Les Noces Rebelles, Richard Yates
J'ai découvert Revolutionary Road (ou Les Noces Rebelles en français, mais j'avoue ne pas beaucoup aimer la traduction, un peu fade à mon goût...) via l'adaptation cinématographique récente de Sam Mendès, avec Kate Winslet et Leonardo Dicaprio. Comme American Beauty (un de mes films préférés, aussi dirigé par Sam Mendès, qui est, pour la petite histoire, aussi l'ex mari de Kate Winslet - qui se trouve également être mon actrice favorite... mais bon, on s'en fiche total !), ce film aborde l'envers du rêve américain. Je le vois un peu comme le pendant tragique d'American Beauty, qui, lui, rajoute pas mal d'humour à la critique. Ici, l'ambiance est assez tendue - d'ailleurs, la première fois que je l'ai vu au ciné avec ma coloc', on avait été vaguement perturbées xD - d'autant plus que les acteurs sont vraiment très très bons, ce qui rajoute énormément d'intensité au scénario. Le film m'avait beaucoup plu, on sentait qu'il y avait une véritable réflexion sur les vies bien rangées des banlieues américaines dans l'œuvre d'origine, ce qui m'a donné envie de lire le bouquin de Yates.
L'histoire raconte, en gros, l'histoire d'un couple (qui se voudrait) pas comme les autres, April et Frank Wheeler, dans les années 50, leurs espoirs, leurs rêves et leurs désillusions - le bouquin a été publié en 61, je précise. Ce qu'apporte le livre par rapport au roman, ce sont les flash-backs qui étoffent les divers personnages de l'histoire. Le film a bien sûr zappé des scènes et des développements qui n'étaient pas indispensables à la compréhension de l'intrigue, mais reste vraiment une super adaptation, très fidèle - et pourtant, je suis vraiment chiante concernant les adaptations de livres à l'écran, j'ai toujours tendance à préférer le bouquin - qui prouve que l'histoire a été manifestement bien comprise des acteurs comme du réalisateur (non pas que je prétende avoir tout compris moi-même au bouquin comme au film, hein xD). Juste pour l'info, c'est apparemment Kate Winslet qui a insisté pour la réalisation de ce film et pour avoir Dicaprio comme partenaire, parce qu'elle avait énormément apprécié le bouquin.
Dernière remarque : pour les amateurs de VO, il est vraiment abordable dans la langue originale et donne un super aperçu de l'Américain et de ses tournures parlées, d'où une une grande puissance des dialogues et monologues intérieurs.
Le passage que j'ai choisi de retaper ici est tiré du 3e chapitre de la troisième partie et se révèle tout particulièrement intéressant dans le sens où c'est la première fois que l'auteur dévoile les pensées de son héroïne, April Wheeler. Jusque là, le regard était surtout masculin, notamment via le personnage de Frank.
April et Frank sont sortis dans un bar dansant avec un couple d'amis, les Campbells. April reste silencieuse pendant que les autres s'amusent. Frank finit par raccompagner Milly, nauséeuse, chez elle, pendant que Shep et April restent au bar en attendant que la voiture de Shep, coincée par d'autres voitures garées de part et d'autre de la sienne, soit libérée. Ah, oui, et aussi, Shep est secrètement amoureux d'April xD.
PS : désolée si mes tournures de phrases sont un peu pompeuses dans cet "article", période de partiels oblige, j'ai pris le pli du blabla élaboré :D
Her voice wasn't flat any more. “I still felt – I don't know.”
“You still felt that life was passing you by?”
“Sort of. I still had this idea that there was a whole world of marvellous golden people somewhere, as far ahead of me as the seniors at Rye when I was in sixth grade; people who knew everything instinctively, who made their lives work out the way they wanted without even trying, who never had to make the best of a bad job because it never occurred to them to do anything less than perfectly the first time. Sort of heroic super-people, all of them beautiful and witty and calm and kind, and I always imagined that when I did find them I'd suddenly know that I belonged among them, that I was one of them, that I'd been meant to be one of them all along, and everything in the meantime had been a mistake; and they'd know it too. I'd be like the ugly duckling among the swans.”
Shep was looking steadily at her profile, hoping the silent force of his love would move her to turn and face him. “I think I know that feeling”, he said.
“I doubt it.” She didn't look at him, and the little lines had appeared again around her mouth. “At least I hope you don't, for your sake. It's a thing I wouldn't wish on anybody. It's the most stupid, ruinous kind of self-deception there is, and it gets you into nothing but trouble.”
He let all the air out of his lungs and subsided against the back of the seat. She didn't really want to talk; not to him anyway. All she wanted was to sound off, to make herself feel better by playing at being wistful and jaded, and she had elected him as her audience. He wasn't expected to participate in this discussion, and he certainly wasn't to go getting any ideas; his role was to be big, dumb, steady old Shep until the car was free, or until she'd gotten all the gratification there was to be had from the sound of her own voice. Then he'd drive her home and she'd make a few more worldly-wise pronouncements on the way; she might even lean over and give him a sisterly peck on the cheek before she slithered out of the car and slammed the door and went inside to get into bed with Frank Wheeler. And what the hell else did he expect? When the hell was he ever going to grow up?