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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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4 avril 2012

Easter Break (ou comment pondre un article super long à une heure tout à fait normale après une très longue période de silence)

Autant j'avais décidé de ne pas faire la fine bouche et de rentrer pour tout le mois de vacances que l'université de Reading m'avait gracieusement octroyé pour les vacances de Noël, autant j'ai décidé de ne pas en faire autant pour les vacances d'Avril. Parce que quand même, quand on y pense, une année Erasmus, ça dure déjà que neuf mois, ce qui se révèle très vite être une durée assez courte... Alors si on commence en plus à virer deux autres mois complets, on se retrouve plus qu'avec sept mois - ce qui finit par friser le ridicule quand on pense à toutes les choses qu'on aimerait faire tant qu'on est là-bas. Quand on a la chance de pouvoir vivre à l'étranger pour une durée déterminée, autant en profiter au max !

Tout ça pour dire que j'ai donc résolu de rentrer en France pour une dizaine de jours seulement, en mode warrior - c'est-à-dire avec un seul petit sac-à-dos en guise de bagage. (Pour être honnête, c'est un peu plus en mode SDF qu'en mode warrior que je débarque puisque je vais en fait aller de squattage en squattage dans différentes villes chez différents amis... mais bon, "warrior", ça fait un peu plus classe que "hobo", tout de même...)

Sauf que, voilà, je n'étais apparemment pas la seule à vouloir m'envoler pour la France sur cette période-là - Pâques oblige. (Autrement dit, je me suis un peu étouffée sur les prix Easyjet Gatwick-Toulouse.) Ce qui m'a conduite à pousser l'expérimentation un peu plus loin en bouclant une réservation Ryanair Stansted-Bergerac. Non, non, vous ne rêvez pas, je parle bien d'une communication directe Londres-Bergerac. A chaque fois que je me renseignais sur les vols sur le site de cette sympathique compagnie low-cost bleue et jaune et que je commençais à taper "BER" dans la case "destination", j'avais le choix entre "Milan-Bergamo" ou "Bergerac". Après moultes hésitations, je cliquais toujours résolument sur Bergerac. Parce que, tout de même, qui voudrait aller à Milan quand on peut aussi choisir Bergerac JE VOUS LE DEMANDE.

Ayant résolu de faire un crochet par Bordeaux avant de répondre à l'appel du manque de cochon d'Inde et d'attrait pour la cambrousse natale, je planifiai gentiment mon trajet et séjour bien à l'avance - c'est-à-dire la veille au soir de mon départ avant de m'occuper de mon sac - pour me rendre compte avec délices que 1) l'aéroport était à 15 minutes en voiture du centre-ville ; 2) il n'y avait aucune navette jusqu'au dit centre-ville, uniquement des taxis et une agence de location automobile (lol) ; 3) si je me loupais le train de 18h55, j'étais dans la merde puisqu'il n'y en avait pas d'autre avant 5h du matin le lendemain. Autrement dit, j'adorais déjà Bergerac. En bonne bobo vivant à une demi-heure de Londres, je dois avouer que j'avais du mal à me confronter d'un coup aux contraintes spéciales bled paumé en si peu de temps. Ce n'était plus "In (fucking) Bruges" mais "in fucking Bergerac". Et je n'étais même pas encore dans l'avion.

Au final, j'étais plutôt bien contente d'y arriver, à Bergerac, parce que j'avais judicieusement choisi de rentrer en France le jour-même où des mouvements de grève se déclaraient dans les aéroports (Good old France!). En voyant la tête que tiraient les gens qui étaient supposés embarquer pour Biarritz ou autres et qui rebroussaient à présent chemin vers l'entrée de l'aéroport, je me suis dit que je n'étais pas tellement à plaindre... Mais là où Bergerac l'a vraiment made it up to me c'est au moment de l'arrivée. Le contrôle des douanes était juste trop drôle tellement on se serait cru dans un hangar. Un hangar dans lequel on aurait calé un (notez le singulier) contrôle douanier affublé d'une de ces ridicules files d'attente au rendement spatial optimal dans laquelle s'agglutinaient sagement un bon tas de Britanniques au stoïcisme admirable - vivant en Angleterre, je suis bien placée pour savoir que les Anglais voient suffisamment de choses absurdes au quotidien pour ne pas se formaliser d'un pareil accueil mais tout de même, j'avais bien l'impression d'être la seule à me retenir de rire dans ce qui était supposé être un terminal international et qui ressemblait davantage à un local d'élevage en batterie qu'à un aérogare.

Même si ça ne m'aurait vraisemblablement pris que cinq minutes sur mon programme (lol bis), j'ai préféré reléguer ma visite de l'aéroport dans son ensemble à mon retour et ai tâché de repérer immédiatement le signe des taxis - pas facile avec le soleil dans les yeux... Good old France! En guise de taxis : deux véhicules garés dans un coin avec les portières grandes ouvertes et entre les deux, les chauffeurs plongés en grande conversation. Résolument sympathique mais pas stressée pour un sou, la madame chauffeur entreprit de placer mon pauvre Eastpak turquoise dans l'énorme coffre de sa voiture genre Espace et m'invita chaleureusement à m'installer pendant qu'elle terminait sa conversation. Ce flegmatisme faisait tellement office de "Bienvenue dans le Sud-Ouest de la France, j'espère que vous n'êtes pas pressés, prenez-donc un verre de tariquet bien frais" que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Mon sourire ne fit que s'élargir alors que j'entamai une discussion détendue avec la petite madame ("A quelle heure est votre train ? ... Oh ! on aurait le temps d'y aller trois fois !") sur les thèmes traditionnels de la météo, de la climatisation, des Anglais et/ou de l'Angleterre, de la campagne, de l'aéroport minuscule... d'autant que, en embrassant du regard la vue pittoresque que j'avais sur la rivière, les églises et maisons de campagnes, le tout baigné d'un beau soleil doré, je crois avoir enfin compris le charme qui entoure ma région d'origine. Le mythique "Sud della Francia" au cachet international... La preuve de cette légende, quelques jours avant les vacances, alors que je préparais mon oral d'Italien (oui parce que j'ai décidé de reprendre des cours d'Italien en Angleterre, logique...), je vérifiais comment on disait sud en Italien dans un dictionnaire Anglais-Italien - histoire de pouvoir dire que j'étais una studentessa francese du Sud de la France - quand je suis carrément tombée sur l'expression "il Sud della Francia" dans l'entrée "Sud"... ce qui n'a pas été sans me suprendre parce que, autant je pouvais comprendre que les Anglais puissent fantasmer sur le climat du coin, autant je n'aurais pas cru que les Italiens avaient quelque chose à nous envier à ce niveau-là... et pourtant, here it was, écrit noir sur blanc, comme si c'était une notion hyper importante associée au mot Sud qu'on était susceptible d'employer a lot. Comme quoi il n'y avait pas que le climat qui était en jeu, là-dedans, mais quelque chose d'autre, une sorte d'aura, peut-être... Marrant quand même... ! Tout ça pour dire que, la cambrousse, ça a quand même du bon. C'est rigolo - pour peu qu'on s'y enterre pas - et puis c'est drôlement beau, relaxant tout ça tout ça...

Une fois arrivée à la gare et acheté mon billet, je me mis en quête de toilettes (je sais, ma vie est trop géniale) - et, le hall étant constitué de deux guichets, d'une borne automatique, de deux commerces (fermés) et de zéro signe indicatif, l'affaire n'était pas si aisée que ça. Je finis par les trouver dans un coin du quai A et restai plantée piteusement devant la porte en fouillant dans mon porte-monnaie à la recherche de deux malheureuses pièces de 20 centimes que je n'avais pas. Comme non seulement je n'avais pas l'air très fine à fixer tristement la pancarte expliquant qu'on ne me rendrait pas la monnaie une fois que j'aurai inséré mes pièces, mais qu'en plus un type (sur les trois personnes qui se tenaient sur le quai) me reluquait de façon peu sympathique (argh, good old France...) à quelques mètres de là, je décidai de profiter de mon temps libre pour aller dans un des bars en face de la gare (ou comment finir par payer 3€ au lieu de 40c pour aller pisser)

Je rentrai donc dans le bar/brasserie qui me paraissait le plus susceptible de proposer des brownies (la traversée de la Manche ça creuse)... pour vite comprendre que je pouvais oublier mes envies de chocolat. Non seulement l'endroit était désert mais il ne présentait en plus de cela aucune vitrine à desserts. Dommage. Un black qui devait avoir la quarantaine sortit du fond du bistrot et se figea net en me voyant, clignant des yeux comme s'il était ébloui par la lumière extérieure. "Heu... un jus d'orange, c'est possible ?" "Mais bien sûr !" s'exclama-t-il avant de s'emballer et de me proposer, plutôt, un jus de goyave ("non, pas goyave parce que j'en ai plus") ou de mangue parce que, quand même, l'orange, c'était "fade", comme jus. Me laissant convaincre, je m'empressai de faire un tour aux toilettes avant de m'installer au bar pour siroter le verre frais qu'il venait de me servir. Le sympathique barman m'engagea alors la causette, m'expliquant que je lui avais presque fait peur parce que j'étais décidément bien jolie, avec mon grand sourire et mon chapeau - "ah, heu, merci... !" - et me demandant d'où je venais puisque, comme il connaissait "toutes les jolies filles de Bergerac", il était certain que je n'étais pas de la région. Comme je lui expliquais d'où je venais et pourquoi je revenais d'Angleterre, il s'enthousiasma : "Ah ! j'étais sûr que tu étais une intellectuelle, j'ai pu le sentir dès que tu es rentrée ici !" "Ah bon ?" "Oui bien sûr ! Tu dégages quelque chose de différent, on sent que tu es plus... comment dire, intéressante." "Ah heu, hé bien, c'est gentil, merci..." "Dès que je t'ai vue, je me suis dit "Ah, celle-là, c'est une fille comme tu les aimes"." "Haha, vraiment..." "Oui bien sûr ! Tu as cette aisance, cette attitude qui dit "le monde m'appartient"..."

Sur le coup, j'avoue que j'ai tiqué en entendant ça, parce que je me sens en effet beaucoup plus sûre de moi avec toutes les aventures que j'ai vécues depuis le début de l'année (et même bien avant, avec tout le chemin que j'ai parcouru dans ma petite vie)... Je n'avais pas besoin qu'un barman dragouillard me le dise pour réaliser que j'avais pris de l'assurance et que j'étais devenue bien débrouillarde, au final, mais il n'empêche que ça fait toujours bizarre d'avoir une confirmation extérieure de ce que que l'on ressent (ou que l'on aimerait bien croire - surtout deux jours après une crise existentielle du genre "que fais-je, où vais-je ?" à laquelle on n'a pas franchement trouvé de réponse). Je me sentais d'autant plus à l'aise que le type est resté tout à fait charmant et professionnel (au contraire du reluqueur du quai de la gare, par exemple) et que je me suis également dit que, il n'y a pas si longtemps de ça, ses compliments m'auraient sans doute mise très mal à l'aise. Au lieu de ça, on a discuté un peu de sa vie, des voyages, de sa "timidité" (lol ter), de son business, du groupe qui jouerait là prochainement... J'ai promis de repasser la prochaine fois pour dire bonjour si j'avais du temps, mais qu'en attendant, je préférais y aller pour ne pas me louper mon TER - qui grinçait tellement qu'à plusieurs reprises je me suis demandée si quelqu'un jouait de la flûte péruvienne dans un coin ou si c'était juste moi qui hallucinais.

 

Bref, je suis rentrée en France pour les vacances.



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Commentaires
L
Coupons la poire en deux : je m'occupe des crêpes et toi des gâteaux ! :D
M
Ouiiiiiiiiiii, il me tarde bien :D Mais j'aurais préféré que tu précises "autour d'une pile impressionnante de crêpes préparées par mes moins" :p
L
Ah, Ryanair pour London-Stansted ! Figure-toi que Ryanair est la SEULE compagnie aérienne à desservir l'aéroport de Dinard-Pleurtuit (le vrai nom de l'aéroport de St Malo ^^) (enfin, si on excepte la présence d'Aurigny, qui dessert les Îles Anglo-Normandes) (donc, en gros, Dinard-Pleurtuit est un aéroport EXCLUSIVEMENT international, si ça c'est pas la classe...) (tiens, c'est marrant : d'habitude j'emboîte les parenthèses ; je ne sais pas pourquoi cette fois-ci je les juxtapose, mais ça me semble pourtant plus logique dans ce contexte), auquel ta description de celui de Bergerac pourrait très bien s'appliquer.<br /> <br /> Le paragraphe narrant ta rencontre dans le bar m'a fait éclater de rire !<br /> <br /> Et pour (re)devenir sérieux, ta réflexion sur la façon dont les "terres natales" révèlent leur valeur après un exil prolongé fait écho en moi. On en discutera autour d'un gâteau anglais préparé par tes soins, si tu es d'accord ! :)
E
fascinating !<br /> <br /> hélas, même "castle" ne renvoie pas à "burgundy", sauf peut-être "senf", alias "mustard"
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