Histoire de voir si vous serez capables de vous débrouiller tout seul et de mener à bien votre inscription une fois largué dans le pays d'accueil. Vous vous dites sans doute qu'une fois que vous avez trouvé où les informations se trouvaient sur le site internet de l'université, le reste ne sera qu'une formalité... Et bien pas tant que ça. Parce qu'il faut garder à l'esprit plusieurs choses : puisque vous partez étudier ailleurs mais que vous êtes toujours inscrit dans votre université, il faut faire attention à choisir des cours qui correspondent (plus ou moins) aux cours que vous auriez suivis si vous étiez resté sur place. Exemple, si vous partez pour votre troisième année d'Anglais et que les cours de L3 dans votre université « d'envoi » (la vôtre, quoi) comportent des cours de traduction, d'histoire et de littérature, il faudrait essayer de trouver des cours de traduction, d'histoire et de littérature dans votre université d'accueil. Ça rend les choix plus complexes, mais comme les programmes de votre université d'accueil seront forcément différents de ceux qui sont proposés dans votre université, on ne vous prendra pas trop la tête avec les équivalences non plus... L'autre détail à prendre en compte, c'est le nombre de crédits (les fameux crédits européens ECTS) qu'on vous accorde pour chaque unité d'enseignement (UE) validée. A savoir qu'il est important de vérifier si les crédits que vous choisissez sont bien exprimés en ECTS – par exemple, à l'université de Reading, 10 crédits anglais équivalaient à 5 ECTS... d'où de possibles erreurs de calculs ! Car on vous demandera de choisir vos cours en respectant la limite – qui est de 60 ECTS pour les neuf mois de L3 – on demandera moins aussi bien pour les étudiants de niveau Master que pour ceux qui ne partent que pour six mois. De plus, si vous êtes capable de justifier vos choix auprès du coordinateur, ça passera encore mieux – par exemple, moi qui m'orientais davantage vers un master littérature, j'ai pris plus de cours de littérature que de cours d'histoire.

A joindre également au dossier, d'autres papiers plus bateaux – du genre copie de la carte étudiante, etc.

Sachez aussi qu'en fonction du nombre de personnes qui ont postulé pour la même ville que vous, vous êtes susceptibles de vous voir attribuer une autre destination moins « populaire » afin de répartir toutes les candidatures et d'honorer tous les partenariats.

 

Félicitations, vous êtes sélectionné !

Une fois que vous avez reçu votre réponse, vous aurez d'autres réunions – parfois avec les autres personnes qui ont été sélectionnées pour la même ville que vous (et avec qui il est sympa d'échanger ses coordonnées, histoire d'avoir quelqu'un avec qui échanger par rapport aux nouveaux papiers à recevoir, remplir, faire signer et renvoyer – un très bon moyen d'apprendre à connaître ceux que vous serez amenés à recroiser sur place, aussi... !). Parmi les nouvelles formalités, vous aurez à modifier votre contrat d'études en fonction des cours dans lesquels vous aurez été acceptés ou non. Ce contrat devra ensuite être signé dans votre université d'accueil, puis renvoyé à votre université pour être validé. Vous ne pourrez "en finir" avec ce papier qu'une fois que vous aurez vérifié qu'aucun cours ne se chevauche dans votre emploi du temps, donc inutile d'essayer de tout régler avant d'être arrivé à destination. Il vous faudra aussi signer et renvoyer divers papiers (qui se répètent un peu les uns les autres, d'ailleurs) comme quoi vous acceptez officiellement votre place. Vous devrez finaliser votre inscription dans l'université d'accueil via internet – c'est parfois dès ce moment-là qu'on peut postuler pour un logement universitaire, en fonction de l'organisation propre à l'université que vous avez choisie. Vous pourrez aussi demander plusieurs aides financières – je vous avouerai que je ne m'y connais pas beaucoup dans ce domaine car je n'avais demandé que la bourse Erasmus, qui est offerte à tous les étudiants qui partent à l'étranger, boursiers ou non. (C'est d'ailleurs la plus facile à obtenir car il suffit de cocher une case sur un papier et de fournir un RIB aux RI, haha...)

Parmi les dernières formalités, il faut bien sûr penser à son assurance maladie – les sécurités sociales étudiantes vous feront un topo à ce sujet vers la fin de l'année – afin d'être couvert, même à l'étranger. Il sera en effet avantageux pour vous d'être pris en charge par la sécurité sociale française par rapport à celle de l'autre pays (déjà parce que ce serait sans doute plus difficile à comprendre niveau organisation, déjà que la française n'est pas toujours un cadeau de ce côté-là, imaginez essayer de déchiffrer celle d'autres pays dans une autre langue... !). Attention aux petites lignes des contrats, donc...

N'oubliez pas de vous inscrire à votre fac, aussi ! La procédure ne changera pas par rapport à d'habitude, vous aurez même à choisir et à vous "inscrire" à des cours que vous ne suivrez pas, au final...

Je ne détaille pas davantage ces étapes-là car on vous remettra de toute façon un dossier récapitulatif vous expliquant toutes les dernières démarches à effectuer avant votre départ.

Une fois toute cette paperasse réglée, il ne vous restera plus qu'à réserver votre billet d'avion... !

 

Et afin d'avoir un petit aperçu de votre année à venir, vous pouvez regarder cette vidéo (très réussie et très parlante) d'un ancien Erasmus italien au Royaume-Uni :

 

"Sorry, I'm Erasmus!" by Giuseppe Turchiaro.

 (pour un avant-goût de cette AVENTURE extraordinaire !)

 

Publicité
Publicité
2 août 2012

L'auberge Espagnole, Cédric Klapisch - ou comment résumer une année Erasmus en moins de deux heures.

Comme vous l'aurez compris (parce que j'ai dû le répéter déjà moultes fois sur ce blog), cette année je suis partie en Erasmus au Royaume-Uni. Il y a énormément de choses que j'aurais à en dire (et que j'aimerais dire) mais pour l'instant, j'ai un peu de mal à m'y mettre... Sans doute parce que ça voudrait dire que c'est bel et bien fini. Certes, ce n'est pas parce que je ne finis pas mon carnet de voyage que l'expérience n'est pas déjà terminée (elle EST en effet déjà terminée étant donné que je suis rentrée d'Angleterre le 1e juillet). MAIS, de là à me considérer prête à en faire le bilan final, ce n'est pas tout à fait la même chose, psychologiquement parlant... Mais je parlerai de tout cela plus tard et en plus détaillé. Pour l'instant je vais me servir d'un film (génial) que j'ai déjà cité sur ce blog au moment de mon départ pour cadrer le résumé que j'aimerais écrire maintenant sur mon année Erasmus.

 

Il s'agit de L'auberge Espagnole, de Cédric Klapisch. Autant vous dire que tout étudiant se préparant à un séjour Erasmus ne peut décemment partir sans le voir – et encore moins si vous partez en Espagne – l'action se passe en effet à Barcelone. Klapisch étant l'un des réalisateurs français que je préfère, je me suis empressée de montrer le film à mes amies Erasmus lorsque j'étais encore en Angleterre et ça faisait plusieurs semaines que j'avais envie de le revoir pour voir comment ça faisait, avec le recul post-expérience. Sauf que, comme j'avais justement peur de fondre en larmes en même temps que le héros lorsqu'il rentre en France, je tournais un peu autour de mon DVD...

Ce qui m'a forcée à passer outre mon appréhension hier soir, c'est le fait que je rentrais moi-même de Barcelone et que j'avais bien envie de voir si j'arrivais à reconnaître certains lieux qui figurent dans le film. Bref, comme bien souvent, ma jauge "envie" a fini par dépasser ma jauge "peur" et me voilà de nouveau plongée dans ce film que je connaissais par coeur. Sauf qu'après avoir vécu ma propre expérience, j'ai apprécié mille fois plus ! J'ai trouvé le récit tellement proche (et pourtant tellement différent aussi) de ma propre expérience que j'ai eu envie de souligner les différentes parties qui le composent et qui, pour moi, sont comme des passages obligés de l'année Erasmus.

 

[Si jamais vous n'avez pas vu le film, je vous conseillerai de le visionner avant de lire la suite. Voire de regarder le film, de partir en Erasmus, puis de revenir lire cet article et de me dire ce que vous en pensez. Enfin, c'est juste une idée :D]

 

Le synopsis en trois mots : Xavier (Romain Duris – l'acteur fétiche (et génial) de Klapisch) est un jeune parisien qui étudie l'économie sans trop savoir pourquoi. Il espère décrocher un poste au Ministère de l'Economie pour lequel son père l'a pistonné. C'est pour cela qu'il décide de partir en Espagne pour neuf mois. Laissant derrière lui sa mère baba cool (Martine Demaret) et sa petite amie un peu difficile (Audrey Tautou), il embarque pour Barcelone. Une année riche en enseignements suprenants et inattendus s'annonce...

 

1 – Le dossier :

En premier lieu, il y a bien sûr la décision. On a envie de bouger, de voir du nouveau, de saisir cette occasion en or de pouvoir étudier dans un pays étranger. Et ce genre de choses ne se décide pas au dernier moment ne serait-ce que parce qu'il faut le temps de rassembler tous les papiers. On stresse un peu jusqu'à la réponse finale : votre dossier a été retenu, vous n'avez plus qu'à accepter la place qu'on vous offre dans l'université d'accueil – et à vous lancer dans les démarches administratives supplémentaires que cela entraîne.

 

ae_fig_1 

 

"Il a fallu que je me renseigne à ma fac sur les échanges universitaires européens. Ça s'appelle Erasmus. Et c'est un bordel innommable. [...] Pour m'inscrire à un DEA en Espagne, ça m'a pris trois mois." (5:41)

  ---------------------------------------------

 

2 – Le départ :

Tant qu'on est occupé à préparer tout ça, on n'a pas trop le temps de penser à ce que le départ entraînera – ou du moins on se focalise plutôt sur le positif, l'excitation. On est content de partir... et puis plus le jour décisif se rapproche et plus on a des doutes. On ne peut rien anticiper pour la bonne raison qu'on ne connaît pas encore les lieux, qu'on sait bien que ça dépendra des rencontres qu'on fera... Alors en attendant, on ronge son frein et on stresse un peu plus – finalisation des papiers, dernières réunions et enfin, les valises (grand moment de plaisir) et l'aéroport. Et alors, au moment de décoller... Au moment de décoller on se rend compte qu'on laisse derrière soi tout son petit monde, les gens qui vous aiment, la vie que vous vous êtes créée et dont le confort familier vous semble bien agréable et rassurant, tout d'un coup... On se demande pourquoi on part finalement. On se doute qu'on ne regrettera pas sa décision, mais on se pose quand même des questions : Est-ce que je ne fais pas une erreur ? Est-ce que je suis en train de tout casser ? Mes relations avec mes proches resteront-elles les mêmes ? Ce genre de choses... et on ressemble un peu à ça :

 

ae_fig_2

 

"Je vous ai vu pleurer dans l'avion... Vous aviez l'air tellement triste, ça m'a rendue triste aussi." "Ben oui... on se dit qu'on est content de partir, qu'on est fort... et puis une fois en l'air, moi j'savais plus trop... C'est pas facile de partir comme ça j'trouve. On laisse plein de trucs derrière, on sait pas trop où on va." (21:36)

  ---------------------------------------------

 

3 – L'installation :

Et puis après, on est lancé, alors on n'a pas le choix. Il y a de toute façon tellement de choses à faire une fois sur place qu'on n'a pas franchement le temps de réfléchir à ce qu'on vient de faire. L'excitation revient aussi, car on a tout à découvrir. On commence déjà à rencontrer les premières personnes qui feront partie de notre expérience (pour Xavier, ce sera le couple Jean-Michel et Anne-Sophie à l'aéroport). Mais c'est quand même bizarre d'être là. Pour être honnête, on ne comprend pas trop ce qu'on fiche ici. La seule raison qui fait qu'on se retrouve là, dans un environnement vierge dans lequel on n'a aucun repère et aucun souvenir, dans cette nouvelle vie qu'on se construit petit à petit et au jour le jour, c'est cette décision soudain très lointaine, abstraite et incompréhensible – le fameux jour où vous avez demandé à remplir un dossier.

 

ae_fig_3 

 

"Quand on arrive dans une ville on voit des rues en perspective, des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. [...] plus tard on aura habité cette ville, on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l'aura pris dix, vingt, mille fois. [...] Au bout d'un moment, tout ça vous appartient parce qu'on y a vécu. C'est ce qui allait m'arriver, et je le savais pas encore." (13:34)

  ---------------------------------------------

 

Ensuite, ça devient un peu difficile de garder une chronologie type...

Mais il y a le nouveau chez-soi,

 

ae_fig_6

 

les cours (avec les difficultés que cela entraîne niveau compréhension, exigences, fonctionnement.. Dans le film, cela est bien représenté par le fait qu'un des professeurs donne son cours exclusivement en catalan),

 

ae_fig_5

 

les nouvelles rencontres,

 

ae_fig_4

 

les nouveaux repères...

 

ae_fig_n

 

Et tout ça varie selon sa propre expérience, bien entendu.

---------------------------------------------

Mais il reste selon moi certains moments "obligés" (et pas toujours agréables) qui font partie de l'éxpérience :

 

4 - Tomber malade :

Même un rhume tout con peut soudain vous faire paniquer un peu... Non seulement parce que vous ne connaissez pas forcément suffisamment bien les gens qui vous entourent pour leur demander de vous prendre les cours ou de vous apporter des médocs si vous avez quarante de fièvre mais aussi parce que, d'un coup, vous vous rendez compte qu'il va vous falloir aller chez un médecin qui ne parlera pas votre langue natale et que, d'ailleurs, ça ne fonctionne peut-être pas du tout pareil que chez vous. D'un coup vous vous reprochez de ne pas avoir prêté plus attention aux discours des gens de l'assurance maladie, de ne pas avoir lu les petites lignes des contrats de votre mutuelle... Vous pouvez visualiser avec précision dans votre tête le médicament qui vous soigne à tous les coups et que vous avez toujours dans votre pharmacie mais que, si ça se trouve n'existe même pas dans le pays où vous vous trouvez (ou possède un nom qui est juste imprononçable et/ou que vous ne connaissez même pas). En dehors des nombreuses crèves répétitives que j'ai chopées (météo anglaise oblige), j'ai aussi innové en peu en chontractant une conjonctivite... mais ce n'est qu'un exemple, à vous de faire mieux :D ! Xavier, lui, finit par tomber malade parce qu'il n'arrive pas à dormir – ce qui me mène d'ailleurs au passage obligé suivant.

 

ae_fig_7

 

"J'crois que ça va mal. Je dors plus, j'suis déprimé, j'sais pas si c'est normal..." (1:28:00)

  ---------------------------------------------

 

5 - Le n'importe quoi :

 

Parce qu'Erasmus est un truc qui se vit une fois, qu'on rencontre beaucoup de nouveaux gens dans un nouvel environnement, qu'on essaye en permanence de nouvelles choses et qu'on dépasse ses limites, on en vient à faire des choses qu'on n'aurait jamais cru faire un jour ou qu'on n'aurait jamais faites "avant". Alors on se perd un peu, on n'est plus trop sûr de qui on est... On a perdu ses habitudes pour en prendre de nouvelles et on finit par se demander si on est toujours la même personne. L'impression est d'ailleurs encore pire quand on retourne chez soi pour les vacances. On ressemble alors un peu à ça :

 

ae_fig_8

 

Heureusement, bien souvent, on reste pris dans son quotidien à cent à l'heure et on est trop occupé à en profiter au max pour vraiment s'en soucier. Et les occasions d'en profiter ne manquent pas... !

  ---------------------------------------------

 

6 – Les soirées :

On entend en effet beaucoup parler des "soirées Erasmus"... et pour cause ! De rencontre en rencontre (parce que Machin connaît Machin qui est en cours avec Machine et qui, d'ailleurs, habite avec Machin, etc), on finit par connaître un peu tous les autres étudiants internationaux. Et c'est souvent les mêmes qu'on retrouve à toutes les soirées, qu'elles soient organisées "officiellement" par l'association Erasmus de la fac comme lancées à la râche par un message collectif facebook vingt minutes avant l'heure de rendez-vous. Alors on finit par se sentir proche les uns des autres et à s'apprécier sans se connaître plus que ça, surtout au début, simplement parce qu'on vit tous un peu la même chose au même moment. Et là, je dois avouer qu'on ressemble souvent à ça :

 

ae_fig_9

 

Bien sûr, Erasmsus ne se résume (heureusement) pas en soirées qui finissent comme ça :

  ae_fig_10

 

Non, il y a aussi les repas, les soirées DVD, les voyages entre amis et les longues discussions sur les différences entre les pays... (je suis convaincainte là, c'est bon ?)

 

  ---------------------------------------------

7 – Le retour :

Et puis, très vite, sans qu'on s'en rende compte, il faut déjà faire face aux préparatifs du retour (je sais, c'est déprimant). Alors c'est un peu le même bordel que pour le départ, en sens inverse et en un peu pire. D'une part parce que vous avez maintenant le double d'affaires à trier et à éventuellement ramener chez vous et qu'il faut néanmoins réussir à faire tenir dans les mêmes valises (voire la même valise), mais surtout parce que, contrairement à lorsque vous êtes parti de chez vous la première fois, vous savez cette fois-ci que ce voyage sera "sans retour". Je ne veux pas faire dans le dramatique – même si ça l'est un peu, surtout quand on le vit soi-même - mais on ne peut pas s'empêcher de se dire que, même si on revient habiter à l'endroit où on a vécu en tant qu'Erasmus, ce ne sera plus du tout pareil puisque l'ambiance et les gens qu'on y a connus n'y seront plus. C'est donc là que commence à arriver la "dépression post-Erasmus". On n'arrive pas à dire au revoir – on ne sait pas trop quoi dire d'ailleurs. On ne réalise pas que c'est fini. On fait la liste de tous les trucs qu'on aurait voulu faire et qu'on a pas eu le temps de faire parce qu'on était trop occupé... Et là on ressemble à ça :

 

ae_fig_11

 

"Voilà, j'allais partir le lendemain. On avait tous décidé d'aller dans un bar à côté pour se dire au revoir. Moi j'me sentais pas prêt. ... J-j'avais pas fini de faire mes bagages." (1:40:00)

  ---------------------------------------------

 

8 – Le post-Erasmus :

Et puis après on est rentré. On reprend les mêmes habitudes qu'avant, c'est un peu comme si on n'était jamais parti. On ne sait pas trop quoi raconter à propos de son année quand on nous demande "Alors, c'était comment ?". On trouve que tout a l'air bizarre (super FRANCAIS, par exemple). On a même du mal à reconnaître sa langue maternelle quand elle est parlée dans la rue. On se demande ce qu'on fout ici alors même qu'on venait juste de trouver sa place ailleurs, dans un autre pays. Et pourtant, ça paraît normal d'être rentré. Quelque part, on est content. Mais on se sent différent, on a un peu de mal à faire le point, le lien. Et alors, on ressemble à ça :

 

ae_fig_12

 

"Je me suis retrouvé dans les rues de Paris où les Parisiens vont jamais. J'étais un étranger parmi les étrangers. Pourquoi j'étais là je savais pas. J'ai en général jamais su pourquoi j'étais là où j'étais." (1:48:00)

   ---------------------------------------------

 

Et ce qui est trop bon quand on regarde L'Auberge Espagnole c'est qu'on se sent entièrement compris et qu'on peut rire de soi-même à travers les états d'âme de Xavier parce qu'on s'y reconnaît trop bien.

Le film met l'accent sur des détails qui rendent l'histoire encore plus vivante : les photos qui ornent la chambre, les étagères étiquetées du frigidaire, les fautes de langue toutes bêtes qu'on a du mal à éviter au quotidien parce qu'on n'a pas le temps de préparer les phrases dans la tête, le jonglage constant entre deux langues (parfois dans une même phrase – parce que des fois on se rend compte trop tard qu'il nous manque un mot pour continuer sa phrase), les visites de la famille et des amis, les habitudes qu'on laisse et qu'on reprend comme si de rien n'était (Xavier qui met le couvert chez sa mère), les leçons imprévues du séjour (Martine, la petite amie de Xavier, qui n'était sans doute pas la bonne pour lui), les occasions manquées (Neus la mignonne petite Espagnole que Xavier ne découvre vraiment qu'à la fin)... Ce sont tous ces petits détails que j'avais zappés jusque-là qui ont fait écho en moi lorsque j'ai re-regardé le film hier. La plus belle leçon reste que, évidemment, Xavier renonce à sa vague ambition première d'entrer au ministère de l'économie pour embrasser la voie dont il rêvait quand il était petit. L'Espagne lui a apporté bien plus qu'une ligne de plus sur son CV. Après s'être dépassé, il a maintenant le courage de suivre son rêve de toujours, qui est d'écrire – même si, dans l'immédiat, ça le fait ressembler à ça :

 

ae_fig_13 

 

Et là aussi, je me retrouve tout particulièrement dans cette histoire puisqu'en septembre, j'ai la chance de rentrer dans le cursus professionnel que je voulais et qui se trouve être le même que celui de Xavier.

"Je choisis un avenir sans débouché. Je vais faire tout ce que j'ai toujours voulu faire – tout paraît clair, simple, limpide à présent. Je vais écrire." (1:51:00)

 

ae_fig_14

 

"J'suis français, espagnol, anglais, danois. J'suis pas un mais plusieurs. J'suis comme l'Europe, j'suis tout ça. J'suis un vrai bordel. J'peux enfin commencer à tout vous raconter. Tout a commencé là, quand mon avion a décollé. Non, non, c'est pas une histoire d'avion qui décolle, c'est pas une histoire de décollage... Après tout si, c'est une histoire de décollage." (1:53:00)

 ---------------------------------------------

Et pour clôturer, une chanson de Radiohead que Klapisch a l'air de beaucoup aimer vu le nombre de fois qu'il l'utilise dans le film - ce dont je peux uniquement le féliciter :

 "No Surprises", RadioheadOK Computer.

 

Publicité