Maintenant que le second semestre est commencé (et qu'on se retrouve joyeusement accablé de volumineux bouquins à lire "pour la semaine prochaine" (LOL)), j'ai trouvé sympa l'idée de clore la première partie de l'année scolaire - our time is running out, on ne le dira jamais assez - en recopiant ici les bons mots de mes professeurs !
Ah, pauvres profs... Sûrement le métier le plus ingrat du monde après celui de parent... ! Et pourtant, c'est beau, l'éducation ! Transmettre son savoir, partager ses connaissances et son désir d'apprendre... ! (enfin, ça c'est un peu comme "Liberté, Egalité, Fraternité", c'est un joli principe bien abstrait qu'il est nettement plus difficile de mettre en place dans les faits, et encore plus quand on saccage joyeusement l'Education Nationale).
Je tiens à préciser que l'intitulé de l'article ne remet nullement en cause l'intérêt intrinsèque au fait d'aller en cours qui est, bien naturellement, de ne pas être marqué absent s'instruire tout ça tout ça ! Tout ça pour dire que je prends aussi des notes "normales", et pas juste les blagues de mes profs, hein. En plus, vous pourrez me remercier pour tous les trucs super intéressants que vous aurez appris grâce à mon super blog et que vous pourrez ressortir dans les super conversations branchées des clubs hype. Et même que vous retiendrez d'autant mieux que la plupart des trucs sont drôles - ce qui rejoint la finalité de tout bon écrivain d'apologues : "Instruire et plaire" (merci à monsieur Jean de La Fontaine pour cet aphorisme parlant).
Commençons donc par...
La classe de Littérature
"Un hérisson stressé, c'est le poème parfait !"
Explication littéraire : Car oui, voyez-vous, un poème est une entité à part (comme toute œuvre d'Art) qui n'a d'autre visée que lui-même (il se contente de transmettre un sens), d'où le qualificatif d'autotélique - qui est un bien bel adjectif, on est d'accord ! Un hérisson qui se recroqueville sur lui-même peut, de ce fait, être envisagé comme la métaphore du poème parfait, surtout s'il est stressé, vu que, comme chacun sait, lorsqu'il se sent menacé, ce sympathique mammifère se roule en boule.
"Après avoir courageusement décidé de faire... RIEN, on s'y remet !"
Explication non littéraire : Dans le contexte des grèves et du blocage du début de l'année, on hésitait à se donner rendez-vous à l'heure de cours habituelle ou pas. Ici, on avait en effet décidé de ne rien faire, c'est-à-dire de venir quand même, au cas où on pourrait accéder aux locaux (on sait jamais !).
"La cabane d'enfants est un lieu autre. La chambre d'ado aussi, d'ailleurs !"
Explication littéraire : Vous remarquerez en effet qu'une cabane d'enfants ou une chambre d'ado répond à des "lois" différentes du monde "normal", la société, ou le monde adulte, si vous préférez. Le propriétaire du lieu peut ainsi, à sa guise, se prendre pour Tarzan et inventer tout un tas d'histoires extraordinaires pleines de magie ou encore bannir toute présence adulte pour privilégier un monde glauque où les chanteurs crient leur mal-être en remuant leurs cheveux gras.
"C'est un Argentin, au départ... à la fin aussi, d'ailleurs."
Explication pas vraiment littéraire : On parlait de Jorge Luis Borges, un écrivain argentin, donc.
"On va passer au point suivant, à savoir : comment détruit-on un golem ? (on sait jamais ça peut toujours servir !)"
Explication littéraire : Le mythe du Golem est raconté dans la religion juive. Il s'agit de construire un homme (ou plutôt un sous-fifre) à partir de terre. ça réactualise par là des questions un peu dérangeantes, qui rejoignent le roman de Mary Shelley Frankenstein et le mythe de Prométhée, à savoir est-ce que l'homme a le droit de se prendre pour Dieu, l'homme est-il naturellement bon, etc...
"Les hommes politiques ont toujours un discours structuré, même s'ils n'ont rien à dire."
Explication non littéraire : On parlait de la méthodologie de la dissertation, la construction d'un raisonnement. Notez qu'on nous encourage ici à faire preuve des mêmes capacités en matière de structure, mais pas au niveau du fond (encore heureux !).
"Que l'errance soit intergalactique ou sur la mer, les planètes sont les mêmes."
Explication littéraire : On parlait ici du Quart-Livre de Rabelais, où les personnages voguent d'îles en îles et y découvrent des personnages étranges qui représentent en fait des exemples ou des contre-exemples que l'on doit imiter ou éviter si l'on veut être un bon Humaniste de la Renaissance. Le prof en a profité pour faire référence à Star Wars qui, au final, peut aussi être interprété comme un parcours de la construction individuelle (je vous avouerai que même si j'ai trouvé ça intéressant et très certainement valable, je me suis pas particulièrement penchée sur la question xD).
"C'est une sorte de Bisounours, le roi !"
Explication pas vraiment littéraire : Le roi de l'El Dorado, le pays merveilleux décrit par Voltaire dans Candide, est en effet très gentil, à tel point qu'il convient de l'embrasser pour le saluer.
"Je caresse mon chat, je cultive mes plantes et comme ça, je suis content."
Explication littéraire : Caricature du contre-sens qui est souvent fait à propos de la réflexion finale qui clôture Candide : "il faut cultiver son jardin". Voltaire était quelqu'un qui s'engageait énormément dans la politique de son époque, d'où la métaphore du jardin qui signifie, non pas qu'on reste chez soi à manger ses carottes bio, mais plutôt qu'on développe son sens critique par l'éducation (nous y revoilà :D) afin de pouvoir ensuite agir politiquement dans le sens de sa propre morale - qui peut aussi, finalement, ne pas aller plus loin que la consommation de ses propres carottes bio, qui constitue, quelque part, un acte politique, comme dirait Pierre Rabhi (mais peut-être pas du temps de Voltaire, j'en conviens).
"Le seul qui se disait athée, c'était le Marquis de Sade, mais il s'en fichait, il était déjà en prison."
Explication littéraire : Le Marquis de Sade est bien connu pour avoir écrit un livre érotique pour le moins dérangeant (Justine ou les malheurs de la vertu) pour lequel il a été emprisonné (entre autres raisons, je suppose). C'est de son nom que vient le mot "sadisme" (pour vous donner une idée de ce que peut subir l'héroïne...). Pendant le XVIIIe, dans la suite de la Renaissance, les philosophes commençaient à émettre quelques doutes quant à l'existence de Dieu, mais ils ne pouvaient évidemment pas le clamer sur tous les toits sans risquer très gros étant donné que les monarques de droit divin étaient en ce temps-là considérés comme les "lieutenants de Dieu sur terre".
"On va pas y passer trop de temps - d'autant que j'ai perdu ma page."
Non explication non littéraire : Ce prof est trop génial ^^
"Pour être metteur en scène, il faut être un petit peu pervers sinon on s'en sort pas."
Explication littéraire : La perversité supposée de tout metteur en scène est justifiée par le fait que c'est lui qui décide de "manipuler" les acteurs comme il l'entend pour donner à la pièce le sens qu'il lui a trouvé. Il y a aussi la question du regard, qui fait du metteur en scène quelqu'un qui reste sur le côté et surveille le bon déroulement de l'action, dont des scènes qui relèvent parfois de l'intime pour les personnages (un monologue, un aveu, une révélation...). (Soit dit en passant, la question du voyeurisme peut aussi être abordée par rapport aux spectateurs...)
"Soyez lourdingues à l'oral !"
Explication non littéraire : Conseil du prof qui disait que, lorsqu'on passe un oral, il faut penser à bien appuyer sur les différentes parties de son explication, à grands renforts de "NOUS ALLONS VOIR DANS UN PREMIER TEMPS", "NOUS PASSONS MAINTENANT A", "COMME NOUS L'AVONS VU DANS LA PARTIE PRECEDENTE" et autres légèretés rhétoriques du genre.
"C'est un intellectuel français tout ce qu'il y a de plus vivant. Mais Barthes est mort."
Explication pas vraiment littéraire : On parlait ici de plusieurs critiques littéraires contemporains : Michel Butor (le survivant) et Roland Barthes (qui est donc mort).