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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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bonne humeur
28 mai 2011

Chronique : Pulp

Pulp au Bikini le 25 mai 2011

 

pulp005

Lien vers la chronique sur Mygmusique => ici

 

Lorsque le Bikini a annoncé sur sa page facebook une date prévue pour le célèbre groupe emblématique des années 90 le 1e avril 2011, beaucoup ont cru au canular. Et pourtant, c'est bien le groupe au complet qui se présente sur la meilleure scène toulousaine en cette chaude soirée pré-estivale.

Une date unique en France qui fait office de répétition générale pour Jarvis Cocker et sa bande avant qu'ils n'entament leur tournée à Barcelone... Pas de première partie pour Pulp qui n'a plus besoin d'introduction ! La salle n'est pas comble, mais on sent que les gens amassés devant la scène – spacieuse et aérée, taille XXL pour un groupe qui le vaut bien – sont des fans de la première heure qui, pour la plupart, ont écouté les bons mots de Jarvis Cocker pendant leur adolescence. Le leader phénomène saura de toute façon convaincre ceux qui n'étaient pas conquis d'avance : grand dadais, style universitaire British, lunettes carrées, chemise, veste, pantalon et talonnettes, Jarvis n'a rien perdu de son énergie et représente un quasi one-man show à lui tout seul. Les autres membres du groupe, en retrait et efficaces, affichent un sourire bienveillant devant un spectacle auquel ils semblent s'être habitués mais qu'ils continuent d'observer avec amusement. Ils savent Jarvis être le centre de l'attention et semblent l'accepter avec bonne humeur. Il serait de toute façon impossible d'être insensible aux diverses allées et venues du leader sur scène, à ses sauts et à ses déhanchements suggestifs de pantin désarticulé qui, s'ils n'étaient exécutés par Jarvis Cocker, auraient de bonnes chances de paraître totalement ridicules.

Son aisance est remarquable, il rebondit avec spontanéité sur chaque micro-événement (même un portable qui fait résonner un bip-bip caractéristique de l'arrivée d'un message) et glisse des plaisanteries pince sans-rire avec la classe à l'anglo-saxonne qui le caractérise. A en croire ses nombreuses interpellations, le public toulousain semble le mettre particulièrement en confiance ; il semble d'ailleurs en garder un souvenir ému depuis la dernière fois qu'il l'a vu – il y a 17 ans, comme il le précisera d'entrée de jeu : "Vous n'avez pas changé, well done!" et ce, malgré le fait qu'il y ait eu "beaucoup de merde dans le monde entier", constate-t-il, en bon francophile. Pour nous faire honneur, il commandera à plusieurs reprises un verre de vin qu'il finira même par faire circuler dans les premiers rangs, par amour du "partage". Pas de doute, Jarvis sait se faire aimer de son public – il a d'ailleurs commencé le concert par une distribution de mini Mars.

Certes, personne ne se lasse de ce spectacle ambulant, mais c'est évidemment la musique qui rassemble davantage que le personnage : les fans réagissent au quart de tour dès les premières notes des grands hits. "Do you remember the first time?", qui ouvre le set, est une vraie tuerie : les gens sautent d'entrée de jeu et hurlent les paroles avec délices – dès les premières minutes je me retrouve ainsi gracieusement aspergée de bière par mon aimable voisin de derrière, ce qui, je le conçois, se révèle néanmoins être, d'une façon générale, les prémices d'un concert prometteur. Ce seront surtout les classiques His'n'Hers et Different Class qui seront mis à l'honneur ce soir. Suit en effet "Pink Glove", à l'envolée disco jouissive, enchaînée sur la délicieuse "Pencil skirt". "Something Changed" marque une petite pause plus tranquille, histoire de prendre des forces pour "Disco 2000" qui, là aussi, stimule les foules. "This is hardcore", avec son puissant refrain, fait une apparition attendue entre les titres des deux albums phares, ouvrant la voie pour une ambiance plus apaisée avec "Sunrise" pour laquelle Jarvis reprend sa guitare acoustique... avant qu'il ne décide de rompre le calme déjà précaire par des coups sonores donnés sur divers tambours géants – au centre et à la droite de la scène. Bien sûr, c'est l'incontournable "Common People" qui clotûre la première partie.

Car oui, le concert durera en tout près de deux heures et ne présentera que de rares répits. Jarvis paraît infatigable, ce qui obligera un des techniciens du Bikini de courir après lui pendant trois bons quarts d'heure de plus afin d'empêcher que le fil de son micro ne se coince quelque part. Même le public semble plus fatigué que le chanteur, qui, pourtant, ne cesse de parcourir les devants de la scène et va jusqu'à grimper sur des amplis pour atteindre un clavier placé en hauteur sur la droite. Pour notre défense, il faut dire que la seconde partie du concert se révèlera nettement plus électro et planante – ce qui permettra à Jarvis d'expérimenter de nouvelles chorégraphies approximatives – mais peut-être moins excitante que la première pour le public, même si on retrouve quelques perles telles que "Acrylic Afternoons" ou "Mis-shapes", qui fera office de superbe final.

Bilan du concert ? Un spectacle saisissant d'un artiste charismatique en grande forme, proche de son public, dont les textes sensibles et pertinents peuvent être appréciés à leur juste valeur à travers une musique transmise par des musiciens de talent et empreinte d'une bonne énergie disco électro pop, qui n'est pas sans raviver une certaine nostalgie des 90's. Vous l'aurez compris, donc : la nouvelle tournée de Pulp est une occasion à ne pas rater !

 

"Babies", Pulp, His'n'Hers

(avec un bel exemple de choré Cockerienne :D)

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"Something Changed", Pulp, Different Class

(Une de mes préférées :D)

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"Common People", Pulp, Different Class.

(j'adore son air gentiment illuminé dans ce clip xD)

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"This is Hardcore", Pulp, This is Hardcore

(beaucoup plus sombre et d'autant plus poignante)

 

Et la setlist ici !

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22 mai 2011

"L'homme qui voulait être heureux", Laurent Gounelle.

Il y a quelques temps, ma cousine m'a envoyé un colis, accompagné d'une lettre qu'elle avait commencée à écrire en décembre (une des nombreuses raisons qui font que je l'aime, à vrai dire :D). Pour en rajouter niveau absurdité cousinale, je vous préciserai que c'était son anniversaire genre cinq jours plus tard. Normal donc que ce soit elle qui m'envoie un colis (de Noël).

Toujours est-il que, dans le colis, se trouvait un sympathique bouquin : L'Homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle, un genre de Mange, Prie, Aime à la française où le héros, un occidental basique et peu sûr de lui, profite de ses vacances à Bali pour rendre visite à un guérisseur réputé très sage. Celui-ci lui apprend alors qu'il est en pleine forme... mais que niveau bonheur, il n'y connaît que pouic. L'occasion d'apprendre sur lui-même et de décoder le monde d'une nouvelle façon, en bref, l'occasion un nouveau départ...

Pour être honnête, le roman en lui-même n'est qu'un prétexte pour diffuser des idées philosophico-psychologiques rafraîchissantes et porteuses d'espoir ; il paraît en fait davantage comme un mini-traité idéologique particulièrement digeste car présenté sous forme de roman court très facile à lire et exotique (parce que Bali, quand même, comme décor, c'est pas mal, dans le genre). Niveau plume, on peut juste regretter un héros très fade - qui a manifestement l'habitude de partir en vacances tout seul mais qui n'en avait jamais profité pour réfléchir sur la vie par lui-même, ce que je trouve quand même assez impensable... - plus un symbolisme gros comme une maison sur la fin... M'enfin, c'est vieux comme le monde les trucs genre "ascension de la montagne", et au moins, ça parle... ! L'important reste les concepts proposés à travers les dialogues entre le sage et le petit scarabée...

Ci-dessous, un passage sur l'argent que j'ai trouvé particulièrement intéressant et original.

 

9782266186674

 

"Parlez-moi maintenant de cette autre partie de vous qui rejette cette idée.

- Je crois que l'argent en soi me répugne un peu. j'ai parfois l'impression qu'il n'y a plus que ça qui compte en ce bas monde, que l'argent devient le centre des préoccupations des gens.

- On assiste à une certaine dérive, en effet, et c'est dommage parce que l'argent est pourtant une belle invention.

- Pourquoi dites-vous cela ?

- On oublie souvent qu'à l'origine l'argent n'est rien d'autre qu'un moyen pour faciliter les échanges entre les êtres humains : échanges de biens, mais aussi échanges de compétences, de services, de conseils. Avant l'argent, il y avait le troc. Celui qui avait besoin de quelque chose était dans l'obligation de trouver quelqu'un qui soit intéressé par ce qu'il avait à offrir en échange. Pas facile... Tandis que la création de l'argent a permis d'évaluer chaque bien, chaque service, et l'argent collecté par celui qui les a cédés lui offre ensuite la possibilité d'acquérir librement d'autres biens et services. Il n'y a aucun mal à cela. D'une certaine manière, on pourrait même dire que plus l'argent circule, plus il y a d'échanges entre les êtres humains, et mieux c'est...

- Vu comme ça, c'est fabuleux !

- C'est comme ça que cela devrait être. Mettre à la disposition des autres ce que l'on est capable de faire, le fruit de son travail, de ses compétences, et obtenir en échange de quoi acquérir ce que d'autres savent faire et pas soi. L'argent n'est d'ailleurs pas quelque chose que l'on devrait accumuler, mais que l'on devrait utiliser. Si l'on partait tous de ce principe, le chômage n'existerait pas, car il n'y a pas de limites aux services que les êtres humains peuvent se rendre mutuellement. Il suffirait de favoriser la créativité des gens et de les encourager à mettre en oeuvre leurs projets.

- Mais alors, pourquoi l'argent devient-il quelque chose de sale, de nos jours ?

- Pour le comprendre, il faut d'abord saisir l'importance de deux éléments : comment on gagne de l'argent, et comment on le dépense. L'argent est sain s'il provient de la mise en oeuvre de nos compétences, en donnant le meilleur de nous-mêmes. Il procure alors une réelle satisfaction à celui qui le gagne. Mais s'il est obtenu en abusant les autres, par exemple ses clients ou ses collaborateurs, alors cela génère ce que l'on pourrait appeler symboliquement une énergie négative - les chamans l'appellent la "Hùcha" - et cette Hùcha tire tout le monde vers le bas, pollue les esprits et, au final, rend malheureux le spolié comme le spoliateur. Ce dernier peut éprouver le sentiment d'avoir gagné quelque chose, mais il accumule en lui cette Hùcha qui l'empêchera de plus en plus d'être heureux. Cela se lit sur le visage quand on vieillit, et ce, quelque soit la richesse accumulée... Tandis que celui qui gagne de l'argent en donnant le meilleur de lui-même et en respectant les autres peut s'enrichir en s'épanouissant. [...] Si l'on utilise l'argent gagné pour donner à d'autres la possibilité d'exprimer leurs talents, leurs compétences, en faisant appel à leurs services, alors l'argent produit une énergie positive. A l'inverse, si l'on se contente d'accumuler des biens matériels, alors la vie se vide de son sens. On se dessèche petit à petit. Regardez autour de vous : les personnes qui ont passé leur vie à accumuler sans rien donner sont déconnectées des autres. Elles ne sont plus capables de s'intéresser sincèrement à une personne, ni d'aimer. Et, croyez-moi, quand on en arrive là, on n'est pas heureux !"

Des idées qui ont de quoi recadrer un peu l'économie telle qu'on la connaît actuellement, peut-être ?

15 mai 2011

Le "butterfly buddhist effect"

 Petit passage sympathique tiré d'un de mes (nombreux) bouquins sur le bouddhisme - ou d'une parmi les innombrables bonnes raisons de s'imprégner d'une philosophie bienveillante et pleine de bon sens :

 

 

"Si je cède ma place assise à une personne âgée dans le métro, je me sentirai tout de suite mieux et serai reconnaissant envers cette dame qui m'a donné l'occasion de me rendre utile. Mon geste aura donc modifié mon état d'esprit mais également le sien : elle aura des sentiments positifs envers moi (« comme cette personne est aimable ! ») mais aussi envers elle (« quelqu'un s'intéresse à moi ») et l'humanité en général (« après tout, les gens ne sont pas si égoïstes que ça »).

Ce minuscule épisode est un exemple entre mille. Il sera vite oublié mais ne disparaîtra pas sans laisser de traces : comme tous nos actes, il produira ce que le bouddhisme appelle une empreinte karmique. Rentrant chez elle de meilleure humeur, la dame sera plus encline à se rendre agréable aux autres ; sa façon d'être avec ses voisins ou ses proches produira à son tour des effets positifs, et ainsi de suite. Chacune de nos pensées, chacun de nos actes bénéfiques sont des petites graines destinées à germer, à pousser et à se multiplier, souvent bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer."

 

Bouddhisme au quotidien, Nathalie Chassériau.

 

Bouddhisme_au_quotidien

 

Je vous dirais quand même, par acquit de conscience, que ce bouquin est loin d'être le meilleur que j'ai lu sur le sujet, même s'il a le mérite de s'appuyer sur des exemples concrets tirés de la vie telle que la connaît M. Tout-le-Monde - d'où le titre, et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai voulu le lire (parce qu'ils sont bien gentils les bouddhistes avec leurs belles formules poético-émouvantes mais des fois, on se demande vraiment si c'est pas complètement à côté de la plaque commes concepts, vu dans quel monde on vit - et je suis finalement intimement persuadée que non, c'est loin d'être incompatible !).

En fait, si je trouve le bouquin moyen, c'est parce que l'auteur ne possède que partiellement le style exalté, serein et apaisant qui transmet tous les bienfaits de la pensée bouddhiste et qu'on trouve dans les écrits de Matthieu Ricard, par exemple (soit dit en passant, Matthieu Ricard est d'une génialité difficilement égalable de toute façon !). Elle va parfois carrément jusqu'à laisser transparaître ses critiques sur le mode de vie à l'occidentale qu'elle semble franchement désapprouver, de sorte que certains passages sont assez injustement culpabilisants et ne me paraissent de ce fait, pas franchement bouddhiques... Faut dire que l'auteure est franco-italienne, d'où peut-être un ton méditerrannéen perçu comme catégorique pour ceux qui sont un peu trop habitués aux jolis euphémismes bien politiquement corrects à la française... Mieux vaut donc avoir déjà eu un aperçu du bouddhisme pour se plonger dans ce bouquin (à la présentation super soignée et colorée, le papier est limite glacée c'est trop jouissif !), histoire de pouvoir prendre un peu de recul.

 

 

19 avril 2011

Chronique : Ghinzu + My Little Cheap Dictaphone

Ghinzu (+ My Little Cheap Dictaphone + The Rusty Bells) au Bikini le 13 avril 2011


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Lien vers la chronique sur Mygmusique -> ici

 

Pour une première édition, le Festival Electric Artyland démarre fort ! Une belle programmation placée sous le signe du rock belge avec une date spéciale (hors tournée) de Ghinzu au Bikini pour sa semaine d'ouverture.

C'est le groupe toulousain The Rusty Bells qui ouvre le show. Les membres du trio se présentent en habitués sur la meilleure scène de Toulouse et investissent les lieux avec détermination – en témoigne le T-shirt de la bassiste proclamant « We want your mind ». Il faut dire que le public semble être composé de connaissances et/ou connaisseurs, d'où une ambiance sympathique, ponctuée de diverses interpellations amicales entre deux titres garage rock. On appréciera la présence inattendue d'un harmonica (sur « My Steel Brother ») parmi les accompagnements plus psyché au clavier. Le groupe reviendra d'ailleurs pour un rappel réclamé de « Stalker guy ».

La salle est déjà nettement plus remplie lorsque c'est au tour de My Little Cheap Dictaphone (dit MLCD) d'entrer en scène. Le groupe constitue d'une part un très bon prélude à Ghinzu – on retrouve le même genre d'accompagnement piano, la même ambiance planante et électrique... – ; de plus, le quatuor liégeois rentrait parfaitement dans la thématique du festival, qui est de traiter les relations entre le rock et d'autres formes d'expressions artistiques, l'audiovisuel en l'occurrence. On diffuse en effet derrière le groupe un vidéo clip pour illustrer chaque chanson, le tout formant une sorte d'opéra rock qui raconte la montée en gloire d'un musicien génial mais torturé (apparemment inspiré de la vie du Beach Boy Brian Wilson) suivie de sa descente aux enfers. La mise en scène est ainsi soigneusement étudiée : non seulement les cinq musiciens sont habillés dans le même style 50's (même le micro rappelle les 30 glorieuses !) que les personnages de leurs clips (costard noir et blanc, chaussures vernies, et un chapeau en ce qui concerne le charismatique et touchant leader Redboy) mais en plus leurs silhouettes se détachent sur l'écran de projection pour un superbe effet de mise en abyme.

L'atmosphère est posée dès les premières (très bonnes) chansons « Piano Waltz » et « He's not there ». La setlist n'est pas une surprise pour les initiés puisque l'intégralité du dernier album, The Tragic Tale of a Genius, sera jouée ce soir – pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles. La plus connue, « What are you waiting for? » et son clip percutant en ombres chinoises achève d'échauffer ceux qui sont les plus lents à se plonger dans l'ambiance si particulière du monde onirico-psychédélique de MLCD. D'abord assez sages, les membres du groupe, portés par un public plus que réceptif, finissent par se laisser gagner par la force de leur récit et de leurs envolées musicales, de sorte que Redboy ira jusqu'à s'asseoir au bord de la scène, avant de traverser carrément la foule en son milieu sur la chanson titre – dont l'ambiance cabaret fou, bien qu'inquiétante, n'en est pas moins irrésistible. On note toutefois quelques pauses plus calmes qui mettent en valeur les parties au violon (« My Holy Grail » notamment). Aucun doute, à la fin de leur set, My Little Cheap Dictaphone en ont conquis plus d'un !

On n'oublie toutefois pas qu'il s'agit principalement de fans de Ghinzu qui se sont assemblés là, et malgré la très bonne prestance de MLCD, l'impatience commence à se faire sentir. Les sifflets enjoués se calment très vite pour que l'intro électro de « Mother Allegra » puisse prendre toute son ampleur. Le groupe enchaîne sans tarder sur un bon choix de chansons du dernier album : « Mirror Mirror » fait très vite monter l'ambiance et fait se déchaîner toute la fosse, qui n'attendait qu'un signal du brûlant leader John Stargasm pour se démener. Il suffit de « Dream Maker », puis de l'envoûtante et cynique « Cold Love » pour qu'on ait déjà l'impression d'en être au rappel tant tout le monde semble être pris d'une véritable frénésie – certains, dans l'enthousiasme, se risqueront même à un dangereux slam. Après « Take it Easy », plus pop, on assiste à un brusque retour en arrière pour le moins inattendu avec « Dragon », issue du premier album, très peu exploité en live, et dont les puissants riffs de basse et le chant style rap produisent un effet ravageur sur le public, qui ondule au rythme saccadé de la chanson, encouragé par les grimaces expressives du bassiste Mika Nagazaki. Enfin une pause bien méritée (mais de courte durée !) avec la première chanson tirée de Blow, la très attendue « Dragster-wave », qui porte bien son nom puisque, débutant calmement avec des paroles murmurées sur des arpèges au piano, elle finit par happer le fan dans une vague délicieuse qui monte crescendo jusqu'à l'explosion finale. Pas de pitié pour le public, à qui l'on a déjà (inutilement) ordonné de sauter à plusieurs reprises – Stargasm ne se privant pas lui-même de grimper sur son clavier ou de se déhancher de façon très personnelle – puisqu'on ne tarde pas à enchaîner sur le tube « Do you read me? », nécessitant une bonne réserve d'énergie. En bonus dans la setlist : « Chocolate » un titre ne figurant sur aucun album (en revanche utilisée pour une pub Eastpak) et qui, en live, produit un effet étrange vous forçant à répéter avec une exaltation incompréhensible des paroles absurdes – quoique suggestives. D'ailleurs, il faillit ne pas être joué puisque Stargasm se demandera pendant un instant s'il n'a pas « cassé l'piano », piano qu'il troque pour se coller à la basse sur la chanson suivante (« Mine »).

En rappel, la traditionnelle « Blow » qui joue bien son rôle de crescendo final dévastateur avant de laisser la transcendante « Kill the Surfer » achever tout le monde. C'est une véritable folie sur scène : John reçoit un drapeau de la Belgique qu'il arbore tant bien que mal à la César ; Mika frôle la crampe à la mâchoire tant il grimace depuis son clavier ; quant à Greg, le guitariste très perché (déjà désigné comme adepte des « trucs bizarres » sur les albums), au look très space (il arbore en effet un ensemble caleçon long et T-shirt moulants vaguement satinés, tachés de rose et bleu façon 70's), il est carrément par terre et se retrouve emmêlé dans les fils du micro de Stargasm qui s'amuse à l'enjamber – je ne parle même pas de l'état du public, les mouvements de foule étant à leur comble depuis la troisième chanson. La sortie du dit Greg clôturera d'ailleurs magistralement le concert puisqu'il prendra soin de mettre tous les boutons de volume à fond avant de quitter la scène en « battant des ailes »... En guise de conclusion, je ferais tout aussi bien de reprendre les mots de Stargasm lui-même : « Tout est bon dans cette soirée. »

 

Vous l'aurez peut-être compris, c'est pour ce festival (Electric Artyland) que je suis bénévole... ^^

(mais non je ne fais pas la pub en passant, voyons)

 

"Stalker Guy", The Rusty Bells.

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"What are you waiting for?", My Little Cheap Dictaphone, The Tragic Tale of a Genius.

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"He's not there", My Little Cheap Dictaphone, The Tragic Tale of a Genius.

(Live au Bikini ! Comme ça on voit un peu mieux de quoi je parle ^^)

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"Do You Read Me?", Ghinzu, Blow.

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"Cold Love", Ghinzu, Mirror Mirror.

Clip très "hasardeux", comme dirait le Cube. Entre le très dérangeant et l'hilarant xD.

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"Chocolate", Zed & the Party Belt.

(ça doit être un p'tit jeu de la part de John Stargasm de ne pas signer ça sous le nom de Ghinzu, puisqu'il est aussi publicitaire, si j'ai bien compris... !)

(roh et puis ce clip, plus auto-dérisoire, tu meurs... (enfin, du moins j'espère que c'est de l'auto-dérision xD))

 

16 avril 2011

Les bonnes surprises des petites rues toulousaines : La galerie Concha de Nazelle, l'exposition sur Jean-Claude Machek.

De l'intérêt de flâner dans les rues quand il fait beau et de suivre sans complexe ses instincts d'insecte*.

(*c'est-à-dire de rentrer quand il y a de la lumière)

 

Etant en pleine période pré-partiels, je me suis accordée, entre deux vernissages d'un festival pour lequel je suis bénévole, une petite aprèm shopping ensoleillée... (si, si, il y a un lien logique entre le début de la phrase et le reste, je vous assure ! ... Non mais vous comprenez, j'avais plus de pâte à fixe ni de crème hydratante il était donc tout à fait nécessaire que j'aille en ville, et notamment à Lush... ! Voilà... hum.) Bref.

En me baladant dans les ruelles pour éviter la surpeuplée rue Saint-Rome, je suis tombée sur une toute petite galerie d'Art que je n'avais jamais vue avant. Intriguée par les murs tout blancs, l'absence d'informations et surtout les paysages colorés exposés à l'intérieur, je me suis finalement décidée à pousser la porte "entrée libre". Personne dans la pièce d'entrée. Je commence à regarder les peintures autour de moi, à peine troublée par le léger décalage entre le calme du lieu et ma tenue vestimentaire (jean rouge pétard, T-shirt Muse-je-suis-allée-à-leur-super-concert-au-stade-de-France-et-je-m'y-suis-ruinée-en-achetant-ceci-tout-en-considérant-que-ça-valait-vachement-le-coup-d'où-le-fait-que-je-l'arbore-actuellement, sac Eastpak en bandouillère jaune poussin et casquette bleue à carreaux vissée sur le crâne (évidemment)).

Souvent, quand j'entre dans un lieu désert comme ça, j'ai presque envie de ne laisser aucune trace, de faire la "petite souris" et de ne rien toucher pour juste profiter un instant de l'ambiance ; m'imprégner du lieu et des tableaux puis disparaître avant que quelqu'un ne vienne... Bizarrement, ce genre d'endroit me donne presque l'impression de ne pas avoir le droit d'entrer, comme si j'allais déranger quelque chose. Peut-être parce qu'on ne se sent pas forcément à sa place. On se dit que c'est prétentieux de se juger apte à comprendre l'expression d'un artiste en un regard... Ou alors, plus simplement à cause de la sérénité du lieu. Un peu comme si on allait interrompre un dialogue silencieux entre les oeuvres (genre Toy Story, mais version tableaux, si ça se trouve ils ont une vie à eux une fois qu'on a le dos tourné... Bref.) De toute façon, pas la peine de penser à m'éclipser ici, le carillon de l'entrée avait bien fait son job - et puis, j'étais d'une bonne humeur imperturbable, un ogre à trois têtes m'aurait chassée à coups de massue en me beuglant "Y'avait marqué "entrée libre" mais c'était parce que je voulais que personne ne rentre, AAAARGH !" je serais quand même repartie en souriant.

Arrive donc - non pas un ogre - mais une petite madame en blazer et aux cheveux courts qui me présente immédiatement l'artiste exposé : il s'agit de Jean-Claude Machek, un artiste local et contemporain, qui a suivi une formation classique aux beaux-arts et présente ici ses paysages de la région, des huiles sur papier. "Celles-ci, me précise-t-elle en désignant quelques toiles sur le mur de droite, sont voulues par l'artiste comme des paysages érotiques." "Ah bon ?" Légèrement perplexe, je regarde d'un peu plus près et distingue en effet quelques formes suggestives ici ou là, sans toutefois me sentir particulièrement émoustillée. "D'accord..." ai-je finalement commenté, ma nouvelle devise "Et pouwquoi pas ?" en tête. Après être restée quelques instants avec moi et m'avoir posé quelques questions ("Vous reconnaissez les bords de la Garonne ?" (je dois dire que, dans ma bonne logique, ça ne m'avait même pas effleuré ; j'étais plutôt dans l'optique "Oh ! une rivière ! c'est joli :D"), "Vous êtes peintre ?" ("Heu non, pas du tout !")), elle finit par me laisser pour aller jouer quelques notes sur un piano dans la pièce d'à côté (la présence de l'instrument me paraît d'ailleurs, maintenant que j'y pense, vaguement incongrue ; pourtant sur le coup ça ne m'a pas étonnée plus que ça).

J'ai donc examiné à loisir les tableaux affichés et je dois dire que j'ai beaucoup aimé. Les couleurs sont très vives - et c'est bien ce qui m'a attirée à la base - étalées par de grands coups de pinceau large : beaucoup de jaune, de vert, de rose, de bleu... Le résultat est original, étrangement parlant, apaisant et même émouvant. Un peu énigmatique, aussi, comme le restera sûrement toujours un peu Mère Nature à nos yeux de pauvres humains dénaturés. Des vues campagnardes, telles qu'on a pu en peindre des millions de fois (meules de foin, champs, orée d'un bois...) mais la stylisation, le support (jamais vu des huiles sur papier avant !) et même le choix des vues, qui témoignait d'une nette influence photographique pour certaines, rendaient compte d'un travail vraiment personnel. En jetant un coup d'oeil sur le livret qui récapitulait son parcours, j'ai été intéressée de voir qu'il avait travaillé sur beaucoup de choses différentes - notamment sur des tableaux hyperréalistes, style qui m'a toujours impressionnée (pour le peu que j'en sais).

Je suis ensuite passée à l'autre salle où était exposé le reste des peintures et où se trouvaient le piano et le bureau de ma petite madame - ainsi que la petite madame elle-même, d'ailleurs. Comme je n'avais jamais vu la galerie avant, je lui ai posé quelques questions et s'est alors entamée une discussion très agréable. Elle aussi avait fait des études de lettres et en était, elle aussi, très contente - d'où un petit intermède sur mon programme, et notamment Rabelais (cf mon dernier craquage). Je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander comment elle en était arrivée là ("Comment j'en suis "arrivée là" ? mais je ne suis pas en prison !" xD), intriguée que j'étais par son métier. Elle m'a alors révélée qu'elle avait toujours été entourée d'artistes, alors qu'elle-même ne savait pas tenir un pinceau, et qu'elle se voyait comme une sorte de transmetteur, comme le cuivre. Elle a ajouté : "Vous savez, on le sent quand on est à sa place et ici, je me sens bien.", phrase qui m'est restée en mémoire parce que, pour le coup, je voyais exactement ce qu'elle voulait dire. De plus, je concevais parfaitement qu'on puisse se sentir bien ici, entre ces murs frais et lumineux, rassurants. "Vous êtes sûre que vous n'êtes pas peintre ?" (bah oui, plutôt xD) "Heu non, non, je m'intéresse à l'Art en général, c'est tout." "J'ai écouté une émission sur France Culture qui était très intéressante ce matin. Ils essayaient de définir l'Art... vous devriez essayer de la podcaster, si vous pouvez." "Ah oui, je regarderai sur le site internet alors, merci !"

Après quelques minutes, est finalement entré quelqu'un - qui s'est ensuite révélé être sa fille et sa petite-fille - qui a interrompu notre conversation. J'ai alors terminé mon petit tour de la galerie et les ai rejointes dans l'entrée où la madame m'a présentée à sa famille. "Regardez ma petite-fille, elle est ADORABLE !" déclara-t-elle en toute objectivité. Pour le coup, la madame a eu de la chance que je sois tante (dite "Tine Mé") depuis presque deux ans sinon j'aurais peut-être peu partagé son enthousiasme devant l'enfant qui, j'avoue, était choupette avec ses petites chaussures, ses collants à motifs, sa robe et surtout ses grands yeux souriants qui me dévisageaient avec curiosité. Furent également invités à profiter de la convivialité ambiante deux types qui, comme moi deux minutes auparavant, hésitaient devant la vitrine ("N'hésitez pas à entrer, sinon on sert à rien nous vous savez !") et ça m'a amusée de les voir contraster gaiement avec le lieu eux aussi (ils étaient un peu dans le style lycéen/surfeur). Je remerciais la petite madame pour la conversation qui m'avait fait bien plaisir - "Mais à moi aussi !" - et les ai laissées en famille.

 

=> Bilan : Je préfère passer sous silence les sommes honteuses que j'ai dépensées cet après-midi là pour plutôt privilégier le fait que cet épisode m'a amenée à écouter une émission sur l'Art sur France Culture hier matin (même si je suis pas sûre que ce soit bien celle dont elle m'avait parlé xD), m'a donné envie de lire des traités sur le paysage (mais peut-être pas sur leur érotisme, quoique cette histoire m'intrigue un peu, quand même... xD) et m'a surtout fait ressentir la simple et douce satisfaction d'avoir profité pleinement de mon après-midi tout en m'enrichissant. Le pouvoir de l'Art, hein, c'est fou ! Et le truc encore plus fou, c'est que je viens de voir que l'exposition s'est terminée hier... Comme quoi j'aurais aussi bien pu passer à côté et ignorer totalement tout ça pour le restant de mes jours - ce qui n'aurait certes pas bouleversé l'intégralité du cosmos, mais quand même, je reste toujours médusée devant ces petits hasards qui rendent la vie de tous les jours si riche... !

 

=> La Galerie Concha de Nazelle,

5 rue du Puits Vert (juste à côté d'un super restau végétarien trop génial, La Faim des Haricots :D)

 

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7 avril 2011

Critique tout à fait informelle et subjective de "We Want Sex Equality!"

Samedi dernier, je suis allée voir We Want Sex Equality, de Nigel Cole (mais non je ne marque pas le nom du réalisateur pour faire style que je le connaissais d'avant et que je ne viens pas juste de regarder comment il s'appelait...) avec trois autres amies. J'avoue, ça faisait un peu "je suis trop féministe, j'me sens trop concernée par cet inadmissible problème !" alors qu'on avait surtout envie d'aller au cinéma, en fait... J'ai passé un très bon moment d'où un petit article coup de coeur (parce que c'est toujours quand j'ai pas du tout le temps que j'ai envie d'écrire plein de trucs sur n'importe quoi).

 

Synopsis informel :

Dans la banlieue londonienne de Dagenham au printemps 68, plus d'une centaine de femmes sont employées par l'usine Ford. Toutes très différentes les unes des autres, elles s'atellent pourtant à la même tâche quotidienne : coudre les pièces permettant d'assembler les banquettes des voitures. Voyant leur statut dégradé injustement, elles se soulèvent et finissent par exiger... l'égalité des salaires entre hommes et femmes, ni plus ni moins. Pour se faire entendre, elles entrent en grève, menées par une leadeuse inexpérimentée mais très vite passionnée par son sujet, Rita (Sally Hawkins). Une première chez les femmes, ce qui ne manque pas de susciter pas mal de réactions à divers niveaux...

 

Tout un tas de bonnes raisons d'aller voir ce film :

=> ça passe dans les bons cinémas (genre Utopia), et en VO s'il vous plaît !

=> Les actrices sont hautes en couleurs (et leur accent anglais est irrésistible)

=> C'est drôle et émouvant (même que j'ai pleuré. Et ri.)

=> Il a reçu plusieurs prix au festival du film britannique de Dinard en 2010 : Meilleur film, Meilleur scénario et Prix du Public.

=> ça fait référence à un mouvement qui s'est réellement déroulé en Angleterre et qui a donné naissance à l'Equal Pay Act en 1970.

=> Parce que les idées féministes, ça fait toujours du bien par où ça passe (ET POURQUOI QU'ON SERAIT PAYEES MOINS CHER QUE LES HOMMES, HEIN ?!)

=> La fascination pour l'ambiance 60's signe et persiste (les costumes m'ont fait regretter pour la énième fois de ne pas avoir connu cette époque-là... et aussi de ne pas avoir assisté à la séance en mode néo-hippie)

=> Le parfum de gentille révolution pacifiste pour la bonne cause et dans la bonne humeur, c'est toujours agréable.

=> Regarder l'énergie des gens qui se démènent pour leurs idées et projets, ça donne envie de se bouger.

=> Finalement, les inégalités de salaire entre hommes et femmes, c'est toujours d'actualité, non ? ALORS, ON ATTEND QUOI ?!

=> Parce que, derrière l'enthousiasme on peut percevoir un petit message subliminal : depuis quand a-t-on renoncé à se battre pour ce qu'on croit juste ? et surtout : pourquoi ?

 

26 mars 2011

Chronique : The White Lies

 

 The White Lies (+ Crocodiles + Transfer) au Bikini le 14 mars 2011

 

 Lien vers la chronique sur Mygmusique => ici

(et même que j'ai mon nom (niais) de chroniqueur à moiiiiiiii :D)

 

Les White Lies : nouveau groupe londonien très prometteur qui renoue avec la new-wave – d’où l’appellation, vaguement (sans mauvais jeu de mots) redondante de « new new-wave ». Alors même si on est lundi soir et que ça fait à peine quatre heures que je suis descendue de l’avion, rien ne m’empêchera de me rendre au Bikini pour un programme bien chargé – même si je manque m’envoler sous le souffle du vent incroyable qui balaye Toulouse.

 Le trio est précédé de deux groupes américains, quasi inconnus en France, qui, malgré le fait qu’ils viennent tous les deux de San Diego, n’ont pas grand-chose à voir sur le plan musical.

Un malencontreux retard me fait entendre les toutes dernières notes de la première partie, Transfer, groupe pour le moins sympathique – ils n’hésitent pas à parler, signer des autographes ou à prendre des photos avec leurs fans à la fin de leur show, dans la plus pure bonne humeur – et qui, après écoute de leur album Future Selves, m’a vraiment fait regretter d’avoir loupé leur performance live. Ils puisent eux aussi leurs influences dans le « rétro » (justifiant de ce fait leur présence en introduction des White Lies – cf « Losing Composure » ou « Take your medicine »), poussant même parfois jusqu’aux 60’s avec leurs vocalises (comme dans « My suspicions » ou le surprenant slow (si si, écrit en 2009, je vous jure !) « Get some rest »), sans pour autant se limiter à un genre en particulier dans leurs compositions.  

Avide de me rattraper, j’ouvre grand mes oreilles lorsque la seconde première partie, Crocodiles, entre en scène. L’ambiance change du tout au tout et me rappelle notamment The Big Pink (dans le genre groupe récent qui en envoie) par ses envolées planantes, très chargées en basse et en puissants riffs de guitares saturées, à l’occasion soulignées par un clavier. Le leader, Brandon Welchez, se la joue un peu Liam Gallagher avec ses grosses ray-ban mais n’en véhicule pas moins une grande énergie par son jeu de jambes, de guitare et les cris suraigus lancés sur la très bonne « Mirrors ». Les larsens fusent et semblent déstabiliser un peu le public – les gens se sont manifestement déplacés en majeure partie pour les White Lies – mais la salle est réceptive et j’ai pour ma part beaucoup apprécié leurs crescendos transcendants qui emportent dans un monde indie, bien électro, bien psyché, légèrement dark sur les bords, mais étrangement fascinant (« Stoned to Death », « Hearts of Love »). Un jeu peut-être un peu trop prétentieux pour une première partie, d’autant que le groupe n’est quasi pas connu en France, mais pour le moins efficace – tout aussi efficace que la batteuse de leur formation, d’une impressionnante précision – qui donne bien envie de se déplacer pour leur prochaine date à Toulouse – dans un cadre nettement plus intimiste – au Saint des Seins le 4 avril.

 C’est un public déjà conquis et impatient qui accueille les White Lies. La setlist est parfaite, alternant chansons de l’excellent premier album Lose my life et de Ritual, sorti en janvier dernier, qui, tout en poursuivant la même veine mêlant nostalgie des 80’s et explosion en puissance d’un gros son indie des années 2000, pousse l’exploration un peu plus loin avec quelques nouvelles chansons un peu plus posées. Les fans n’ont pas à attendre beaucoup pour entendre deux des titres phares du groupe : c’est en effet « A Place to Hide » qui ouvre le set. Entrée en matière très directe, qui enchaîne rapidement sur la plus sombre « Holy Ghost » pour une ambiance boîte de nuit, avant de revenir au premier album avec la chanson titre, pour le plus grand plaisir des fans, qui reprennent les paroles en chœur. Peu d’interactions avec le public, mais le charismatique Harry McVeigh, dont la voix rappelle celle du frontman des Killers (Brandon Flowers), semble néanmoins ravi d’être avec nous ce soir – d’autant que, pour une première date à Toulouse, comme il le précisera lors d’une de ses interventions, une très bonne énergie se dégage ! Même si on remarque une préférence du public pour les tracks du premier album, visible par le ravissement provoqué par « Fairwell to the Fairground » ou le final en crescendo de « The Price of Love »), les nouveaux titres sont très bien reçus et on se laisse aller à leurs rythmes plus lourds (« Is Love ») ou leur retour plus marqué au son des années 80 (« Streetlights », « Peace & Quiet »). Le point culminant : la très attendue et réclamée « Death » - paradoxalement, jamais une chanson sobrement intitulée « mort » ne m’a autant autant donné le sentiment d’être en vie et pleine d’énergie, et à voir la passion avec laquelle les gens scandaient le refrain autour de moi, la sensation était partagée ! C’est d’ailleurs cette chanson qui clôture le set, avant que le groupe ne revienne pour un rappel. La finale, « Bigger than us », dans le plus pur esprit du premier album, nous confirme le fait que les White Lies semblent sur la bonne voie pour nous vivifier, à coup de paroles dark mais étonnament enthousiasmantes, pendant encore un bon bout de temps !

 

"Take your Medicine", Transfer, Future Selves.

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"Mirrors", Crocodiles, Sleep Forever.

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"I Wanna Kill", Crocodiles, Summer of Hate.

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"TO Lose My Life", White Lies, To Lose My Life.

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"Death", White Lies, To Lose My Life.

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"Bigger Than Us", White Lies, Ritual

(le message de ce clip semble être une pique à la société de consommation mais je l'ai quand même trouvé un peu capillo-tracté dans le développement xD)

 

=> Pour un autre point de vue sur les Crocodiles : Martine Webzine

27 février 2011

Chronique : Moriarty

 

Moriarty (+ JP Nataf + Giedré) au Bikini le 2 février 2011 (Festival Détours de chant)

 

Deuxième chronique que j'écris pour Mygmusique dispo ici ! (youpiiii)

 

Plus de deux ans après leur première date au Bikini, Moriarty est de retour à Toulouse dans le cadre du Festival Détours de chant. Une soirée inoubliable pour moi, qui ai découvert le groupe juste à temps pour assister au concert – timing louable puisque la date a fini par être complète (tout comme l'était la précédente).

Un concert de Moriarty, c'est très difficile à rendre, pour la bonne raison qu'on va de surprise en surprise...

La première de la soirée s'appelle GiedRé. Il s'agit d'une charmante jeune blondinette en robe, aux pommettes saillantes et au sourire enfantin... mais faussement innocent. Toute seule avec sa guitare, elle commence par une « chanson pour endormir les enfants » : la jolie histoire d'un homme qui se perd dans les bois, se voit proposer l'affection d'une prostituée (un travesti latino) pour finalement finir sodomisé contre un arbre. Les autres chansons sont tout aussi délicieusement politiquement incorrectes mais le public semble apprécier et même en redemander, à en juger par les nombreux éclats de rire et les applaudissements nourris. « L'amour » (ou plutôt le sexe (et particulièrement la sodomie, d'ailleurs)), les faits divers, le glauque, les tabous en général, sont des sujets de prédilection. L'humour est d'un cynisme tel que ça en frise le dérangeant, mais en tant que première partie, on peut dire que l'affaire a été rondement menée ! Voire peut-être trop bien menée.

En effet, face à JP Nataf, ex-Innocent, l'audience semble se refroidir et être déstabilisée par le contraste. Il faut préciser ici que la plupart des gens se sont manifestement déplacés pour Moriarty, ignorant ou ayant oublié le fait (moi la première) que, puisqu'il s'agit d'une date de festival, le second artiste occupe la scène nettement plus longtemps que ne le ferait une simple première partie. Voir la setlist se prolonger finit par impatienter les toulousains... Ce qui est dommage, car la qualité de la musique est indéniable. Des textes recherchés et poétiques (nettement plus lyriques que ceux de GiedRé), une voix apaisante, des mélodies planantes et harmonieuses, (et, en ce qui concerne Jean-Philippe lui-même, un look retro, vaguement lennonien sur les bords, qui vaut le détour !). Le tout fait voyager mais ne semble pas combler les attentes du public.

Lorsque Moriarty arrive (enfin !) sur scène, l'impatience est à son comble. Malgré quelques problèmes de son qui font qu'on n'entendra pas la voix du contrebassiste avant le second morceau – il faut dire que la diversité des instruments étalés sur la scène est pour le moins impressionnante ! Les réglages n'ont pas dû être évidents à faire... ! -, on sent que c'est un Bikini conquis qui s'est rassemblé ici pour Moriarty. Même si on ne connaît pas encore le nouvel album, le contact s'établit immédiatement : le silence se fait et on embarque aussitôt dans une ambiance country, portée par la voix suave si particulière de Rosemary.

Le dépaysement est aussi visuel : les looks décalés des différents artistes et la mise en scène théâtrale (originale, très précise et réussie) font qu'il est impossible de s'ennuyer, d'autant que certains musiciens passent d'un instrument à l'autre et que tous ne cessent d'intervenir (en français comme en anglais) auprès du public. Le guitariste (Arthur ; dont les bretelles, les chaussettes rouges et le chapeau évoquent les farfadets irlandais) n'attend pas plus de deux ou trois chansons pour remercier toute l'équipe du Bikini et les féliciter de la qualité de leur magret de canard, proposant alors le tout premier « slam d'assiette » de l'histoire de la musique – consistant à faire passer de main en main l'assiette jusqu'au bar situé au fond de la salle. Le slam sera d'ailleurs le leitmotiv de la soirée puisque, ayant renversé le thé de Rosemary, Thomas (harmonica) renverra la tasse vide via le public aux barmen. Ce sera d'ailleurs Thomas lui-même qui, pourtant apparemment pas très branché bain de foule, finira par se faire porter par les fans sur « Jimmy », titre phare du groupe.

Le morceau se révèlera d'ailleurs être le clou de la soirée : tout le monde semblait l'attendre de pied ferme et ne se fait pas prier pour fredonner les paroles avant même que la chanteuse ne s'avance vers le micro. Le résultat est pour le moins émouvant, pour le groupe, ravi, comme pour nous. Tout le monde est invité à claquer des doigts sur l'instance du batteur (résolument sympathique, ne serait-ce que pour sa salopette). Comme le public se voit reprocher de s'arrêter de chanter quand c'est au tour de la mélodie jouée à l'harmonica de rentrer en scène, un spectateur relève le défi de la siffler et se voit finalement invité à rejoindre le groupe en guise de substitution – épatant ! - ce qui autorise donc Thomas à se lancer pour son slam. En tout, la chanson sera jouée deux fois, voire trois, étant donné les nombreuses interruptions – ce qui ne déplût vraisemblablement à personne, au final. Le « vrai sens » des paroles nous sera d'ailleurs livré par Arthur : Jimmy serait en fait en train de planer... Rosemary semblant contester l'affirmation, je laisse tout un chacun libre d'interpréter la chanson comme il le souhaite.

Le public adhère sans aucun doute aux nouvelles chansons, très diverses ; elles vont d'un festif country et entraînant à la gravité solennelle (je pense en particulier à la chanson dédiée au plus jeune condamné à mort aux USA) - et les « classiques » sont accueillies avec chaleur : « Private Lily », « Cottonflower » (très réclamée)... « Isabella », présentée par Arthur comme leur nouveau « single » (avant qu'il ne s'embarque dans une brève parodie des émissions de musique diffusées sur les grandes chaînes) est elle aussi très bien reçue.

Il serait difficile pour moi de ne pas oublier de détails tant la soirée fut mouvementée ! J'ai notamment été très séduite par la mise en scène, soigneusement étudiée, qui rapproche nettement le groupe d'une troupe de théâtre, à la fois pour les costumes, la cohésion, l'ambiance (bien sûr) mais aussi le sérieux professionnel dont ils faisaient preuve à chaque fois qu'il s'agissait de commencer une nouvelle chanson.

Une belle harmonie entre les membres du groupe (la preuve, ils chantent le plus souvent groupés autour d'un même micro et n'ont même pas besoin de setlist), une complicité précieuse avec leur public, une mise en scène imaginative et une musique entre le country, le folk et le blues qui transporte dans un univers à la fois onirique, mélancolique et pourtant très vivant qui, une fois sur scène, dégage une énergie chaleureuse et met de très bonne humeur ! Il ne reste plus qu'à attendre la sortie de l'album – le groupe s'est apparemment décidé depuis la semaine dernière pour le titre Dark line in the middle of town – actuellement en cours de mixage.

 

PS : et non, c'est pas moi qui suis en retard, c'est le webmaster qui a tardé à publier mon article :p

Edit 2/04/2011 : le nouvel album s'intitule en fait The Missing Room et est en ligne sur Deezer et Spotify !

 

"Pisser Debout", GiedRé.

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"Plus de Sucre", J.P. Nataf, Plus de Sucre.

(conseil : ne regardez pas les images et écoutez juste la musique parce que les associations supposées poétiques texte/images frisent un peu le ridicule xD)

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"Viens me le dire", J.P. Nataf, Clair.

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"Jimmy", Moriarty, Gee whiz but this is a lonesome town.

(clip magnifique qui m'a permis de comprendre toute la profondeur des paroles, d'ailleurs...)

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"Cottonflower", Moriarty, Gee whiz but this is a lonesome town.

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"Isabella", Moriarty, The Missing Room.

25 février 2011

... et comment s'en remettre.

... MAIS parce que je suis gentille et de nature optimiste (mais si, mais si), je vous propose également THE remède pour se remettre de la sale rupture ! Et ce, avec quatre autres chansons :

 

"Le 115", Bénabar & Associés, La p'tite Monnaie.

Parce que là plus que jamais il est important de garder le sens de l'humour... :p

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"My Favourite Game", The Cardigans, Gran Turismo.

Parce qu'il est important et sain (ou pas) de tout rejeter sur la faute de l'autre en se disant qu'on voulait le changer pour son bien et qu'on est un/e saint/e.

(au passage, vous comprendrez en lisant les paroles de cette entraînante chanson qu'il est bon de tirer une meilleure leçon que ça d'une relation qui a foiré !)

Et aussi parce que, qui ne rêve pas de faire un clip (inutile, certes) au volant d'une super décapotable ?

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"Plastik Heart", Dirty Pretty Things, Romance at Short Notice.

Parce que son pseudo ton léger fait du bien et parce qu'un jour on aura envie de passer à autre chose.

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"I Will Survive", Gloria Gaynor.

Parce que c'est la must du must sur les ruptures et qu'elle est tout simplement jouissive.

(pour info, vous pouvez aussi aller voir la vidéo suivante, trésor du web, qui transpose la chanson dans un contexte autre pour le moins décalé... -> I will survive )

 

27 janvier 2011

Première chronique de concert : les Klaxons !

Je me suis récemment faite "engager" par le webzine musical Mygmusique (qui publie des chroniques de concerts, d'albums et des interviews d'artistes) pour faire des compte-rendus des concerts où je me rends cette année :D

Le premier, c'était celui (génialissime) des Klaxons. DU COUP, je ne résiste pas à ma joie de retaper mon premier petit boulot ici... :D (Oh super, mon rêve de toujours, celui de devenir une rock critique célèbre et glamour invitée à tous les concerts VIP de mes groupes préférés est sur le point de devenir REALITE ! (ou presque)).

La version sur Mygmusique est dispo ici

PS : le site est sympa parce que les critiques sont accessibles et pas dans un jargon incompréhensible :) (même que j'ai appris ce que c'était la "Nu-rave" en faisant quelques recherches avant d'écrire xD)

 

 

Klaxons (+ Is Tropical) au Bikini le 18 janvier 2011



Avec seulement quatre dates en France et une seule dans le Sud-Ouest pour la tournée de leur nouvel album Surfing the Void, pas question de passer à côté du phénomène Klaxons, groupe phare de la « Nu-rave » anglaise, remarquable par son look fluo et sa musique rock électro psychédélique dont il est difficile de définir toutes les influences avec précision.

Non seulement les Klaxons à Toulouse ça ne se rate pas, mais alors les Klaxons au Bikini, encore moins ! La date n'est pas complète mais c'est un public conquis d'avance qui s'amasse avec bonne humeur devant la scène pour accueillir le quatuor londonien.

La première partie, Is Tropical, est pour moi une très bonne surprise. A première vue, je n'étais pas certaine d'apprécier leur musique ; leur style vestimentaire pour le moins... particulier, me laissait en effet assez perplexe (je n'aurais jamais pensé qu'un blouson de cuir pouvait, même dans l'imaginaire collectif, aller avec un jogging, mais après tout... !), d'autant qu'on ne voyait même pas le visage des trois musiciens, retranchés derrière leurs cheveux longs, leurs capuches, bonnets et « foulards », mais dès l'intro mes appréhensions s'envolèrent. Un batteur déchaîné, une bonne basse bien puissante et des mélodies convaincantes au clavier et à la guitare électrique pour une ambiance psychédélique qui préfigurait très bien celle des Klaxons : pile ce qu'il fallait pour se sentir bien dans l'ambiance !

L'entrée en scène des Klaxons se fait théâtrale : dans la fumée et sous la lueur bleue des projecteurs, ils prennent place sur une musique amusante par sa sonorité années 80 pour le moins décalée après Is Tropical. Autant dire que l'intro d'« Atlantis to Interzone » tranche radicalement et stimule d'emblée les foules – le premier mot que l'on peut entendre, « DJ! », balancé sur fond sonore de sirène stridente, est d'ailleurs très représentatif de ce à quoi se rapprochera l'ambiance finale : une boîte de nuit électro où tous les gens se trémoussent et rebondissent joyeusement les uns contre les autres, transcendés par de la (très) bonne musique.

Pour le coup, les Klaxons se la sont joués sobre niveau look (par rapport à la première partie, notamment), et c'est avec une classe énergique plus qu'efficace qu'ils enchaînent six titres sans reprendre leur souffle avant de s'adresser à leur public. Par les sourires satisfaits que les deux chanteurs arboraient avant même de s'aventurer sur le terrain de la redoutable grammaire française (plutôt pas mal maîtrisée concernant James Righton !), nul doute qu'ils avaient déjà senti l'engouement général et que cette première date à Toulouse s'annonçait déjà plus que bien pour eux comme pour nous.

La très appréciée « Golden Skans » fait mouche et nous redynamise pour l'avalanche de morceaux suivants avant de laisser place à la planante « Silver Forest », issue de l'EP Landmarks of Lunacy (cadeau de Noël du groupe en téléchargement gratuit sur leur site officiel). Mais c'est surtout avec « Two Receivers » que le groupe embarque son public pour une réelle transe dont l'intensité augmente avec le crescendo initial et explosera finalement avec « Magick » : difficile de ne pas se laisser aller à sauter dans tous les sens tant cette chanson a de puissance en live ! Le public se déchaîne tant et si bien que, lorsque le groupe s'interrompt brusquement, cela n'empêche pas tout le monde de continuer à sautiller sur place en hurlant le riff de guitare pour ensuite reprendre de plus belle, en totale phase avec la musique. Les gens semblent à peine fatigués, trop enthousiasmés pour songer à se ménager pendant les stimulantes « Valley of the Calm Trees » et « Cypherspeed ».

Le groupe ne tarde pas à réapparaître pour le rappel, trop heureux de pouvoir jouer deux chansons supplémentaires devant des fans aussi francs. « Echoes » réentraîne tout le monde dans une dernière chorégraphie approximative qui atteint son comble dès les premières notes annonçant la très attendue reprise de Grace « It's Not Over Yet ». Je pense que, en tant que groupe, lorsque votre public, après plus d'une heure et quart de jeu pour le moins électrique, termine en chantant en chœur ce qui pourrait être traduit en français par « non, ce n'est pas fini, pas encore » (déni évident de la fatalité que représente toute fin de concert génial), on est en droit de penser qu'on a fait du bon boulot... et le public pourrait donc être à même d'espérer une autre date au Bikini pour la tournée prochaine !

 

"South Pacific", Is Tropical

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"Atlantis to Interzone", Klaxons, Myths of the Near Future

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"Golden Skans", Klaxons, Myths of the Near Future

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"Echoes", Klaxons, Surfing the Void

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