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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle

Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
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Les Errances Enjouées de Neus Amaëlle
  • Les fantaisies d'une petite littéraire bien entourée, en quête de sérénité dans un monde joyeusement chaotique, qui aime écrire, s'intéresse à plein de trucs & trouve que la vie, même si c'est un peu n'importe quoi, c'est drôlement chouette, quand même.
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8 juin 2011

Le cabinet vétérinaire

De l'amour des animaux.

Depuis janvier 2007, je suis l'heureuse propriétaire d'une petite boule de poils prénommée Cookie - mais plus souvent affectueusement désignée par diverses périphrases attentionnées du genre "le tas" (devenu un véritable nom générique dans ma famille), "le petit rond", "ma crêpe" et autres absurdités qui me viennent spontanément à l'esprit lorsque je niaise sur mon cochon d'Inde (car oui, il s'agit en effet d'un cochon d'Inde, comme ses nombreux pseudonymes ne le laissaient pas entendre).

A vrai dire, même si c'est parfois un peu pénible de ne pas pouvoir partir en vacances sur un coup de tête sans s'être assuré que quelqu'un s'occupe bien de votre bestiole, je crois que j'aurais beaucoup de mal à vivre sans la compagnie d'un animal... Par exemple pour le Tas, je trouve ma chambre affreusement vide lorsque je le laisse chez mes parents (et vice-versa je trouve la cuisine parentale affreusement vide quand je l'ai laissé chez moi)... Faut dire que les cochons d'Inde sont des animaux domestiques particulièrement géniaux ! ça a toujours l'air de bonne humeur, c'est gentil comme tout, c'est rigolo, ça demande pas énormément d'entretien non plus, ça pue pas trop, et puis ça communique beaucoup - à grand renfort de "pouic", de petits cris et autres roucoulements (parce que oui, ça fait un genre de ronronnement, les cochons d'Inde... Par exemple, le mien adore les petits bruits métalliques, ce qui le fait ronronner à chaque fois que je secoue mes clés - et qui en fait probablement le seul cobaye à être fan des Velvet Underground : "Sunday Morning" le fait vibrer à tous les coups !). Ce que je trouve énorme, c'est qu'ils ont des têtes super expressives... Enfin bref, je ne vais pas m'étendre plus longtemps sur la génialité de ces animaux sinon j'ai pas fini de niaiser. Tout ça pour dire que j'adore prendre soin d'un petit quelque chose, et surtout d'un petit quelque chose qui paraît bien vivant et énergique - par rapport aux plantes, pour lesquelles je n'ai pas assez de patience... Autant dire que je risque de me sentir bien seule dans ma petite chambre étudiante de l'université de Reading où je passerai une année Erasmus à la rentrée prochaine (parce que oui, je pars en Erasmus à une demi-heure de Londres, haha :D)... ! Je me soupçonne de craquer et de m'y acheter un poisson rouge, d'ailleurs... Bref.

En fait j'adore me sentir responsable du bien-être d'une petite bête et je m'y attache très vite... au risque de prendre les choses très à coeur quand elle tombe malade. En ce moment-même, d'ailleurs, mon pauvre petit tas est en convalescence - et je vous avouerai que je suis très inquiète xD. ll a dû se faire opérer et j'étais bien évidemment dans tous mes états (le pauvre, depuis qu'il est rentré de chez le véto je passe mon temps à l'observer et à le harceler pour être sûre qu'il aille bien... autant vous dire qu'il doit être bien content quand je sors !). Mais un truc que j'adore quand je vais chez le vétérinaire, outre l'odeur si particulière de médicaments et de produits nettoyants - nettement plus apaisante, étrangement, que celle de l'hôpital, selon moi - c'est l'ambiance. J'adore y voir défiler les propriétaires et leurs petits malades.

Il y a bien sûr le fait que beaucoup de gens achètent un animal qui leur ressemble - personnellement, ma part Hobbit (niveau taille, appétit et jovialité) se retrouve admirablement bien dans les cochons d'Inde, ce qui n'est pas un hasard, à mon sens... Mais c'est surtout l'attachement des maîtres, aux petits soins pour leur truc poilu en mauvais état, qui est mis à l'épreuve dans la salle d'attente et je me laisse toujours attendrir par l'application qu'ils mettent à murmurer des petits "chuuuts" et autres mots doux aux futurs patients pour les rassurer - alors même que l'appréhension se lit parfois sur leurs propres visages. Et puis, il y a les caractères des animaux qui s'affirment : les chats qui râlent, enfermés dans leur cage ; les chiens, qui sortent de leur consultation en remuant la queue de soulagement, ne croyant pas à leur bonheur d'être enfin sortis ; et puis les petits rongeurs, tétanisés, qu'on devine à peine à l'intérieur de leur boîte de transport. Mais ce qu'il y a de formidable, dans cet endroit, c'est qu'on se sent soudainement très proche des gens. C'est limite l'endroit où on peut discuter le plus facilement avec un inconnu. Vous pourriez rencontrer un type qui n'a strictement rien à voir avec vous, ne partage aucune de vos convictions, méprise vos opinions et ne comprend rien à votre façon de vivre qu'il vous demanderait quand même : "Qu'est-ce qu'il a, le vôtre ?". Et vous voilà en train de raconter avec force détails comment vous avez remarqué qu'il n'allait pas bien, toutes les questions que vous vous êtes posées à partir de là et tous les malheurs de votre animal depuis ce funeste jour où il n'a pas terminé sa gamelle. Il complimente la gentillesse du vôtre, vous la beauté du sien. Et puis, on parle éventuellement des autres animaux qu'on a à la maison, ou qu'on a eus dans le passé. On évoque les différences entre tel et tel animal, les anecdotes amusantes, les pires bêtises... Au moment de sortir, on fait un sourire en passant devant le propriétaire du prochain patient duquel on gratouille éventuellement la tête (l'animal, hein). S'il n'y a personne avec qui discuter, en attendant son tour, on regarde la liste des "Noms en..." de l'année et on se demande ce qu'on aurait choisi et pour quel genre de bestiole. A côté des bancs, il y a toujours plein de documentations du genre "Les dossiers du bon maître", des posters qui répertorient les différentes races de chiens et chats et tout un tas de mini-médicaments qui évoquent des souvenirs de dînette-parties enragées...

En plus, le personnel est bien souvent épatant. Ils aiment les animaux ; ça se voit et ça se ressent. Non seulement toutes les secrétaires que j'ai rencontrées lors de ces occasions ne manquaient jamais de venir dire bonjour à ma petite boule de poils mais en profitaient aussi pour me parler de leurs animaux respectifs. Même au téléphone, elles sont attendries en prenant des notes pour le docteur : "il s'agit d'un petit... cochon... d'Inde... :)". J'adore les dossiers, les carnets de santé et les fiches d'identité des malades qu'ils prennent grand soin de classer (avec le nom, la date de naissance, tout ça...). Et ils demandent toujours des nouvelles de l'autre bête qu'ils ont soignée l'autre jour. Les vétérinaires aussi sont formidables. Sérieux, fermes et pourtant tout dévoués, probablement très gagas face à leurs animaux respectifs ("il a quel âge ce petit bonhomme ?").

En fait, ce que j'aime tant dans cet endroit, c'est que tout le monde est réuni pour une même raison et dans le même but : l'amour des animaux et le désir de bien faire. On a un peu l'impression que tout le monde retombe en enfance. Un gros costaud peut très bien arriver tout pâlot parce que son hamster s'est foulé une patte et se faire réconforter par une petite mamie qui venait justement faire vacciner son chihuahua. En plus, en matière d'animaux les gens admettent plus volontiers leur ignorance ou leurs erreurs (contrairement à l'éducation qu'ils peuvent donner à leurs enfants) et mettent plus volontiers leur ego de côté de peur que la vie de leur petit protégé ne soit en danger s'ils ne s'en remettent pas rapidement à quelqu'un de plus expérimenté qu'eux... C'est le meilleur de l'être humain qui est en fait mis en avant dans un cabinet vétérinaire : un attachement profond pour un être fragile, dépendant et encore plus éphémère que nous qui révèle une grande sensibilité. Sensibilité qu'on tente bien souvent de cacher du reste des hommes mais qu'on met plus facilement à nu devant un animal...

 

tas

... et en voyant des photos comme celle-là, on comprend mieux pourquoi !

 

Et pour la peine, j'ajoute la chanson préférée du tas (c'est qu'il a bon goût, le bougre !).

"Sunday Morning", The Velvet Underground, The Velvet Underground & Nico.

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28 mai 2011

Chronique : Pulp

Pulp au Bikini le 25 mai 2011

 

pulp005

Lien vers la chronique sur Mygmusique => ici

 

Lorsque le Bikini a annoncé sur sa page facebook une date prévue pour le célèbre groupe emblématique des années 90 le 1e avril 2011, beaucoup ont cru au canular. Et pourtant, c'est bien le groupe au complet qui se présente sur la meilleure scène toulousaine en cette chaude soirée pré-estivale.

Une date unique en France qui fait office de répétition générale pour Jarvis Cocker et sa bande avant qu'ils n'entament leur tournée à Barcelone... Pas de première partie pour Pulp qui n'a plus besoin d'introduction ! La salle n'est pas comble, mais on sent que les gens amassés devant la scène – spacieuse et aérée, taille XXL pour un groupe qui le vaut bien – sont des fans de la première heure qui, pour la plupart, ont écouté les bons mots de Jarvis Cocker pendant leur adolescence. Le leader phénomène saura de toute façon convaincre ceux qui n'étaient pas conquis d'avance : grand dadais, style universitaire British, lunettes carrées, chemise, veste, pantalon et talonnettes, Jarvis n'a rien perdu de son énergie et représente un quasi one-man show à lui tout seul. Les autres membres du groupe, en retrait et efficaces, affichent un sourire bienveillant devant un spectacle auquel ils semblent s'être habitués mais qu'ils continuent d'observer avec amusement. Ils savent Jarvis être le centre de l'attention et semblent l'accepter avec bonne humeur. Il serait de toute façon impossible d'être insensible aux diverses allées et venues du leader sur scène, à ses sauts et à ses déhanchements suggestifs de pantin désarticulé qui, s'ils n'étaient exécutés par Jarvis Cocker, auraient de bonnes chances de paraître totalement ridicules.

Son aisance est remarquable, il rebondit avec spontanéité sur chaque micro-événement (même un portable qui fait résonner un bip-bip caractéristique de l'arrivée d'un message) et glisse des plaisanteries pince sans-rire avec la classe à l'anglo-saxonne qui le caractérise. A en croire ses nombreuses interpellations, le public toulousain semble le mettre particulièrement en confiance ; il semble d'ailleurs en garder un souvenir ému depuis la dernière fois qu'il l'a vu – il y a 17 ans, comme il le précisera d'entrée de jeu : "Vous n'avez pas changé, well done!" et ce, malgré le fait qu'il y ait eu "beaucoup de merde dans le monde entier", constate-t-il, en bon francophile. Pour nous faire honneur, il commandera à plusieurs reprises un verre de vin qu'il finira même par faire circuler dans les premiers rangs, par amour du "partage". Pas de doute, Jarvis sait se faire aimer de son public – il a d'ailleurs commencé le concert par une distribution de mini Mars.

Certes, personne ne se lasse de ce spectacle ambulant, mais c'est évidemment la musique qui rassemble davantage que le personnage : les fans réagissent au quart de tour dès les premières notes des grands hits. "Do you remember the first time?", qui ouvre le set, est une vraie tuerie : les gens sautent d'entrée de jeu et hurlent les paroles avec délices – dès les premières minutes je me retrouve ainsi gracieusement aspergée de bière par mon aimable voisin de derrière, ce qui, je le conçois, se révèle néanmoins être, d'une façon générale, les prémices d'un concert prometteur. Ce seront surtout les classiques His'n'Hers et Different Class qui seront mis à l'honneur ce soir. Suit en effet "Pink Glove", à l'envolée disco jouissive, enchaînée sur la délicieuse "Pencil skirt". "Something Changed" marque une petite pause plus tranquille, histoire de prendre des forces pour "Disco 2000" qui, là aussi, stimule les foules. "This is hardcore", avec son puissant refrain, fait une apparition attendue entre les titres des deux albums phares, ouvrant la voie pour une ambiance plus apaisée avec "Sunrise" pour laquelle Jarvis reprend sa guitare acoustique... avant qu'il ne décide de rompre le calme déjà précaire par des coups sonores donnés sur divers tambours géants – au centre et à la droite de la scène. Bien sûr, c'est l'incontournable "Common People" qui clotûre la première partie.

Car oui, le concert durera en tout près de deux heures et ne présentera que de rares répits. Jarvis paraît infatigable, ce qui obligera un des techniciens du Bikini de courir après lui pendant trois bons quarts d'heure de plus afin d'empêcher que le fil de son micro ne se coince quelque part. Même le public semble plus fatigué que le chanteur, qui, pourtant, ne cesse de parcourir les devants de la scène et va jusqu'à grimper sur des amplis pour atteindre un clavier placé en hauteur sur la droite. Pour notre défense, il faut dire que la seconde partie du concert se révèlera nettement plus électro et planante – ce qui permettra à Jarvis d'expérimenter de nouvelles chorégraphies approximatives – mais peut-être moins excitante que la première pour le public, même si on retrouve quelques perles telles que "Acrylic Afternoons" ou "Mis-shapes", qui fera office de superbe final.

Bilan du concert ? Un spectacle saisissant d'un artiste charismatique en grande forme, proche de son public, dont les textes sensibles et pertinents peuvent être appréciés à leur juste valeur à travers une musique transmise par des musiciens de talent et empreinte d'une bonne énergie disco électro pop, qui n'est pas sans raviver une certaine nostalgie des 90's. Vous l'aurez compris, donc : la nouvelle tournée de Pulp est une occasion à ne pas rater !

 

"Babies", Pulp, His'n'Hers

(avec un bel exemple de choré Cockerienne :D)

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"Something Changed", Pulp, Different Class

(Une de mes préférées :D)

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"Common People", Pulp, Different Class.

(j'adore son air gentiment illuminé dans ce clip xD)

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"This is Hardcore", Pulp, This is Hardcore

(beaucoup plus sombre et d'autant plus poignante)

 

Et la setlist ici !

22 mai 2011

"L'homme qui voulait être heureux", Laurent Gounelle.

Il y a quelques temps, ma cousine m'a envoyé un colis, accompagné d'une lettre qu'elle avait commencée à écrire en décembre (une des nombreuses raisons qui font que je l'aime, à vrai dire :D). Pour en rajouter niveau absurdité cousinale, je vous préciserai que c'était son anniversaire genre cinq jours plus tard. Normal donc que ce soit elle qui m'envoie un colis (de Noël).

Toujours est-il que, dans le colis, se trouvait un sympathique bouquin : L'Homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle, un genre de Mange, Prie, Aime à la française où le héros, un occidental basique et peu sûr de lui, profite de ses vacances à Bali pour rendre visite à un guérisseur réputé très sage. Celui-ci lui apprend alors qu'il est en pleine forme... mais que niveau bonheur, il n'y connaît que pouic. L'occasion d'apprendre sur lui-même et de décoder le monde d'une nouvelle façon, en bref, l'occasion un nouveau départ...

Pour être honnête, le roman en lui-même n'est qu'un prétexte pour diffuser des idées philosophico-psychologiques rafraîchissantes et porteuses d'espoir ; il paraît en fait davantage comme un mini-traité idéologique particulièrement digeste car présenté sous forme de roman court très facile à lire et exotique (parce que Bali, quand même, comme décor, c'est pas mal, dans le genre). Niveau plume, on peut juste regretter un héros très fade - qui a manifestement l'habitude de partir en vacances tout seul mais qui n'en avait jamais profité pour réfléchir sur la vie par lui-même, ce que je trouve quand même assez impensable... - plus un symbolisme gros comme une maison sur la fin... M'enfin, c'est vieux comme le monde les trucs genre "ascension de la montagne", et au moins, ça parle... ! L'important reste les concepts proposés à travers les dialogues entre le sage et le petit scarabée...

Ci-dessous, un passage sur l'argent que j'ai trouvé particulièrement intéressant et original.

 

9782266186674

 

"Parlez-moi maintenant de cette autre partie de vous qui rejette cette idée.

- Je crois que l'argent en soi me répugne un peu. j'ai parfois l'impression qu'il n'y a plus que ça qui compte en ce bas monde, que l'argent devient le centre des préoccupations des gens.

- On assiste à une certaine dérive, en effet, et c'est dommage parce que l'argent est pourtant une belle invention.

- Pourquoi dites-vous cela ?

- On oublie souvent qu'à l'origine l'argent n'est rien d'autre qu'un moyen pour faciliter les échanges entre les êtres humains : échanges de biens, mais aussi échanges de compétences, de services, de conseils. Avant l'argent, il y avait le troc. Celui qui avait besoin de quelque chose était dans l'obligation de trouver quelqu'un qui soit intéressé par ce qu'il avait à offrir en échange. Pas facile... Tandis que la création de l'argent a permis d'évaluer chaque bien, chaque service, et l'argent collecté par celui qui les a cédés lui offre ensuite la possibilité d'acquérir librement d'autres biens et services. Il n'y a aucun mal à cela. D'une certaine manière, on pourrait même dire que plus l'argent circule, plus il y a d'échanges entre les êtres humains, et mieux c'est...

- Vu comme ça, c'est fabuleux !

- C'est comme ça que cela devrait être. Mettre à la disposition des autres ce que l'on est capable de faire, le fruit de son travail, de ses compétences, et obtenir en échange de quoi acquérir ce que d'autres savent faire et pas soi. L'argent n'est d'ailleurs pas quelque chose que l'on devrait accumuler, mais que l'on devrait utiliser. Si l'on partait tous de ce principe, le chômage n'existerait pas, car il n'y a pas de limites aux services que les êtres humains peuvent se rendre mutuellement. Il suffirait de favoriser la créativité des gens et de les encourager à mettre en oeuvre leurs projets.

- Mais alors, pourquoi l'argent devient-il quelque chose de sale, de nos jours ?

- Pour le comprendre, il faut d'abord saisir l'importance de deux éléments : comment on gagne de l'argent, et comment on le dépense. L'argent est sain s'il provient de la mise en oeuvre de nos compétences, en donnant le meilleur de nous-mêmes. Il procure alors une réelle satisfaction à celui qui le gagne. Mais s'il est obtenu en abusant les autres, par exemple ses clients ou ses collaborateurs, alors cela génère ce que l'on pourrait appeler symboliquement une énergie négative - les chamans l'appellent la "Hùcha" - et cette Hùcha tire tout le monde vers le bas, pollue les esprits et, au final, rend malheureux le spolié comme le spoliateur. Ce dernier peut éprouver le sentiment d'avoir gagné quelque chose, mais il accumule en lui cette Hùcha qui l'empêchera de plus en plus d'être heureux. Cela se lit sur le visage quand on vieillit, et ce, quelque soit la richesse accumulée... Tandis que celui qui gagne de l'argent en donnant le meilleur de lui-même et en respectant les autres peut s'enrichir en s'épanouissant. [...] Si l'on utilise l'argent gagné pour donner à d'autres la possibilité d'exprimer leurs talents, leurs compétences, en faisant appel à leurs services, alors l'argent produit une énergie positive. A l'inverse, si l'on se contente d'accumuler des biens matériels, alors la vie se vide de son sens. On se dessèche petit à petit. Regardez autour de vous : les personnes qui ont passé leur vie à accumuler sans rien donner sont déconnectées des autres. Elles ne sont plus capables de s'intéresser sincèrement à une personne, ni d'aimer. Et, croyez-moi, quand on en arrive là, on n'est pas heureux !"

Des idées qui ont de quoi recadrer un peu l'économie telle qu'on la connaît actuellement, peut-être ?

21 mai 2011

Le monsieur de l'entretien de la station de métro.

De l'intérêt de regarder autour de soi.

 

Un truc qui me met super mal à l'aise, c'est de salir quelque chose qui vient juste d'être nettoyé. Exemple pratique, dans le métro : quand je vois "le/la technicien/nne de surface" - comme on dit, dans le langage absurdo-administratif - qui s'escrime à pousser sa machine dans tous les coins depuis je ne sais combien de temps, et puis moi, qui débarque comme une fleur et viens joyeusement saccager son heure de travail en dix secondes en laissant des traces de mes charmants petons sur le sol encore humide, j'aurais envie de disparaître pour passer inaperçu tellement j'ai honte. "Vous comprenez, j'ai envie de me justifier face à la personne concernée, il est tout à fait indispensable que je prenne le métro, parce que pendant que vous, vous restez là à vous épanouir dans un job fleurissant consistant à nettoyer derrière des inconnus qui ne vous jettent même pas un regard jusqu'à une heure tardive pour un salaire sûrement très gratifiant, moi, j'ai rendez-vous avec des amis dans un pub... Chacun ses préoccupations, que voulez-vous !" ... Ouais, bon, je sais que j'ai tendance à overculpabiliser mais quand même... Déjà que leur boulot est très probablement chiant et fatigant, voir en plus défiler des cons avec le nez vissé sur leur ipod qui marchent sur la zone où on a passé un quart d'heure et qui considèrent que c'est tout à fait normal parce que, après tout, vous êtes payés pour faire ce boulot et que vous êtes déjà bien chanceux d'avoir trouvé un job, (vous allez quand même pas demander le respect humain en prime, non ?), ça a des chances d'être un peu lassant...

Bref, tout ça pour dire que je suis toujours super gênée dans ce genre de situations et que je peux pas m'empêcher de marmonner un "pardon" en passant - même si, pour être honnête, des fois, les agents en question s'en fichent complètement... J'ai quand même une affection particulière pour le monsieur de l'entretien de la station de métro de Patte d'Oie. Faut dire que je l'y ai croisé de nombreuses fois. C'est un homme de petite taille, plutôt maigrichon, avec de gros yeux nerveux, un teint grisâtre et des cheveux très courts. Et quand je passe près de lui, des fois j'ai l'impression qu'il a la haine. La haine pour tous ces gens qui passent devant lui sans un merci, qui le considèrent comme faisant partie intégrante du décor et qui ne lui prêtent aucune attention parce que, après tout, qu'est-ce-que peut bien avoir d'intéressant à raconter un homme qui passe sa soirée à faire le ménage dans une salle carrée au gris savamment mis en valeur par une lumière blafarde ? Mais évidemment, ce serait difficile de faire remarquer qu'on est là, qu'on existe, et qu'on mériterait peut-être ne serait-ce qu'un coup d'oeil... Le contrat de travail pour être "technicien de surface" doit comprendre une clause de discrétion sous-entendue - parce que, après tout, même si l'expérience est obligatoire pour obtenir le poste, on se doute qu'on est facilement remplaçable ; donc, par temps de crise, mieux vaut fermer sa gueule... (Vous remarquerez au passage le terme employé, "technicien de surface", sensé réhausser un statut supposé dévalorisant à la base, et peut-être ainsi sensé vous doter d'un respect sur papier - à défaut d'un respect réel. Mieux que rien, vous me direz.)

Tout ça pour dire que j'ai pris l'habitude de saluer mon petit monsieur de l'entretien à chaque fois que je passe à côté de lui et que je croise son regard - lui, contrairement à d'autres (et je ne parle pas seulement des agents d'entretien), lève toujours la tête pour regarder la personne à côté de lui. Je me suis vite rendue compte que mon attitude lui faisait plaisir et qu'à chaque fois qu'il me voyait arriver, il s'attendait à ce que je lui dise bonjour - ce que je ne manquais pas de faire, profitant de l'occasion de faire un don aussi simple. Au fur et à mesure, c'est devenu de plus en plus naturel, de sorte que maintenant, on est super contents de se voir. En dehors de la taille gabarit Hobbit, je ne suis pas sûre qu'on partage grand-chose (et encore, qu'est-ce que j'en sais ?) : lui, en train de pousser sa machine dans son uniforme bleu-gris tristounet, et moi, la plupart du temps en jupette et t-shirt colorés, les écouteurs dans les oreilles. En tout cas, j'aime beaucoup notre disparité d'apparence totale qui n'empêche pourtant pas cette communion d'un instant, consistant à se sourire mutuellement. L'autre soir, j'ai eu l'impression que ça faisait vraiment longtemps que je ne l'avais pas vu, de sorte que j'ai presque eu l'impression de croiser un vieil ami - un peu plus je lui aurais demandé des nouvelles, oubliant sur le coup que je ne savais et n'avais jamais rien su du bonhomme ("Elle va bien ta femme ? ... heu, enfin j'veux dire... t'es marié au moins ?").

Je me souviens qu'une fois, alors qu'il nettoyait le quai même où j'attendais, il avait été obligé de contourner une fille pour pouvoir continuer à faire son travail. Les moments d'inattention ça arrive, mais vous n'allez pas me faire croire qu'on peut être à ce point absorbé par son téléphone qu'on ne capte même pas la présence d'une personne à trois centimètres de vous, qui attend que vous daigniez bouger, surtout quand la personne en question est assortie d'une machine grise, volumineuse et ronronnante... Il n'a pas osé interpeler la fille pour lui demander de bouger. Par contre, il m'a regardée comme s'il cherchait un témoin. Il n'y avait pas de méchanceté dans ses yeux, ni de colère, simplement de la résignation et, quelque part, un certain "plaisir" à voir que j'avais été là pour voir ça. Un peu comme s'il me disait : "Tu as vu ? J'ai droit à ça tous les soirs..." Peut-être que c'est moi qui m'imagine des trucs, mais dans tous les cas, ça m'a choquée, cette indifférence totale à son égard...

Une autre fois, je me sentais assez déprimée - et, quand je suis dans cet état-là, j'écraserais un insecte sans faire exprès, j'en pleurerais (tristement véridique) -, je me souviens l'avoir croisé une station de métro plus loin, en pleine journée, habillé en "civil". Il ne m'a pas vue - il avait les yeux baissés, pour une fois, et l'air plutôt préoccupé. Je me suis demandée combien de personnes auraient été capables de l'identifier comme celui qui passait toutes ses soirées à nettoyer leur station de métro, et combien de personnes se seraient au moins dit que son visage leur rappelait quelque chose... Ou bien s'il restait tout bonnement invisible à la plupart des gens, comme il semblait lui-même le penser. J'ai trouvé ça triste.

17 mai 2011

"Narcisse 2.0" - Facebook m'a tuer.

Un mini-extrait de l'édifiant livre dédié à la génération Y (dit des "whyers"), Facebook m'a tuer par Alexandre des Isnards et Thomas Zuber. J'ai particulièrement apprécié le chapitre intitulé "Narcisse 2.0" : il s'appuie sur l'exemple de Laëtitia qui soumet toutes ses actions (même les plus banales) par statuts facebook à son "public" amical plusieurs fois par jour...

L'introduction donne ça :

Tranquille avec son miroir tel le schtroumpf coquet à rajuster sa fleur sur le bonnet, Narcisse était autonome. Peinard, il avait sa source d'eau claire où il s'admirait jusqu'à tomber amoureux de son image puis dépérissait d'amour de lui-même pour laisser place à une fleur. Un narcisse.

L'eau claire de Narcisse 2.0, c'est les autres. Qui m'aime me suive ! Notre quotidien, nos images, nos humeurs doivent être validés par nos amis.

ça rappelle des choses à tout le monde, non ? ^^

Facebook_m_a_tuer1

 

Recueil d'anecdotes, dans lesquelles on se reconnaît (parfois !), à la fois drôles et vaguement flippantes sur "la nouvelle norme sociale", la génération des "transparents", la (non) vie privée, l'estime de soi, etc... De quoi faire réfléchir sur notre utilisation actuelle des nouvelles technologies et l'impact que celles-ci ont sur nos relations avec les autres et sur sa propre construction de soi. Facebook m'a souvent réservé de très bonnes surprises et de bons fou-rires... d'autres fois, je le vois comme un outil perturbant, presque écoeurant, synonyme de "t'as rien de mieux à foutre ?!" (oui je sais c'est fort xD). A utiliser avec modération, pourrions-nous dire... !

De quoi réfléchir aussi sur sa propre originalité pré-supposée ; quand on lit des commentaires (des "vrais", tirés de Twitter ou Facebook) qu'on aurait aussi bien pu écrire nous-mêmes tout en croyant être quelqu'un de super drôle et d'intéressant...

A lire et à méditer, donc !

(D'autres extraits du livre sont dispos (ainsi que plein d'articles intéressants sur le sujet) sur Facebook m'a tuer.)

 

 

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15 mai 2011

Le "butterfly buddhist effect"

 Petit passage sympathique tiré d'un de mes (nombreux) bouquins sur le bouddhisme - ou d'une parmi les innombrables bonnes raisons de s'imprégner d'une philosophie bienveillante et pleine de bon sens :

 

 

"Si je cède ma place assise à une personne âgée dans le métro, je me sentirai tout de suite mieux et serai reconnaissant envers cette dame qui m'a donné l'occasion de me rendre utile. Mon geste aura donc modifié mon état d'esprit mais également le sien : elle aura des sentiments positifs envers moi (« comme cette personne est aimable ! ») mais aussi envers elle (« quelqu'un s'intéresse à moi ») et l'humanité en général (« après tout, les gens ne sont pas si égoïstes que ça »).

Ce minuscule épisode est un exemple entre mille. Il sera vite oublié mais ne disparaîtra pas sans laisser de traces : comme tous nos actes, il produira ce que le bouddhisme appelle une empreinte karmique. Rentrant chez elle de meilleure humeur, la dame sera plus encline à se rendre agréable aux autres ; sa façon d'être avec ses voisins ou ses proches produira à son tour des effets positifs, et ainsi de suite. Chacune de nos pensées, chacun de nos actes bénéfiques sont des petites graines destinées à germer, à pousser et à se multiplier, souvent bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer."

 

Bouddhisme au quotidien, Nathalie Chassériau.

 

Bouddhisme_au_quotidien

 

Je vous dirais quand même, par acquit de conscience, que ce bouquin est loin d'être le meilleur que j'ai lu sur le sujet, même s'il a le mérite de s'appuyer sur des exemples concrets tirés de la vie telle que la connaît M. Tout-le-Monde - d'où le titre, et c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai voulu le lire (parce qu'ils sont bien gentils les bouddhistes avec leurs belles formules poético-émouvantes mais des fois, on se demande vraiment si c'est pas complètement à côté de la plaque commes concepts, vu dans quel monde on vit - et je suis finalement intimement persuadée que non, c'est loin d'être incompatible !).

En fait, si je trouve le bouquin moyen, c'est parce que l'auteur ne possède que partiellement le style exalté, serein et apaisant qui transmet tous les bienfaits de la pensée bouddhiste et qu'on trouve dans les écrits de Matthieu Ricard, par exemple (soit dit en passant, Matthieu Ricard est d'une génialité difficilement égalable de toute façon !). Elle va parfois carrément jusqu'à laisser transparaître ses critiques sur le mode de vie à l'occidentale qu'elle semble franchement désapprouver, de sorte que certains passages sont assez injustement culpabilisants et ne me paraissent de ce fait, pas franchement bouddhiques... Faut dire que l'auteure est franco-italienne, d'où peut-être un ton méditerrannéen perçu comme catégorique pour ceux qui sont un peu trop habitués aux jolis euphémismes bien politiquement corrects à la française... Mieux vaut donc avoir déjà eu un aperçu du bouddhisme pour se plonger dans ce bouquin (à la présentation super soignée et colorée, le papier est limite glacée c'est trop jouissif !), histoire de pouvoir prendre un peu de recul.

 

 

6 mai 2011

Ce que j'ai bien envie de voir dans "The Company men"

Je suis de retour en mode "je-me-la-joue-critique-cinéma-alors-que-j'y-connais-pas-grand-chose-en-fait" et j'ai bien envie de vous parler de The Company Men, que je viens d'aller voir après moultes hésitations quant au choix du film pour ma séance de ciné en solo que je convoitais depuis des semaines... Vous remarquerez au passage mon admirable habileté à disséminer des informations tout bonnement CAPITALES sur ma vie, parce que, bien entendu, vous êtes on ne peut plus curieux de tout savoir de ma palpitante existence en plus d'avoir ma pertinente opinion sur à peu près tout ce qui peut bien me passer par la tête... Que voulez-vous, c'est le XXIe siècle, c'est la révolution du net et on aime bien parler de liberté d'expression dans ces cas-là - même si, il faut en convenir, faire un blog sur son chat est une forme d'expression libre dont pourrait peut-être se passer le reste du monde... Tout ça pour dire que c'est mon blog et que je suis donc libre de parler de ce que je veux, voilà. DONC (oui parce qu'il y a une finalité logique à cette vaste parenthèse, je vous l'assure !), je vais vous dire ce que j'ai vu dans ce film...

 

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The Company Men, par John Wells, raconte l'histoire de trois hommes qui, pour cause de "réduction d'effectif", se font renvoyer de la boîte à laquelle ils ont consacré leur vie ou du moins une grande partie de leur vie. Le personnage central, joué par Ben Affleck, répond au nom de Robert dit Bobby Walker (joli nom qui renvoie bien au mythe pionner américain n'est-ce pas ? (mais non, je ne pars pas en vrille !)), au costume toujours impeccable, à la maison de banlieue luxueuse, à la petite famille parfaite, à la Porsche beige étincelante (je sais que c'est une Porsche parce qu'ils le disent dans le film hein, je précise...) et au swing de golf redoutable se retrouve alors à enchaîner les faux espoirs pour des jobs nettement moins rutilants que son précédent emploi. Une sacrée prise de recul par rapport à son image soigneusement entretenue de "gagnant" - celle qu'on vante tant dans les exemples du "self-made man" - ce qui le conduit à apprendre une toute petite leçon d'humilité, mine de rien... Chacun tire d'ailleurs sa propre leçon de ce triste tournant : Gene McClary (Tommy Lee Jones), ex co-fondateur de la boîte, décide de redonner vie aux valeurs qui lui sont chères et qu'il essayait vainement de défendre pendant les réunions des traditionnels requins de la finance (des types grisonnants aux yeux froids peu sympathiques - étonnant, hein ?). Quant à Phil Woodward (Chris Cooper), il est brisé de voir avec quelle gratitude on traite la fidélité des ouvriers de la première heure.

 

Les interprétations, c'est toujours subjectif, donc pour être honnête, je vous dirais que le dernier bouquin que j'ai lu s'appelle "Qu'ils s'en aillent tous !", qu'Indignez-vous ! squatte mon bureau depuis que je l'ai terminé, que j'ai surligné la quasi-totalité d'un dossier sur les anti-systèmes dans un magazine et que la première page d'une revue qui traîne près de mon lit clame tranquillement qu'il faut sortir de l'impasse capitaliste... en bref, c'est un peu normal que je sois un tout p'tit peu conditionnée... Ceci dit, ça me paraît cohérent, donc je me lance : ce film montre l'agonie du système capitaliste à travers une entreprise type, en soulignant ses excès, son indifférence, sa vacuité, son oubli de ce qu'il y a de meilleur en l'homme, c'est-à-dire l'humanité. (vous avez vu ? en gras, ça fait tout de suite plus dramatique :D)

Le rêve américain s'est pris un revers : le tableau parfait de la petite vie tranquille en banlieue s'effrite pour révéler une opulence écrasante et égoïste. Les maisons dégoulinent de meubles inutilement chers et sophistiqués, on a de l'espace, du temps libre et de l'argent à ne plus savoir quoi en faire... L'incarne superbement la (pauvre) femme de Gene, qui n'entretient strictement aucun dialogue avec son mari : alors que celui-ci s'inquiète de l'avenir de ses anciens employés (que le "bad guy" a virés dans son dos), elle se demande s'il ne pourrait pas lui avoir un jet pour leur prochain week-end... Pas étonnant que Gene aille voir ailleurs. Bien sûr, on a un peu de peine pour elle, la pauvre, elle n'est pas méchante en soi, simplement d'une cécité affligeante... Mais au bout d'un moment, cet aveuglement, ce refus de voir la réalité en face (qui veut que, selon la logique capitaliste, plus les uns s'enrichissent, plus les pauvres s'appauvrissent) devient un crime, surtout dans un monde où tout le monde préfère jouer à l'autruche et/ou se plier à la main écrasante et invisible du "marché" plutôt que d'assumer les conséquences de ses actes... Comme le tendrait alors à prouver les funambules en costard sur l'affiche du film, le capitalisme serait en train de lutter pour un équilibre instable qui ne manquera néanmoins pas de s'écrouler de par sa propre absurdité : on en oublie en effet que c'est l'homme qui a créé l'économie pour servir ses besoins et non pas l'inverse - ce qui pourrait impliquer une adaptation nécessaire de celui-ci à celle-ci et qui "justifierait" toutes les aberrations et injustices du monde actuel... La preuve que ce règne du fric ne tardera pas à s'écrouler : même la cadre carriériste à l'origine des plans de licenciements renoue avec les vieilles valeurs (c'est en effet elle l'amante de Gene) et montre des sentiments réels qui la rendent de plus en plus sympathique à mesure que le film progresse.

On en vient alors à se poser quelques questions qui ne sont pas dénuées d'intérêt : ce rêve de la grande maison de banlieue remplie d'objets inutiles comble-t-elle cependant le vide créé par l'absence d'un père qui passe sa vie au bureau ? Les études interminables et hors de prix (qui mènent au bout du compte à accepter un boulot de charpentier pour lequel on vous a pistonné et pour lequel vous ne possédez strictement aucune connaissance histoire d'échapper temporairement au chômage) nous apprendraient-elles au final à mettre de côté nos valeurs pour se plier à des exigences de rendement absurdes et cruelles ? Comment a-t-on pu partir d'une entreprise de chantiers navals, qui construisait, grâce à la sueur des ouvriers, une preuve matérielle de son utilité jour après jour, pour en arriver à des gratte-ciels maniant des graphiques de valeurs virtuelles qui déterminent la vie de millions d'hommes ? Et l'identité d'un homme se réduirait-elle à sa fonction sociale, au point de ne plus voir d'autre issue que le point final après un licenciement ? Autant de questions qui semblent révéler l'effondrement d'un système, économique et de pensée, ainsi que la nécessité urgente d'un nouveau souffle qui nous ramènerait un peu plus près du sol (via des valeurs plus traditionnelles comme l'artisanat, peut-être ?)...

Le film est selon moi réussi dans le sens où il trouve le juste milieu : pas de mélodrame, ni de jugement hypercritique, une simple constatation qui s'appuie sur l'humanité, délivre un message mi-figue mi-raisin en ouvrant une porte marquée "Serait-il possible que... ?" et qui se termine sur un joli symbolisme (quoique gros comme une maison) : celui d'un bâteau tracté par un autre qui se dirige vers un ailleurs (l'Ouest...) meilleur sur fond de soleil couchant...

 

 

24 avril 2011

Propagande anti-tabac

En ce moment, je m'envoie en boucle l'album de San Severino Les Sénégalaises (un jazz manouche énergique et rigolo qui met de bonne humeur). Ma chanson préférée - avec "A l'enterrement de ma grand-mère" (étonnamment drôle... si si, je vous assure xD) et "André II" (avec le sympathique refrain qui scande "Aaaaarêtez de faire des manteaux avec la peau des animaux ! ♪") - s'appelle "La Cigarette". ça m'a rappelé que ma soeur, au moment où elle avait découvert San Severino, avait suggéré à mon pneumologue de paternel de passer cette chanson en boucle dans son service... ce qui n'est pas une mauvaise idée !

 

Du coup, comme

la cigarette, c'est MAL !

mais que vous le savez déjà et que j'ai pas envie de faire un discours moralisateur qui ennuierait tout le monde - moi la première - et puis qu'après tout, s'empoisonne bêtement qui veut, j'ai décidé de me contenter de faire une petite compilation humoristique qui traite du tabac (et qui sera nettement mieux que tout ce que je pourrais bien blablater dessus !)...

 

"La Cigarette", San Severino.

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"Je suis une cigarette", -M-.

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"La Cigarette", extrait du spectacle La Vie normale de Gad Elmaleh (2001).

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L'hilarant article "Drague Douce", tirée du blog de Pierrot : à lire en entier sur yap-yap-yap-yap.blogspot.com

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"Money, Mobile & Cigarette", Louw K. Photography.

 

(et donc si vous cherchez le nom d'un bon pneumologue, n'hésitez pas... :D)

19 avril 2011

Six Feet Under (+ The Maccabees !)

 

« Time doesn't tell the truth about our souls. Only Love.

We're all children when we truly love. »


Six Feet Under, Saison 3, Tears, bones and desire (épisode 8)

 

 

Plus une chanson que je me suis envoyée en boucle pendant tout l'après-midi et que je trouve triplement adaptée ici ; d'une parce que c'est tout doux tout mignon et faussement naïf comme un amour d'enfant ; de deux parce que le groupe s'appelle The Maccabees et que ça pourrait faire penser aux "macchabées", ce qui, dans le contexte d'une série qui se déroule dans des pompes funèbres, tombe plutôt à pic ; de trois, je sais, la réflexion qui précède n'est pas de très bon goût mais la génialité de la chanson ET du clip compensera cela sans problème :)

 

"Toothpaste Kisses", The Maccabees, Colour in It.

 

19 avril 2011

Chronique : Ghinzu + My Little Cheap Dictaphone

Ghinzu (+ My Little Cheap Dictaphone + The Rusty Bells) au Bikini le 13 avril 2011


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Lien vers la chronique sur Mygmusique -> ici

 

Pour une première édition, le Festival Electric Artyland démarre fort ! Une belle programmation placée sous le signe du rock belge avec une date spéciale (hors tournée) de Ghinzu au Bikini pour sa semaine d'ouverture.

C'est le groupe toulousain The Rusty Bells qui ouvre le show. Les membres du trio se présentent en habitués sur la meilleure scène de Toulouse et investissent les lieux avec détermination – en témoigne le T-shirt de la bassiste proclamant « We want your mind ». Il faut dire que le public semble être composé de connaissances et/ou connaisseurs, d'où une ambiance sympathique, ponctuée de diverses interpellations amicales entre deux titres garage rock. On appréciera la présence inattendue d'un harmonica (sur « My Steel Brother ») parmi les accompagnements plus psyché au clavier. Le groupe reviendra d'ailleurs pour un rappel réclamé de « Stalker guy ».

La salle est déjà nettement plus remplie lorsque c'est au tour de My Little Cheap Dictaphone (dit MLCD) d'entrer en scène. Le groupe constitue d'une part un très bon prélude à Ghinzu – on retrouve le même genre d'accompagnement piano, la même ambiance planante et électrique... – ; de plus, le quatuor liégeois rentrait parfaitement dans la thématique du festival, qui est de traiter les relations entre le rock et d'autres formes d'expressions artistiques, l'audiovisuel en l'occurrence. On diffuse en effet derrière le groupe un vidéo clip pour illustrer chaque chanson, le tout formant une sorte d'opéra rock qui raconte la montée en gloire d'un musicien génial mais torturé (apparemment inspiré de la vie du Beach Boy Brian Wilson) suivie de sa descente aux enfers. La mise en scène est ainsi soigneusement étudiée : non seulement les cinq musiciens sont habillés dans le même style 50's (même le micro rappelle les 30 glorieuses !) que les personnages de leurs clips (costard noir et blanc, chaussures vernies, et un chapeau en ce qui concerne le charismatique et touchant leader Redboy) mais en plus leurs silhouettes se détachent sur l'écran de projection pour un superbe effet de mise en abyme.

L'atmosphère est posée dès les premières (très bonnes) chansons « Piano Waltz » et « He's not there ». La setlist n'est pas une surprise pour les initiés puisque l'intégralité du dernier album, The Tragic Tale of a Genius, sera jouée ce soir – pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles. La plus connue, « What are you waiting for? » et son clip percutant en ombres chinoises achève d'échauffer ceux qui sont les plus lents à se plonger dans l'ambiance si particulière du monde onirico-psychédélique de MLCD. D'abord assez sages, les membres du groupe, portés par un public plus que réceptif, finissent par se laisser gagner par la force de leur récit et de leurs envolées musicales, de sorte que Redboy ira jusqu'à s'asseoir au bord de la scène, avant de traverser carrément la foule en son milieu sur la chanson titre – dont l'ambiance cabaret fou, bien qu'inquiétante, n'en est pas moins irrésistible. On note toutefois quelques pauses plus calmes qui mettent en valeur les parties au violon (« My Holy Grail » notamment). Aucun doute, à la fin de leur set, My Little Cheap Dictaphone en ont conquis plus d'un !

On n'oublie toutefois pas qu'il s'agit principalement de fans de Ghinzu qui se sont assemblés là, et malgré la très bonne prestance de MLCD, l'impatience commence à se faire sentir. Les sifflets enjoués se calment très vite pour que l'intro électro de « Mother Allegra » puisse prendre toute son ampleur. Le groupe enchaîne sans tarder sur un bon choix de chansons du dernier album : « Mirror Mirror » fait très vite monter l'ambiance et fait se déchaîner toute la fosse, qui n'attendait qu'un signal du brûlant leader John Stargasm pour se démener. Il suffit de « Dream Maker », puis de l'envoûtante et cynique « Cold Love » pour qu'on ait déjà l'impression d'en être au rappel tant tout le monde semble être pris d'une véritable frénésie – certains, dans l'enthousiasme, se risqueront même à un dangereux slam. Après « Take it Easy », plus pop, on assiste à un brusque retour en arrière pour le moins inattendu avec « Dragon », issue du premier album, très peu exploité en live, et dont les puissants riffs de basse et le chant style rap produisent un effet ravageur sur le public, qui ondule au rythme saccadé de la chanson, encouragé par les grimaces expressives du bassiste Mika Nagazaki. Enfin une pause bien méritée (mais de courte durée !) avec la première chanson tirée de Blow, la très attendue « Dragster-wave », qui porte bien son nom puisque, débutant calmement avec des paroles murmurées sur des arpèges au piano, elle finit par happer le fan dans une vague délicieuse qui monte crescendo jusqu'à l'explosion finale. Pas de pitié pour le public, à qui l'on a déjà (inutilement) ordonné de sauter à plusieurs reprises – Stargasm ne se privant pas lui-même de grimper sur son clavier ou de se déhancher de façon très personnelle – puisqu'on ne tarde pas à enchaîner sur le tube « Do you read me? », nécessitant une bonne réserve d'énergie. En bonus dans la setlist : « Chocolate » un titre ne figurant sur aucun album (en revanche utilisée pour une pub Eastpak) et qui, en live, produit un effet étrange vous forçant à répéter avec une exaltation incompréhensible des paroles absurdes – quoique suggestives. D'ailleurs, il faillit ne pas être joué puisque Stargasm se demandera pendant un instant s'il n'a pas « cassé l'piano », piano qu'il troque pour se coller à la basse sur la chanson suivante (« Mine »).

En rappel, la traditionnelle « Blow » qui joue bien son rôle de crescendo final dévastateur avant de laisser la transcendante « Kill the Surfer » achever tout le monde. C'est une véritable folie sur scène : John reçoit un drapeau de la Belgique qu'il arbore tant bien que mal à la César ; Mika frôle la crampe à la mâchoire tant il grimace depuis son clavier ; quant à Greg, le guitariste très perché (déjà désigné comme adepte des « trucs bizarres » sur les albums), au look très space (il arbore en effet un ensemble caleçon long et T-shirt moulants vaguement satinés, tachés de rose et bleu façon 70's), il est carrément par terre et se retrouve emmêlé dans les fils du micro de Stargasm qui s'amuse à l'enjamber – je ne parle même pas de l'état du public, les mouvements de foule étant à leur comble depuis la troisième chanson. La sortie du dit Greg clôturera d'ailleurs magistralement le concert puisqu'il prendra soin de mettre tous les boutons de volume à fond avant de quitter la scène en « battant des ailes »... En guise de conclusion, je ferais tout aussi bien de reprendre les mots de Stargasm lui-même : « Tout est bon dans cette soirée. »

 

Vous l'aurez peut-être compris, c'est pour ce festival (Electric Artyland) que je suis bénévole... ^^

(mais non je ne fais pas la pub en passant, voyons)

 

"Stalker Guy", The Rusty Bells.

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"What are you waiting for?", My Little Cheap Dictaphone, The Tragic Tale of a Genius.

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"He's not there", My Little Cheap Dictaphone, The Tragic Tale of a Genius.

(Live au Bikini ! Comme ça on voit un peu mieux de quoi je parle ^^)

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"Do You Read Me?", Ghinzu, Blow.

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"Cold Love", Ghinzu, Mirror Mirror.

Clip très "hasardeux", comme dirait le Cube. Entre le très dérangeant et l'hilarant xD.

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"Chocolate", Zed & the Party Belt.

(ça doit être un p'tit jeu de la part de John Stargasm de ne pas signer ça sous le nom de Ghinzu, puisqu'il est aussi publicitaire, si j'ai bien compris... !)

(roh et puis ce clip, plus auto-dérisoire, tu meurs... (enfin, du moins j'espère que c'est de l'auto-dérision xD))

 

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