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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle

Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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14 septembre 2012

Pascal Quignard.

 

 

"Ma vie est un continent que seul un récit aborde.

Il faut non seulement le récit pour aborder ma vie, mais un héros pour assurer la narration,

un moi pour dire je."

 

Pascal Quignard, La leçon de musique.

 

 

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2 septembre 2012

"Ils sont fous ces Anglais !" : de la météo.

J'aurais tellement de choses à dire à propos de l'Angleterre que je vais tenter de regrouper ça selon des thématiques (évidemment très) pertinentes. Commençons par le commencement... avant même de parler du campus, il me paraît essentiel d'aborder le (redoutable) point suivant : la  Météo.

 

Données et réception depuis le continent :

Quand on vit dans le Sud de la France et qu'on se prépare à vivre une année en Angleterre, on se prépare psychologiquement au Choc. Certes, il y a le mini-choc culturel. Certes, il y a le choc linguistique. Mais le Choc avec un grand C, c'est, bien sûr, le Choc climatique.

 

P1020174

Le Choc climatique vu depuis la fenêtre de ma chambre étudiante.

 

Enfin, ça c'est un peu parce qu'on a le même genre d'appréhensions par rapport au climat anglo-saxon que Kad Merad par rapport au Nord dans Bienvenue chez les Ch'tis – en sans doute bien pire (et à raison, quand même, parce que l’Écosse est un brin plus haut situé que le Nord-Pas-de-Calais).

Personnellement, quand je me suis retrouvée face à la liste de destinations Erasmus, j'ai rapidement fait le tri selon des critères assez lamentables mais néanmoins efficaces : je voulais l'Angleterre pour le charme de l'accent posh et pseudo RP mais je voulais avant tout survivre. J'ai donc opté pour le Sud de l'Angleterre, qui me laissait espérer que les températures seraient plus clémentes que dans le GRAND NORD. Mine de rien, ça réduisait déjà considérablement mes choix. Et parce que je suis chanceuse de nature, j'ai obtenu la première ville que j'avais demandée : Reading, à une demi-heure à l'ouest de Londres. Après avoir visité un peu le Nord de l'Angleterre – car le Royaume-Uni a lui aussi sa division et sa gentille rivalité Nord/Sud – et après en être revenue avec mon douzième rhume de l'année je peux vous dire que je n'ai pas regretté mon choix, aussi sympathiques qu'aient été les villes que j'y ai visitées.

Comprenez-moi bien, je ne doute pas que je serais revenue vivante de mon année Erasmus se fusse-t-elle déroulée à Édimbourg. Néanmoins, la seule véritable impression que j'avais du climat anglais se résumait grosso-modo à ce passage d'Astérix chez les Bretons :

 

 

Extrait du génial Astérix chez les Bretons d'Uderzo et Goscinny évoquant le Choc climatique.

(un must see pour tous ceux qui s'aventurent en terre britannique !)

 

Et ce n'est pas l'exil massif des Britons dans ma contrée campagnarde d'origine qui me rassurait sur ce point. Les quelques voyages que j'avais effectués en Grande-Bretagne avant de partir en Erasmus m'avaient laissé une impression favorable en ce qui concernait la météo mais je craignais que ma bienveillante clémence ne soit mise à rude épreuve sur une période plus prolongée...

 

Alors, la météo anglaise... mythe ou réalité ?

Avec le recul, je dirais que mes craintes étaient justifiées mais, très honnêtement, je m'attendais à bien pire ! En Angleterre, il ne pleut pas forcément tout le temps et il n'y a pas forcément plus de brouillard qu'en France (enfin, je suppose que ça dépend aussi d'où on se trouve et à quoi on le compare, les côtes sont sans doute moins épargnées... !). Le jour de mon arrivée (le 1e octobre), il faisait même super chaud ! Pour le coup, je n'avais pas prévu ça lorsque je suis montée dans l'avion en mode Eskimo se préparant à affronter le froid polaire (ou presque)... !

Le gros problème pour moi, ça n'a pas été tant la pluie mais plutôt le fait que le temps change très (très) rapidement. Ce qui avait le don de me rendre folle parce qu'il y a des moments où on ne sait vraiment plus comment s'habiller. Alors on se retrouve à fixer le ciel incertain et à essayer d'analyser : trop risqué pour sortir en jupe, trop ensoleillé pour porter un jean... reste plus qu'à trouver une pseudo solution d'entre deux. Oui, parce que s'il y a du soleil, on prend le pli très vite : on est TENU d'en profiter. Ça tient presque du sacrilège de rester enfermé ou trop couvert quand on a la CHANCE d'avoir de vrais rayons de soleil (qui chauffent et tout !). Ce qui n'est pas plus mal, d'ailleurs. Cela permet au Français râleur de se rendre compte qu'il ferait mieux d'arrêter de se plaindre parce qu'il fait soit trop froid soit trop chaud et qu'il a d'ailleurs bien tort de considérer le beau temps comme un dû et non pas comme un joli cadeau pour lequel il devrait apprendre à dire merci. Les Anglais sont nettement plus sensibles au phénomène - et à raison : ils se ruent dehors, investissent les coins d'herbe, sortent les verres teintés et enlèvent toutes les épaisseurs qu'ils jugent superflues au moindre rayon de soleil. Le continental remarquera assez vite que l'Anglais/e moyen/ne n'a d'ailleurs pas de grands scrupules quant à la température décente qui autorise la tenue estivale. Je ne suis pas prête d'oublier ce groupe de garçons qui jouaient au foot torse nu par 15°C fin février. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire en pensant que, si ces types-là vivaient à Toulouse avec les mêmes critères thermiques, ils se baladeraient topless pendant les deux tiers de l'année... ! Mais il faut dire que l'Anglais est 1) optimiste – autrement dit il veut croire en l'amélioration des conditions météorologiques ; 2) tellement habitué aux averses qu'il ne les remarque même plus – le Londonien sort son parapluie sans même sourciller avec une dextérité à en faire pâlir le Toulousain détrempé ; 3) répond à des codes vestimentaires compréhensibles de lui seul (ou presque) – mais je reviendrai à ce dernier point dans un autre article.

Pour vous la faire courte : tandis que le Français (et surtout le Français du Sud, boudu con !) vit la pluie torrentielle subite comme une expérience à la limite du traumatisme, l'Anglais trouve étrange d'interrompre un match de foot amateur pour une simple pluie de grêle momentanée (true story). Ce qui n'est pas sans provoquer certains problèmes de compréhension – et vous poussera sans doute à commenter de temps à autre : « Ils sont fous, ces Bretons Anglais. »

 

Bilan et conseils avisés d'une ancienne Erasmus :

Personnellement, j'ai été agréablement surprise par mon "Autumn Term" à Reading. Pas tellement de pluie, et quasiment pas de neige ! Je dus attendre le "Spring Term" pour avoir l'occasion de profiter de la vision de mon cher campus sous la neige – ce que j'attendais avec impatience, pour une fois, car la nature est si belle dans ce coin que j'avais hâte de voir ce que ça donnerait. Je me souviens par contre avoir été assez frappée dès le début par le gris quasi permanent du ciel - même s'il ne pleuvait pas forcément, du reste. J'en aurais presque oublié que ce n'était pas sa couleur naturelle. Cette interrogation s'est tristement ré-imposée à moi pendant le "Summer Term", qui n'a été summerish à proprement parler que pour une dizaine de jours sur la fin du mois de mai – ce qui, sur trois mois, était relativement peu, vous en conviendrez. J'avoue que ça a été LE moment climatiquement difficile à vivre : le fait que mon été ne ressemblait pas franchement à un été mais plutôt à un mois de novembre. Ce qui ne m'a pas empêchée de m'acheter plein de robes d'été alors que mes bottes prenaient l'eau, vous me direz, mais c'est une autre histoire... N'empêche qu'après ça je comprenais mieux la chanson de Placebo qui suit. Mais, pour leur défense, même les Anglais semblaient ne pas être habitués à un tel déluge estival - si j'en crois les nombreux "Je suis vraiment désolé... je vous jure, c'est pas toujours comme ça !" auxquels j'ai eu droit. Et c'est d'autant plus dommage que les coins verts ne manquaient pas sur Reading et que j'aurais pu passer des heures à explorer tous les jardins et à me promener dans les parcs ou au bord de l'eau... si seulement tout n'avait pas été trempé les trois quarts du temps. L'avantage, comme je le disais, c'est qu'on profite VRAIMENT du beau temps dès qu'il y en a... ! De sorte qu'on est poussé à faire des choses absurdes pour en profiter - tel que travailler (très inconfortablement) sur le rebord de la fenêtre juste pour pouvoir sentir le soleil sur sa peau.

 

 P1010071

Installation foireuse conséquence du Choc climatique.

 

Vous le saviez sûrement déjà mais je l'écris donc ici par acquit de conscience : les accessoires indispensables à une vie à l'anglaise sont donc 1) un parapluie (à avoir toujours dans son sac, même les jours de très bon augure) ; 2) des chaussures (et un sac de cours/à main) imperméables ; 3) un deuxième parapluie juste au cas où vous auriez fait l'erreur tragique d'acheter un parapluie tout pourri à £2 à Primark qui se soit retourné et cassé au premier coup de vent un peu trop violent. Guettez d'ailleurs les cimetières à parapluies improvisés près des poubelles sur les routes piétonnières par jour de grand vent, c'est assez amusant... (et vous pourrez toujours en faire votre affaire si vous n'avez pas suivi mes avisés conseils 1 et 3).

A savoir aussi : il y a de fortes chances pour que vos camarades Erasmus et vous-même restiez (profondément, j'en ai peur) marqués par la météo anglaise. Toutes les conversations post Erasmus que j'ai pu avoir avec mes amis débutaient toujours par un commentaire météorologique... Heureusement pour nous, la BBC avait prévu le coup : grâce à cet article, vous pourrez maintenant être réellement intéressant tout en parlant de la pluie et du beau temps ! Comme quoi, le proverbe se vérifie "Every cloud has a silver lining"... ! (équivalent plus poétique de "il y a du positif partout")

 

"English Summer Rain", Placebo, Sleeping with Ghosts.

Extrait des paroles évoquant le choc climatique :

 "Always stays the same, nothing ever changes,

English summer rain seems to last for ages."

 

Honnêtement, je me suis demandée si le mauvais temps ne jouait pas dans le fait que beaucoup des meilleurs groupes de rock du monde viennent du Royaume-Uni... Après tout, quoi de mieux pour se booster face à un temps maussade que de s'enfermer dans un garage avec ses potes pour s'entraîner à gratouiller des morceaux bien péchus ? ... Mais ce n'est bien sûr qu'une idée ! :D

 

 

27 août 2012

Erasmus : le bordel pré-départ et autres démarches.

Maintenant que je suis rentrée d'Angleterre, que j'ai terminé mon carnet de voyage et que je n'ai pas envie de me mettre à travailler pour ma rentrée j'ai un peu de temps libre, j'ai envie de remettre un peu de vie sur ce blog en écrivant tous les articles que j'avais envie d'écrire pendant que je vivais mon Erasmus. Tant qu'à faire, j'aimerais aussi que mon expérience serve de témoignage à ceux qui aimeraient se lancer dans l'aventure à leur tour et que ceux qui en reviennent puissent s'amuser à se reconnaître dans ce que je vais décrire.

Je vais donc essayer de commencer par le commencement en précisant d'abord le fonctionnement de l'échange et toutes les démarches administratives et autres joyeusetés par lesquelles vous allez devoir passer afin de préparer votre départ en toute sérénité (ou pas, parce qu'un départ, c'est très rarement serein, de toute façon, surtout si ça implique un déménagement à l'étranger).

 

Erasmus, concrètement, c'est quoi ?

C'est un échange entre deux universités européennes qui permet à un étudiant d'aller valider une partie de son cursus universitaire dans un autre pays. Classiquement, les étudiants partent pour six ou neuf mois dans le cadre de leur troisième année de licence (L3) ou leur première année de master (M1) – ça dépend des universités cela dit, les départs en L2 ou en M2 sont aussi possibles selon les cas. Sachez que vous n'avez évidemment pas besoin de passer par Erasmus pour aller étudier à l'étranger mais que ça facilite quand même énormément les choses – surtout si vous ne voulez pas effectuer l'intégralité de vos études à l'étranger – car vous restez inscrit dans votre université : pas d'éventuel problème d'équivalence, les cours que vous validez dans votre université d'accueil rentreront dans le cadre de vos études françaises. Pas de frais d'inscription plus élevés que ceux que vous payez d'habitude non plus (ce qui est un plus quand on veut partir étudier en Angleterre, par exemple... !). Évidemment, Erasmus c'est tout de suite plus intéressant pour vous si vous êtes étudiant en langues vivantes pour le côté « immersion linguistique et culturelle » mais ces échanges ne sont bien heureusement pas réservés aux linguistes.

En ce qui me concerne – histoire que vous compreniez bien que, forcément, certaines choses se passent différemment selon la durée ou la destination de l'expérience – je suis donc partie neuf mois au Royaume-Uni, dans le Sud de l'Angleterre, à Reading, où j'ai validé ma troisième année de licence LLCE Anglais – que j'ai commencée à l'université du Mirail, à Toulouse.

 

En général, pour un départ à la rentrée de septembre on commence à préparer son dossier après les premières réunions d'information, qui ont lieu vers mi-février (enfin, c'est du moins comme ça que ça se passe dans ma fac qui n'est peut-être pas LE modèle de l'organisation, loin de là). On peut bien sûr commencer à se renseigner plus tôt en cherchant des infos sur le site internet de sa fac (la section des Relations Internationales, par exemple). Vous pourrez déjà y trouver des infos, et notamment la liste des destinations possibles – c'est-à-dire la liste des universités avec lesquelles l'accord a été signé – qui varient selon la discipline que vous étudiez. Rien ne vous empêche non plus de prendre contact avec le/la/les coordinateur/coordinatrice/s avant les premières réunions si jamais vous avez des questions particulières – moi par exemple j'ai voulu m'assurer que c'était compatible avec le fait de valider un double diplôme. A savoir que vous renseigner sur les conditions de départ en Erasmus avant même que ne soient prévues les premières réunions peut constituer un plus pour votre dossier dans la mesure où ça montre que vous êtes bien motivé...

 

Les réunions.

Il y a une réunion pour chaque département qui participe à l'échange (ou en théorie, du moins...). Non seulement ces réunions vous permettent de rencontrer les coordinateurs qui seront en charge de votre dossier mais on vous y donnera aussi toutes les informations concernant l'échange en général ainsi que des précisions sur chaque destination proposée. Il est d'autant plus important d'y assister qu'on vous y donne aussi la liste des pièces à fournir pour le dossier de candidature ainsi que les premières pièces du dossier en question.

Sont aussi souvent organisées des réunions avec d'anciens Erasmus qui vous feront part de leur expérience, de leur ressenti et à qui vous pouvez poser des questions et demander des conseils. Vous pouvez aussi vous adresser à l'association étudiante Erasmus de votre université – ceux qui organisent des activités et des rencontres avec les étudiants étrangers – la plupart du temps il s'agit d'élèves qui sont eux-mêmes partis à l'étranger ou qui ont du moins l'habitude des démarches à entreprendre pour partir. Pour toute question concernant les bourses, il vaut mieux s'adresser directement aux Relations Internationales une fois que votre dossier aura été accepté.

 

Le dossier.

Pour autant que je sache, la motivation compte nettement plus que les résultats. Ne faites pas l'erreur de déclarer forfait avant même d'avoir tenté votre chance ! Il arrive parfois que certains partenariats ne soient pas honorés par manque d'étudiants volontaires pour partir... alors n'hésitez pas à candidater, même si vous pensez que vous n'êtes « pas assez bons » pour être choisis !

La première étape avant de vous lancer dans la composition du dossier, c'est de choisir les universités pour lesquelles vous allez postuler.  Pour mon cas, j'avais dû sélectionner deux villes (classées par ordre de préférence) sur les neuf ou dix proposées. Le nombre de places par destination dépend de l'accord – ça peut aussi bien être une place comme une dizaine, selon les universités.

Si mes souvenirs sont exacts, les documents les plus importants à fournir pour le dossier sont la lettre de motivation d'une part et le contrat d'études provisoire d'autre part. Pour la lettre de motivation, le secret, c'est d'être vraiment motivé. Si vous partez dans le cadre de vos études de langues, on vous demandera peut-être d'écrire dans la langue du pays en question – le but étant de voir votre niveau par la même occasion. Je ne pense pas qu'il y ait de format type, il suffit de dire ce qui vous pousse à partir, ce que vous espérez retirer d'une telle expérience, ce qui vous attire en particulier dans la ville ou l'université que vous avez choisie – glissez au passage quelques infos que vous avez récupérées vous-même, ça fera bien de voir que vous vous êtes renseigné ! Si vous pouvez contacter des étudiants qui connaissent les villes qui vous intéressent, ça peut vous aider à faire votre choix – et s'ils sont comme moi, ils seront ravis de répondre à vos questions et chercheront à vous convaincre qu'Erasmus est la meilleure expérience au monde et que la ville où ils sont allés est la meilleure destination possible :).

Pour le contrat d'études provisoire, ça se complique un peu... D'abord, il faut savoir que le contrat d'étude provisoire, c'est les cours que vous choisissez dans le catalogue des cours ouverts aux Erasmus dans l'université qui vous accueillera l'année prochaine. N'oubliez pas qu'il ne s'agit que d'une ébauche et qu'il y a de fortes chances pour que vous ayez beaucoup de changements à faire une fois sur place, ou même avant votre départ. Ne vous prenez donc pas la tête outre mesure si vous hésitez entre plusieurs cours... En revanche, il est important de ne pas le bâcler non plus : on essaye de tester votre motivation et votre débrouillardise en voyant si vous êtes capables de chercher et de trouver les informations par vous-même. Histoire de voir si vous serez capables de vous débrouiller tout seul et de mener à bien votre inscription une fois largué dans le pays d'accueil. Vous vous dites sans doute qu'une fois que vous avez trouvé où les informations se trouvaient sur le site internet de l'université, le reste ne sera qu'une formalité... Et bien pas tant que ça. Parce qu'il faut garder à l'esprit plusieurs choses : puisque vous partez étudier ailleurs mais que vous êtes toujours inscrit dans votre université, il faut faire attention à choisir des cours qui correspondent (plus ou moins) aux cours que vous auriez suivis si vous étiez resté sur place. Exemple, si vous partez pour votre troisième année d'Anglais et que les cours de L3 dans votre université « d'envoi » (la vôtre, quoi) comportent des cours de traduction, d'histoire et de littérature, il faudrait essayer de trouver des cours de traduction, d'histoire et de littérature dans votre université d'accueil. Ça rend les choix plus complexes, mais comme les programmes de votre université d'accueil seront forcément différents de ceux qui sont proposés dans votre université, on ne vous prendra pas trop la tête avec les équivalences non plus... L'autre détail à prendre en compte, c'est le nombre de crédits (les fameux crédits européens ECTS) qu'on vous accorde pour chaque unité d'enseignement (UE) validée. A savoir qu'il est important de vérifier si les crédits que vous choisissez sont bien exprimés en ECTS – par exemple, à l'université de Reading, 10 crédits anglais équivalaient à 5 ECTS... d'où de possibles erreurs de calculs ! Car on vous demandera de choisir vos cours en respectant la limite – qui est de 60 ECTS pour les neuf mois de L3 – on demandera moins aussi bien pour les étudiants de niveau Master que pour ceux qui ne partent que pour six mois. De plus, si vous êtes capable de justifier vos choix auprès du coordinateur, ça passera encore mieux – par exemple, moi qui m'orientais davantage vers un master littérature, j'ai pris plus de cours de littérature que de cours d'histoire.

A joindre également au dossier, d'autres papiers plus bateaux – du genre copie de la carte étudiante, etc.

Sachez aussi qu'en fonction du nombre de personnes qui ont postulé pour la même ville que vous, vous êtes susceptibles de vous voir attribuer une autre destination moins « populaire » afin de répartir toutes les candidatures et d'honorer tous les partenariats.

 

Félicitations, vous êtes sélectionné !

Une fois que vous avez reçu votre réponse, vous aurez d'autres réunions – parfois avec les autres personnes qui ont été sélectionnées pour la même ville que vous (et avec qui il est sympa d'échanger ses coordonnées, histoire d'avoir quelqu'un avec qui échanger par rapport aux nouveaux papiers à recevoir, remplir, faire signer et renvoyer – un très bon moyen d'apprendre à connaître ceux que vous serez amenés à recroiser sur place, aussi... !). Parmi les nouvelles formalités, vous aurez à modifier votre contrat d'études en fonction des cours dans lesquels vous aurez été acceptés ou non. Ce contrat devra ensuite être signé dans votre université d'accueil, puis renvoyé à votre université pour être validé. Vous ne pourrez "en finir" avec ce papier qu'une fois que vous aurez vérifié qu'aucun cours ne se chevauche dans votre emploi du temps, donc inutile d'essayer de tout régler avant d'être arrivé à destination. Il vous faudra aussi signer et renvoyer divers papiers (qui se répètent un peu les uns les autres, d'ailleurs) comme quoi vous acceptez officiellement votre place. Vous devrez finaliser votre inscription dans l'université d'accueil via internet – c'est parfois dès ce moment-là qu'on peut postuler pour un logement universitaire, en fonction de l'organisation propre à l'université que vous avez choisie. Vous pourrez aussi demander plusieurs aides financières – je vous avouerai que je ne m'y connais pas beaucoup dans ce domaine car je n'avais demandé que la bourse Erasmus, qui est offerte à tous les étudiants qui partent à l'étranger, boursiers ou non. (C'est d'ailleurs la plus facile à obtenir car il suffit de cocher une case sur un papier et de fournir un RIB aux RI, haha...)

Parmi les dernières formalités, il faut bien sûr penser à son assurance maladie – les sécurités sociales étudiantes vous feront un topo à ce sujet vers la fin de l'année – afin d'être couvert, même à l'étranger. Il sera en effet avantageux pour vous d'être pris en charge par la sécurité sociale française par rapport à celle de l'autre pays (déjà parce que ce serait sans doute plus difficile à comprendre niveau organisation, déjà que la française n'est pas toujours un cadeau de ce côté-là, imaginez essayer de déchiffrer celle d'autres pays dans une autre langue... !). Attention aux petites lignes des contrats, donc...

N'oubliez pas de vous inscrire à votre fac, aussi ! La procédure ne changera pas par rapport à d'habitude, vous aurez même à choisir et à vous "inscrire" à des cours que vous ne suivrez pas, au final...

Je ne détaille pas davantage ces étapes-là car on vous remettra de toute façon un dossier récapitulatif vous expliquant toutes les dernières démarches à effectuer avant votre départ.

Une fois toute cette paperasse réglée, il ne vous restera plus qu'à réserver votre billet d'avion... !

 

Et afin d'avoir un petit aperçu de votre année à venir, vous pouvez regarder cette vidéo (très réussie et très parlante) d'un ancien Erasmus italien au Royaume-Uni :

 

"Sorry, I'm Erasmus!" by Giuseppe Turchiaro.

 (pour un avant-goût de cette AVENTURE extraordinaire !)

 

2 août 2012

L'auberge Espagnole, Cédric Klapisch - ou comment résumer une année Erasmus en moins de deux heures.

Comme vous l'aurez compris (parce que j'ai dû le répéter déjà moultes fois sur ce blog), cette année je suis partie en Erasmus au Royaume-Uni. Il y a énormément de choses que j'aurais à en dire (et que j'aimerais dire) mais pour l'instant, j'ai un peu de mal à m'y mettre... Sans doute parce que ça voudrait dire que c'est bel et bien fini. Certes, ce n'est pas parce que je ne finis pas mon carnet de voyage que l'expérience n'est pas déjà terminée (elle EST en effet déjà terminée étant donné que je suis rentrée d'Angleterre le 1e juillet). MAIS, de là à me considérer prête à en faire le bilan final, ce n'est pas tout à fait la même chose, psychologiquement parlant... Mais je parlerai de tout cela plus tard et en plus détaillé. Pour l'instant je vais me servir d'un film (génial) que j'ai déjà cité sur ce blog au moment de mon départ pour cadrer le résumé que j'aimerais écrire maintenant sur mon année Erasmus.

 

Il s'agit de L'auberge Espagnole, de Cédric Klapisch. Autant vous dire que tout étudiant se préparant à un séjour Erasmus ne peut décemment partir sans le voir – et encore moins si vous partez en Espagne – l'action se passe en effet à Barcelone. Klapisch étant l'un des réalisateurs français que je préfère, je me suis empressée de montrer le film à mes amies Erasmus lorsque j'étais encore en Angleterre et ça faisait plusieurs semaines que j'avais envie de le revoir pour voir comment ça faisait, avec le recul post-expérience. Sauf que, comme j'avais justement peur de fondre en larmes en même temps que le héros lorsqu'il rentre en France, je tournais un peu autour de mon DVD...

Ce qui m'a forcée à passer outre mon appréhension hier soir, c'est le fait que je rentrais moi-même de Barcelone et que j'avais bien envie de voir si j'arrivais à reconnaître certains lieux qui figurent dans le film. Bref, comme bien souvent, ma jauge "envie" a fini par dépasser ma jauge "peur" et me voilà de nouveau plongée dans ce film que je connaissais par coeur. Sauf qu'après avoir vécu ma propre expérience, j'ai apprécié mille fois plus ! J'ai trouvé le récit tellement proche (et pourtant tellement différent aussi) de ma propre expérience que j'ai eu envie de souligner les différentes parties qui le composent et qui, pour moi, sont comme des passages obligés de l'année Erasmus.

 

[Si jamais vous n'avez pas vu le film, je vous conseillerai de le visionner avant de lire la suite. Voire de regarder le film, de partir en Erasmus, puis de revenir lire cet article et de me dire ce que vous en pensez. Enfin, c'est juste une idée :D]

 

Le synopsis en trois mots : Xavier (Romain Duris – l'acteur fétiche (et génial) de Klapisch) est un jeune parisien qui étudie l'économie sans trop savoir pourquoi. Il espère décrocher un poste au Ministère de l'Economie pour lequel son père l'a pistonné. C'est pour cela qu'il décide de partir en Espagne pour neuf mois. Laissant derrière lui sa mère baba cool (Martine Demaret) et sa petite amie un peu difficile (Audrey Tautou), il embarque pour Barcelone. Une année riche en enseignements suprenants et inattendus s'annonce...

 

1 – Le dossier :

En premier lieu, il y a bien sûr la décision. On a envie de bouger, de voir du nouveau, de saisir cette occasion en or de pouvoir étudier dans un pays étranger. Et ce genre de choses ne se décide pas au dernier moment ne serait-ce que parce qu'il faut le temps de rassembler tous les papiers. On stresse un peu jusqu'à la réponse finale : votre dossier a été retenu, vous n'avez plus qu'à accepter la place qu'on vous offre dans l'université d'accueil – et à vous lancer dans les démarches administratives supplémentaires que cela entraîne.

 

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"Il a fallu que je me renseigne à ma fac sur les échanges universitaires européens. Ça s'appelle Erasmus. Et c'est un bordel innommable. [...] Pour m'inscrire à un DEA en Espagne, ça m'a pris trois mois." (5:41)

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2 – Le départ :

Tant qu'on est occupé à préparer tout ça, on n'a pas trop le temps de penser à ce que le départ entraînera – ou du moins on se focalise plutôt sur le positif, l'excitation. On est content de partir... et puis plus le jour décisif se rapproche et plus on a des doutes. On ne peut rien anticiper pour la bonne raison qu'on ne connaît pas encore les lieux, qu'on sait bien que ça dépendra des rencontres qu'on fera... Alors en attendant, on ronge son frein et on stresse un peu plus – finalisation des papiers, dernières réunions et enfin, les valises (grand moment de plaisir) et l'aéroport. Et alors, au moment de décoller... Au moment de décoller on se rend compte qu'on laisse derrière soi tout son petit monde, les gens qui vous aiment, la vie que vous vous êtes créée et dont le confort familier vous semble bien agréable et rassurant, tout d'un coup... On se demande pourquoi on part finalement. On se doute qu'on ne regrettera pas sa décision, mais on se pose quand même des questions : Est-ce que je ne fais pas une erreur ? Est-ce que je suis en train de tout casser ? Mes relations avec mes proches resteront-elles les mêmes ? Ce genre de choses... et on ressemble un peu à ça :

 

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"Je vous ai vu pleurer dans l'avion... Vous aviez l'air tellement triste, ça m'a rendue triste aussi." "Ben oui... on se dit qu'on est content de partir, qu'on est fort... et puis une fois en l'air, moi j'savais plus trop... C'est pas facile de partir comme ça j'trouve. On laisse plein de trucs derrière, on sait pas trop où on va." (21:36)

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3 – L'installation :

Et puis après, on est lancé, alors on n'a pas le choix. Il y a de toute façon tellement de choses à faire une fois sur place qu'on n'a pas franchement le temps de réfléchir à ce qu'on vient de faire. L'excitation revient aussi, car on a tout à découvrir. On commence déjà à rencontrer les premières personnes qui feront partie de notre expérience (pour Xavier, ce sera le couple Jean-Michel et Anne-Sophie à l'aéroport). Mais c'est quand même bizarre d'être là. Pour être honnête, on ne comprend pas trop ce qu'on fiche ici. La seule raison qui fait qu'on se retrouve là, dans un environnement vierge dans lequel on n'a aucun repère et aucun souvenir, dans cette nouvelle vie qu'on se construit petit à petit et au jour le jour, c'est cette décision soudain très lointaine, abstraite et incompréhensible – le fameux jour où vous avez demandé à remplir un dossier.

 

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"Quand on arrive dans une ville on voit des rues en perspective, des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. [...] plus tard on aura habité cette ville, on aura marché dans ces rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ces bâtiments, on aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l'aura pris dix, vingt, mille fois. [...] Au bout d'un moment, tout ça vous appartient parce qu'on y a vécu. C'est ce qui allait m'arriver, et je le savais pas encore." (13:34)

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Ensuite, ça devient un peu difficile de garder une chronologie type...

Mais il y a le nouveau chez-soi,

 

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les cours (avec les difficultés que cela entraîne niveau compréhension, exigences, fonctionnement.. Dans le film, cela est bien représenté par le fait qu'un des professeurs donne son cours exclusivement en catalan),

 

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les nouvelles rencontres,

 

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les nouveaux repères...

 

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Et tout ça varie selon sa propre expérience, bien entendu.

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Mais il reste selon moi certains moments "obligés" (et pas toujours agréables) qui font partie de l'éxpérience :

 

4 - Tomber malade :

Même un rhume tout con peut soudain vous faire paniquer un peu... Non seulement parce que vous ne connaissez pas forcément suffisamment bien les gens qui vous entourent pour leur demander de vous prendre les cours ou de vous apporter des médocs si vous avez quarante de fièvre mais aussi parce que, d'un coup, vous vous rendez compte qu'il va vous falloir aller chez un médecin qui ne parlera pas votre langue natale et que, d'ailleurs, ça ne fonctionne peut-être pas du tout pareil que chez vous. D'un coup vous vous reprochez de ne pas avoir prêté plus attention aux discours des gens de l'assurance maladie, de ne pas avoir lu les petites lignes des contrats de votre mutuelle... Vous pouvez visualiser avec précision dans votre tête le médicament qui vous soigne à tous les coups et que vous avez toujours dans votre pharmacie mais que, si ça se trouve n'existe même pas dans le pays où vous vous trouvez (ou possède un nom qui est juste imprononçable et/ou que vous ne connaissez même pas). En dehors des nombreuses crèves répétitives que j'ai chopées (météo anglaise oblige), j'ai aussi innové en peu en chontractant une conjonctivite... mais ce n'est qu'un exemple, à vous de faire mieux :D ! Xavier, lui, finit par tomber malade parce qu'il n'arrive pas à dormir – ce qui me mène d'ailleurs au passage obligé suivant.

 

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"J'crois que ça va mal. Je dors plus, j'suis déprimé, j'sais pas si c'est normal..." (1:28:00)

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5 - Le n'importe quoi :

 

Parce qu'Erasmus est un truc qui se vit une fois, qu'on rencontre beaucoup de nouveaux gens dans un nouvel environnement, qu'on essaye en permanence de nouvelles choses et qu'on dépasse ses limites, on en vient à faire des choses qu'on n'aurait jamais cru faire un jour ou qu'on n'aurait jamais faites "avant". Alors on se perd un peu, on n'est plus trop sûr de qui on est... On a perdu ses habitudes pour en prendre de nouvelles et on finit par se demander si on est toujours la même personne. L'impression est d'ailleurs encore pire quand on retourne chez soi pour les vacances. On ressemble alors un peu à ça :

 

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Heureusement, bien souvent, on reste pris dans son quotidien à cent à l'heure et on est trop occupé à en profiter au max pour vraiment s'en soucier. Et les occasions d'en profiter ne manquent pas... !

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6 – Les soirées :

On entend en effet beaucoup parler des "soirées Erasmus"... et pour cause ! De rencontre en rencontre (parce que Machin connaît Machin qui est en cours avec Machine et qui, d'ailleurs, habite avec Machin, etc), on finit par connaître un peu tous les autres étudiants internationaux. Et c'est souvent les mêmes qu'on retrouve à toutes les soirées, qu'elles soient organisées "officiellement" par l'association Erasmus de la fac comme lancées à la râche par un message collectif facebook vingt minutes avant l'heure de rendez-vous. Alors on finit par se sentir proche les uns des autres et à s'apprécier sans se connaître plus que ça, surtout au début, simplement parce qu'on vit tous un peu la même chose au même moment. Et là, je dois avouer qu'on ressemble souvent à ça :

 

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Bien sûr, Erasmsus ne se résume (heureusement) pas en soirées qui finissent comme ça :

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Non, il y a aussi les repas, les soirées DVD, les voyages entre amis et les longues discussions sur les différences entre les pays... (je suis convaincainte là, c'est bon ?)

 

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7 – Le retour :

Et puis, très vite, sans qu'on s'en rende compte, il faut déjà faire face aux préparatifs du retour (je sais, c'est déprimant). Alors c'est un peu le même bordel que pour le départ, en sens inverse et en un peu pire. D'une part parce que vous avez maintenant le double d'affaires à trier et à éventuellement ramener chez vous et qu'il faut néanmoins réussir à faire tenir dans les mêmes valises (voire la même valise), mais surtout parce que, contrairement à lorsque vous êtes parti de chez vous la première fois, vous savez cette fois-ci que ce voyage sera "sans retour". Je ne veux pas faire dans le dramatique – même si ça l'est un peu, surtout quand on le vit soi-même - mais on ne peut pas s'empêcher de se dire que, même si on revient habiter à l'endroit où on a vécu en tant qu'Erasmus, ce ne sera plus du tout pareil puisque l'ambiance et les gens qu'on y a connus n'y seront plus. C'est donc là que commence à arriver la "dépression post-Erasmus". On n'arrive pas à dire au revoir – on ne sait pas trop quoi dire d'ailleurs. On ne réalise pas que c'est fini. On fait la liste de tous les trucs qu'on aurait voulu faire et qu'on a pas eu le temps de faire parce qu'on était trop occupé... Et là on ressemble à ça :

 

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"Voilà, j'allais partir le lendemain. On avait tous décidé d'aller dans un bar à côté pour se dire au revoir. Moi j'me sentais pas prêt. ... J-j'avais pas fini de faire mes bagages." (1:40:00)

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8 – Le post-Erasmus :

Et puis après on est rentré. On reprend les mêmes habitudes qu'avant, c'est un peu comme si on n'était jamais parti. On ne sait pas trop quoi raconter à propos de son année quand on nous demande "Alors, c'était comment ?". On trouve que tout a l'air bizarre (super FRANCAIS, par exemple). On a même du mal à reconnaître sa langue maternelle quand elle est parlée dans la rue. On se demande ce qu'on fout ici alors même qu'on venait juste de trouver sa place ailleurs, dans un autre pays. Et pourtant, ça paraît normal d'être rentré. Quelque part, on est content. Mais on se sent différent, on a un peu de mal à faire le point, le lien. Et alors, on ressemble à ça :

 

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"Je me suis retrouvé dans les rues de Paris où les Parisiens vont jamais. J'étais un étranger parmi les étrangers. Pourquoi j'étais là je savais pas. J'ai en général jamais su pourquoi j'étais là où j'étais." (1:48:00)

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Et ce qui est trop bon quand on regarde L'Auberge Espagnole c'est qu'on se sent entièrement compris et qu'on peut rire de soi-même à travers les états d'âme de Xavier parce qu'on s'y reconnaît trop bien.

Le film met l'accent sur des détails qui rendent l'histoire encore plus vivante : les photos qui ornent la chambre, les étagères étiquetées du frigidaire, les fautes de langue toutes bêtes qu'on a du mal à éviter au quotidien parce qu'on n'a pas le temps de préparer les phrases dans la tête, le jonglage constant entre deux langues (parfois dans une même phrase – parce que des fois on se rend compte trop tard qu'il nous manque un mot pour continuer sa phrase), les visites de la famille et des amis, les habitudes qu'on laisse et qu'on reprend comme si de rien n'était (Xavier qui met le couvert chez sa mère), les leçons imprévues du séjour (Martine, la petite amie de Xavier, qui n'était sans doute pas la bonne pour lui), les occasions manquées (Neus la mignonne petite Espagnole que Xavier ne découvre vraiment qu'à la fin)... Ce sont tous ces petits détails que j'avais zappés jusque-là qui ont fait écho en moi lorsque j'ai re-regardé le film hier. La plus belle leçon reste que, évidemment, Xavier renonce à sa vague ambition première d'entrer au ministère de l'économie pour embrasser la voie dont il rêvait quand il était petit. L'Espagne lui a apporté bien plus qu'une ligne de plus sur son CV. Après s'être dépassé, il a maintenant le courage de suivre son rêve de toujours, qui est d'écrire – même si, dans l'immédiat, ça le fait ressembler à ça :

 

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Et là aussi, je me retrouve tout particulièrement dans cette histoire puisqu'en septembre, j'ai la chance de rentrer dans le cursus professionnel que je voulais et qui se trouve être le même que celui de Xavier.

"Je choisis un avenir sans débouché. Je vais faire tout ce que j'ai toujours voulu faire – tout paraît clair, simple, limpide à présent. Je vais écrire." (1:51:00)

 

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"J'suis français, espagnol, anglais, danois. J'suis pas un mais plusieurs. J'suis comme l'Europe, j'suis tout ça. J'suis un vrai bordel. J'peux enfin commencer à tout vous raconter. Tout a commencé là, quand mon avion a décollé. Non, non, c'est pas une histoire d'avion qui décolle, c'est pas une histoire de décollage... Après tout si, c'est une histoire de décollage." (1:53:00)

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Et pour clôturer, une chanson de Radiohead que Klapisch a l'air de beaucoup aimer vu le nombre de fois qu'il l'utilise dans le film - ce dont je peux uniquement le féliciter :

 "No Surprises", RadioheadOK Computer.

 

13 juillet 2012

"Empty furry embrace"

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Dessiné le 12/07/2012, en hommage à mon petit cochon d'Inde sans lequel la maison paraît toute vide...

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15 juin 2012

Once Upon A Time.

 

Mr. Gold: "I think he might still be really angry."


Archie: "Anger between a parent and a child is the most natural thing in the world."


Mr. Gold: "I think he might be here to try to kill me."


Archie: "Ah. Right. That-that's not."

 

 

Episode 4 of Once Upon A TimeAdam Horowitz and Edward Kitsis.

 

 

20 mai 2012

Marc Dubuisson.

 

"Mon père m'a toujours dit que si t'as touché le fond mais que tu continues de creuser,

tu finiras bien par te retrouver en Australie..."

 

"Ah ouais, c'est pas con..."

 

Marc Dubuisson, Les grands moments de solitude de Michaël Guérin.

 

 

4 avril 2012

Easter Break (ou comment pondre un article super long à une heure tout à fait normale après une très longue période de silence)

Autant j'avais décidé de ne pas faire la fine bouche et de rentrer pour tout le mois de vacances que l'université de Reading m'avait gracieusement octroyé pour les vacances de Noël, autant j'ai décidé de ne pas en faire autant pour les vacances d'Avril. Parce que quand même, quand on y pense, une année Erasmus, ça dure déjà que neuf mois, ce qui se révèle très vite être une durée assez courte... Alors si on commence en plus à virer deux autres mois complets, on se retrouve plus qu'avec sept mois - ce qui finit par friser le ridicule quand on pense à toutes les choses qu'on aimerait faire tant qu'on est là-bas. Quand on a la chance de pouvoir vivre à l'étranger pour une durée déterminée, autant en profiter au max !

Tout ça pour dire que j'ai donc résolu de rentrer en France pour une dizaine de jours seulement, en mode warrior - c'est-à-dire avec un seul petit sac-à-dos en guise de bagage. (Pour être honnête, c'est un peu plus en mode SDF qu'en mode warrior que je débarque puisque je vais en fait aller de squattage en squattage dans différentes villes chez différents amis... mais bon, "warrior", ça fait un peu plus classe que "hobo", tout de même...)

Sauf que, voilà, je n'étais apparemment pas la seule à vouloir m'envoler pour la France sur cette période-là - Pâques oblige. (Autrement dit, je me suis un peu étouffée sur les prix Easyjet Gatwick-Toulouse.) Ce qui m'a conduite à pousser l'expérimentation un peu plus loin en bouclant une réservation Ryanair Stansted-Bergerac. Non, non, vous ne rêvez pas, je parle bien d'une communication directe Londres-Bergerac. A chaque fois que je me renseignais sur les vols sur le site de cette sympathique compagnie low-cost bleue et jaune et que je commençais à taper "BER" dans la case "destination", j'avais le choix entre "Milan-Bergamo" ou "Bergerac". Après moultes hésitations, je cliquais toujours résolument sur Bergerac. Parce que, tout de même, qui voudrait aller à Milan quand on peut aussi choisir Bergerac JE VOUS LE DEMANDE.

Ayant résolu de faire un crochet par Bordeaux avant de répondre à l'appel du manque de cochon d'Inde et d'attrait pour la cambrousse natale, je planifiai gentiment mon trajet et séjour bien à l'avance - c'est-à-dire la veille au soir de mon départ avant de m'occuper de mon sac - pour me rendre compte avec délices que 1) l'aéroport était à 15 minutes en voiture du centre-ville ; 2) il n'y avait aucune navette jusqu'au dit centre-ville, uniquement des taxis et une agence de location automobile (lol) ; 3) si je me loupais le train de 18h55, j'étais dans la merde puisqu'il n'y en avait pas d'autre avant 5h du matin le lendemain. Autrement dit, j'adorais déjà Bergerac. En bonne bobo vivant à une demi-heure de Londres, je dois avouer que j'avais du mal à me confronter d'un coup aux contraintes spéciales bled paumé en si peu de temps. Ce n'était plus "In (fucking) Bruges" mais "in fucking Bergerac". Et je n'étais même pas encore dans l'avion.

Au final, j'étais plutôt bien contente d'y arriver, à Bergerac, parce que j'avais judicieusement choisi de rentrer en France le jour-même où des mouvements de grève se déclaraient dans les aéroports (Good old France!). En voyant la tête que tiraient les gens qui étaient supposés embarquer pour Biarritz ou autres et qui rebroussaient à présent chemin vers l'entrée de l'aéroport, je me suis dit que je n'étais pas tellement à plaindre... Mais là où Bergerac l'a vraiment made it up to me c'est au moment de l'arrivée. Le contrôle des douanes était juste trop drôle tellement on se serait cru dans un hangar. Un hangar dans lequel on aurait calé un (notez le singulier) contrôle douanier affublé d'une de ces ridicules files d'attente au rendement spatial optimal dans laquelle s'agglutinaient sagement un bon tas de Britanniques au stoïcisme admirable - vivant en Angleterre, je suis bien placée pour savoir que les Anglais voient suffisamment de choses absurdes au quotidien pour ne pas se formaliser d'un pareil accueil mais tout de même, j'avais bien l'impression d'être la seule à me retenir de rire dans ce qui était supposé être un terminal international et qui ressemblait davantage à un local d'élevage en batterie qu'à un aérogare.

Même si ça ne m'aurait vraisemblablement pris que cinq minutes sur mon programme (lol bis), j'ai préféré reléguer ma visite de l'aéroport dans son ensemble à mon retour et ai tâché de repérer immédiatement le signe des taxis - pas facile avec le soleil dans les yeux... Good old France! En guise de taxis : deux véhicules garés dans un coin avec les portières grandes ouvertes et entre les deux, les chauffeurs plongés en grande conversation. Résolument sympathique mais pas stressée pour un sou, la madame chauffeur entreprit de placer mon pauvre Eastpak turquoise dans l'énorme coffre de sa voiture genre Espace et m'invita chaleureusement à m'installer pendant qu'elle terminait sa conversation. Ce flegmatisme faisait tellement office de "Bienvenue dans le Sud-Ouest de la France, j'espère que vous n'êtes pas pressés, prenez-donc un verre de tariquet bien frais" que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Mon sourire ne fit que s'élargir alors que j'entamai une discussion détendue avec la petite madame ("A quelle heure est votre train ? ... Oh ! on aurait le temps d'y aller trois fois !") sur les thèmes traditionnels de la météo, de la climatisation, des Anglais et/ou de l'Angleterre, de la campagne, de l'aéroport minuscule... d'autant que, en embrassant du regard la vue pittoresque que j'avais sur la rivière, les églises et maisons de campagnes, le tout baigné d'un beau soleil doré, je crois avoir enfin compris le charme qui entoure ma région d'origine. Le mythique "Sud della Francia" au cachet international... La preuve de cette légende, quelques jours avant les vacances, alors que je préparais mon oral d'Italien (oui parce que j'ai décidé de reprendre des cours d'Italien en Angleterre, logique...), je vérifiais comment on disait sud en Italien dans un dictionnaire Anglais-Italien - histoire de pouvoir dire que j'étais una studentessa francese du Sud de la France - quand je suis carrément tombée sur l'expression "il Sud della Francia" dans l'entrée "Sud"... ce qui n'a pas été sans me suprendre parce que, autant je pouvais comprendre que les Anglais puissent fantasmer sur le climat du coin, autant je n'aurais pas cru que les Italiens avaient quelque chose à nous envier à ce niveau-là... et pourtant, here it was, écrit noir sur blanc, comme si c'était une notion hyper importante associée au mot Sud qu'on était susceptible d'employer a lot. Comme quoi il n'y avait pas que le climat qui était en jeu, là-dedans, mais quelque chose d'autre, une sorte d'aura, peut-être... Marrant quand même... ! Tout ça pour dire que, la cambrousse, ça a quand même du bon. C'est rigolo - pour peu qu'on s'y enterre pas - et puis c'est drôlement beau, relaxant tout ça tout ça...

Une fois arrivée à la gare et acheté mon billet, je me mis en quête de toilettes (je sais, ma vie est trop géniale) - et, le hall étant constitué de deux guichets, d'une borne automatique, de deux commerces (fermés) et de zéro signe indicatif, l'affaire n'était pas si aisée que ça. Je finis par les trouver dans un coin du quai A et restai plantée piteusement devant la porte en fouillant dans mon porte-monnaie à la recherche de deux malheureuses pièces de 20 centimes que je n'avais pas. Comme non seulement je n'avais pas l'air très fine à fixer tristement la pancarte expliquant qu'on ne me rendrait pas la monnaie une fois que j'aurai inséré mes pièces, mais qu'en plus un type (sur les trois personnes qui se tenaient sur le quai) me reluquait de façon peu sympathique (argh, good old France...) à quelques mètres de là, je décidai de profiter de mon temps libre pour aller dans un des bars en face de la gare (ou comment finir par payer 3€ au lieu de 40c pour aller pisser)

Je rentrai donc dans le bar/brasserie qui me paraissait le plus susceptible de proposer des brownies (la traversée de la Manche ça creuse)... pour vite comprendre que je pouvais oublier mes envies de chocolat. Non seulement l'endroit était désert mais il ne présentait en plus de cela aucune vitrine à desserts. Dommage. Un black qui devait avoir la quarantaine sortit du fond du bistrot et se figea net en me voyant, clignant des yeux comme s'il était ébloui par la lumière extérieure. "Heu... un jus d'orange, c'est possible ?" "Mais bien sûr !" s'exclama-t-il avant de s'emballer et de me proposer, plutôt, un jus de goyave ("non, pas goyave parce que j'en ai plus") ou de mangue parce que, quand même, l'orange, c'était "fade", comme jus. Me laissant convaincre, je m'empressai de faire un tour aux toilettes avant de m'installer au bar pour siroter le verre frais qu'il venait de me servir. Le sympathique barman m'engagea alors la causette, m'expliquant que je lui avais presque fait peur parce que j'étais décidément bien jolie, avec mon grand sourire et mon chapeau - "ah, heu, merci... !" - et me demandant d'où je venais puisque, comme il connaissait "toutes les jolies filles de Bergerac", il était certain que je n'étais pas de la région. Comme je lui expliquais d'où je venais et pourquoi je revenais d'Angleterre, il s'enthousiasma : "Ah ! j'étais sûr que tu étais une intellectuelle, j'ai pu le sentir dès que tu es rentrée ici !" "Ah bon ?" "Oui bien sûr ! Tu dégages quelque chose de différent, on sent que tu es plus... comment dire, intéressante." "Ah heu, hé bien, c'est gentil, merci..." "Dès que je t'ai vue, je me suis dit "Ah, celle-là, c'est une fille comme tu les aimes"." "Haha, vraiment..." "Oui bien sûr ! Tu as cette aisance, cette attitude qui dit "le monde m'appartient"..."

Sur le coup, j'avoue que j'ai tiqué en entendant ça, parce que je me sens en effet beaucoup plus sûre de moi avec toutes les aventures que j'ai vécues depuis le début de l'année (et même bien avant, avec tout le chemin que j'ai parcouru dans ma petite vie)... Je n'avais pas besoin qu'un barman dragouillard me le dise pour réaliser que j'avais pris de l'assurance et que j'étais devenue bien débrouillarde, au final, mais il n'empêche que ça fait toujours bizarre d'avoir une confirmation extérieure de ce que que l'on ressent (ou que l'on aimerait bien croire - surtout deux jours après une crise existentielle du genre "que fais-je, où vais-je ?" à laquelle on n'a pas franchement trouvé de réponse). Je me sentais d'autant plus à l'aise que le type est resté tout à fait charmant et professionnel (au contraire du reluqueur du quai de la gare, par exemple) et que je me suis également dit que, il n'y a pas si longtemps de ça, ses compliments m'auraient sans doute mise très mal à l'aise. Au lieu de ça, on a discuté un peu de sa vie, des voyages, de sa "timidité" (lol ter), de son business, du groupe qui jouerait là prochainement... J'ai promis de repasser la prochaine fois pour dire bonjour si j'avais du temps, mais qu'en attendant, je préférais y aller pour ne pas me louper mon TER - qui grinçait tellement qu'à plusieurs reprises je me suis demandée si quelqu'un jouait de la flûte péruvienne dans un coin ou si c'était juste moi qui hallucinais.

 

Bref, je suis rentrée en France pour les vacances.



27 mars 2012

"Facing reality"

 

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Dessiné le 27/03/2012.

11 mars 2012

Jean-Luc Godard

 

 

"I don't know if I'm unhappy because I'm not free,

or if I'm not free because I'm unhappy."

 

 

Jean-Luc Godard, A bout de souffle.

 

 

 

 

 

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